Search

On vous raconte le premier grand oral télévisuel d'Edouard Philippe

Le face-à-face promettait le spectacle. D'un côté, le Premier ministre, Edouard Philippe, venu, pour son premier grand exercice médiatique dans L'Emission politique de France 2, défendre la politique du gouvernement dont plusieurs décisions sont vivement critiquées, mais aussi se faire connaître - plus d'un tiers des Français ne connaît pas exactement ses prénom et nom. De l'autre, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, fervent opposant à la réforme du Code du travail et revendiquant l'étiquette de premier adversaire d'Emmanuel Macron. Le duel a finalement été plus policé.

Le débat entre Edouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon

C'était la première grande joute politique depuis les élections du printemps, mais elle a été moins offensive que prévu. "On ne peut pas entendre qu'on va donner quatre milliards à des gens qui ont déjà tout", a lancé l'ex-candidat de la gauche de la gauche à Edouard Philippe. Manière, pour lui, de dénoncer la réforme de l'impôt sur la fortune, proposant "un impôt universel" que tous les Français paieraient "n'importe où dans le monde". Et de relayer aussi les accusations de "budget pour les riches" concocté par le gouvernement via le premier projet de loi de finances du quinquennat.

Le Premier ministre a défendu sa politique pour "réparer" la France - redémarrer la croissance, encourager l'investissement. Jean-Luc Mélenchon, débarrassé de son ton de tribun accusateur, a critiqué les "petits coups de rabot par-ci, par-là", qui vont "tuer le moteur de la consommation" à force de "passer un petit râteau dans chaque poche".

"

Je ne vais pas vous épouser, Monsieur

"

L'ancien député-maire du Havre avait aussi des reproches à adresser à l'Insoumis en chef, notamment celui de ne pas avoir appelé à voter pour Emmanuel Macron (et contre Marine Le Pen) au deuxième tour de l'élection présidentielle. "Je suis certain que, parfois, je vous déçois, mais je dois dire que parfois, M. Mélenchon, vous me décevez", a lancé Edouard Philippe. "Vos déceptions à mon égard ne vont pas remplir toute la soirée! Je ne vais pas vous épouser, Monsieur", a rétorqué l'Insoumis en chef, qui s'est aussi vu critiqué par le chef du gouvernement pour son expression de "coup d'état social". "Ca je n'accepte pas! Je n'accepte pas ce mot !", a lancé Edouard Philippe.

"Je suis parfaitement d'accord avec vous", "je ne suis pas gêné", "je n'ai peur de rien - Ah, n'exagérez pas quand même!": les deux hommes ont échangé moultes politesses pendant les quelque 25 minutes qu'ont duré l'échange. Ces sourires et attaques convenues n'ont pas manqué de faire réagir Olivier Faure, le chef de fil des socialistes de l'Assemblée, dénonçant "un air de complicité". Le PS avait publié un communiqué avant l'émission, regrettant de ne pas avoir été invité à débattre face à Edouard Philippe.

Alstom-Siemens, PMA, Notre-Dame-des Landes : Edouard Philippe défend ses choix

Avant cet affrontement d'une vingtaine de minutes, le Premier ministre a évoqué de nombreux sujets, tentant de justifier la politique de l'exécutif ou ses choix plus personnels. Le chef du gouvernement a défendu la volonté de l'exécutif de construire des "géants européens" en approuvant le rapprochement d'Alstom avec l'allemand Siemens et la prise de contrôle des chantiers navals de Saint-Nazaire par l'italien Fincantieri, afin de "ne pas attendre que les choses aillent mal".

Il a rappelé les engagements du gouvernement pris avec la présentation du Budget 2018 : "baisser la dette de 5 points de PIB à la fin du quinquennat, de diminuer la dépenser publique, de préserver l'investissement". 

Ancien cadre dirigeant du groupe nucléaire Areva, Edouard Philippe a admis être "venu sur le tard" aux questions écologiques, assurant "assumer" avoir "évolué à (son) rythme" sur le sujet. A propos du dossier du produit chimique dangereux du glyphosate, il a simplement confirmé une "stratégie de sortie de route", et refusé de donner son "intime conviction" sur le sort du projet d'aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes, laissant ce rôle aux médiateurs dépêchés par le gouvernement pour prendre une décision.

Autre question éludée, celle de la volonté du gouvernement d'ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples de femmes : renvoyée au débat parlementaire en 2018. "J'évolue", a simplement reconnu celui qui, en 2014, signait une tribune dans Le Huffington Post pour s'opposer à la PMA.

"

Je comprends parfaitement que l'on se pose plein de questions sur les questions partisanes. Simplement, en ce moment, je suis chef de la majorité et chef du gouvernement

"

Plus personnelle aussi, la question de l'appartenance politique d'Edouard Philippe : le "chef de la majorité" La République en marche, mais transfuge des Républicains dont il pourrait se voir exclure à l'automne (une commission spéciale doit se prononcer sur le cas de ceux ayant rejoint le gouvernement).

"Je comprends parfaitement que l'on se pose plein de questions sur les questions partisanes (...) Simplement, en ce moment, je suis chef de la majorité et chef du gouvernement", a répondu le Premier ministre.

Edouard Philippe le pince-sans-rire

Connu pour son humour caustique, le jeune locataire de Matignon (46 ans) n'a pu résister à la tentation de quelques mots d'esprit, au cours de l'émission : "Je ne suis pas sûr d'être l'expert de la collecte et de la distribution" lors d'une question sur la collecte du sperme. Ou "vous êtes mon avenir" en la matière, à une question du journaliste chauve François Langlais sur les shampoings.

Mais l'ancien lieutenant juppéiste, décrit comme cassant par certains adversaires, s'est aussi montré plus abrupt avec les journalistes, lançant ainsi un "bah quoi 'oui oui oui'" à la présentatrice Léa Salamé.

Un Premier ministre mal connu des Français

52% des téléspectateurs se sont dit "convaincus" par la prestation d'Edouard Philippe, selon le sondage Ipsos réalisé durant l'émission. Le Premier ministre a en tout cas reçu les félicitations de son ancien mentor, le maire de Bordeaux, Alain Juppé.

Le locataire de Matignon a ainsi espéré combler son déficit de notoriété : selon un sondage Odoxa publié jeudi, 38% des personnes interrogées n'ont pas été capables de donner son prénom et son nom exacts.

(Avec AFP)

Let's block ads! (Why?)

http://www.lejdd.fr/edouard-philippe-sur-france-2-ce-quil-faut-retenir-3449657

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "On vous raconte le premier grand oral télévisuel d'Edouard Philippe"

Post a Comment

Powered by Blogger.