C’est un mariage qui suscite de nombreuses craintes auprès des salariés français. Les deux groupes industriels Alstom et Siemens ont annoncé, mardi 26 septembre, la fusion de leurs activités d’équipementier ferroviaire, à l’issue du conseil d’administration du constructeur français et du conseil de surveillance du conglomérat allemand. Les constructeurs ferroviaires ont déclaré dans un communiqué commun la « signature d’un protocole d’accord qui garantit l’exclusivité de rapprocher</a> leurs activités de mobilité dans une fusion entre égaux ».
Siemens détiendra 50 % du capital du nouvel ensemble constitué de l’actuel Alstom et des activités matériel roulant, signalisation et systèmes ferroviaires de Siemens. Le siège de Siemens-Alstom (15 milliards d’euros de chiffre d’affaires, plus de 1 milliard de résultats d’exploitation) sera fixé à Saint-Ouen, en région parisien. Et l’actuel PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, en prendra la direction opérationnelle.
L’Etat français, qui siège actuellement au conseil d’administration d’Alstom via des actions prêtées par Bouygues, « confirme mettre</a> fin au prêt de titres (…) au plus tard le 17 octobre 2017 et qu’il n’exercera pas les options d’achat données par Bouygues », précise encore ce communiqué.
La perspective de la perte du contrôle d’un fleuron de l’industrie française, qui passerait sous pavillon allemand, suscite des craintes pour l’emploi, relayées par des élus et des syndicats. « Dans l’hypothèse d’un rapprochement, l’Etat veillera à une chose : que ce mariage soit un mariage entre égaux, la valorisation respective des deux entreprises étant très proche », a promis mardi le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, Benjamin Griveaux, devant l’Assemblée nationale.
Il a également fait état d’un « certain nombre de garanties, notamment en termes d’emploi et de gouvernance, [qui] seront inscrites dans les termes de l’accord ». Alstom emploie 32 800 salariés, Siemens Mobility (la branche rail), 27 100.
« Contexte difficile »
Patron français mais pouvoir</a> réel allemand, compte tenu du poids que prendrait Siemens dans le capital, notent plusieurs observateurs. Cette situation préoccupe les représentants des salariés français. « Nous allons militer</a> pour une montée de l’Etat au capital si l’opération se fait », note un syndicaliste. La puissance publique a, en effet, à sa disposition une clause qui lui permet d’acquérir 20 % d’Alstom auprès de Bouygues.
Un an après le choc de la fermeture annoncée puis annulée de l’usine de Belfort, l’inquiétude revient parmi les salariés. « Ils sont meilleurs que nous en signalisation, en automatismes, dans le tramway, dans les locomotives diesel… », énumère un membre du conseil d’administration d’Alstom SA. De fait, une partie des activités des deux entreprises se recoupent. Parmi les fleurons de Siemens, le train rapide ICE est un concurrent redoutable du TGV. L’avance allemande dans l’automatisation et la signalisation ferroviaire de pointe – des activités très rentables – lui permet d’ailleurs d’afficher une marge opérationnelle supérieure de trois points à celle d’Alstom (8,7 % en 2016 contre 5,8 %).
Géographiquement, en revanche, les deux groupes sont plutôt complémentaires. Seule l’usine allemande Alstom de Salzgitter (Basse-Saxe) se retrouve en situation frontale face aux sites d’assemblage européens de Siemens, presque tous situés outre-Rhin. Salzgitter (2 500 salariés) est le plus grand site industriel d’Alstom dans le monde. Et c’est un fleuron. Il produit les prototypes des trains Coradia à hydrogène, dans lesquels Alstom a pris une avance notoire sur ses concurrents.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/09/26/un-protocole-d-accord-signe-entre-alstom-et-siemens-en-vue-d-une-fusion-entre-egaux_5191889_3234.htmlBagikan Berita Ini
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