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Fin des voitures essence à Paris en 2030, un objectif réaliste?

La mairie de Paris ne veut plus de moteurs à essence dans ses rues à partir de 2030. Sans les interdire à proprement parler, mais en comptant sur l'évolution des usages.

Après le diesel, l'essence. Puisque Nicolas Hulot veut mettre un terme à la circulation des moteurs thermiques en France en 2040, la mairie de Paris a décidé de prendre les devants. C'est en 2030 qu'ils doivent avoir disparu de ses avenues, a-t-elle annoncé ce jeudi dans le cadre de son nouveau plan climat. Les moteurs diesel connaissaient déjà leur date limite dans la capitale, 2024. 

LIRE >> Sans essence et sans diesel, le "funambule" Hulot voit loin 

Cette objectif n'est pas une "interdiction", mais une "trajectoire qui semble à la fois crédible et soutenable", précise la mairie dans son communiqué. Une bonne résolution, en quelque sorte. Qui ne doit pas heurter de front les automobilistes, particuliers ou professionnels, s'ils n'ont pas encore songé à d'autres moyens de locomotion dans Paris. C'est qu'ils sont 600 000 chaque jour à y faire vrombir leur moteur, d'après les chiffres de la mairie. A bord de 400 000 véhicules légers, 100 000 poids lourds et 100 000 deux roues. Dont une part d'hybrides et d'électriques qui atteint 2,33% pour les seuls immatriculés 75. 

Le tout électrique, une solution coûteuse

La route semble longue pour convertir cette flotte à d'autres usages. La mairie argue pourtant de son "pragmatisme", citant le développement de l'offre électrique des constructeurs, le chantier du Grand Paris Express qui doit renforcer les transports en commun, et l'essor des "mobilités douces" (vélo et marche à pied). Elle aurait pu ajouter la nouvelle prime à la casse, qui va permettre d'acheter des véhicules électriques d'occasion. 1000 euros d'aide pour des prix qui commencent vers 8000 euros, cela commence à jouer. 

"L'objectif ne me paraît pas très réaliste", objecte Yves Martin, qui suit le secteur automobile pour Que Choisir, "les moteurs électriques conviennent pour la circulation urbaine, mais pour faire Paris-Marseille, un moteur diesel aura toujours une meilleure efficacité énergétique. Il faut tolérer plusieurs types de motorisation." Mais pourquoi faudrait-il tous les autoriser en ville? "Il me semble difficile de faire basculer le parc thermique existant vers l'électrique. Il faudrait doubler le parc de centrales nucléaires pour fournir l'énergie nécessaire", répond l'expert. "Il y a de sérieuses mesures à mettre en oeuvre", relève Marie Castelli, secrétaire générale de l'association Avere-France, association nationale pour le développement de la mobilité électrique, "comme par exemple l'équipement des immeubles parisiens en systèmes électriques dédiés à la recharge des véhicules, ce qui a un coût certain." 

Mais il faut surtout chasser les voitures

Mais Paris a surtout entrepris de réduire le nombre de véhicules en circulation, en piétonisant notamment les quais rive droite, une mesure polémique. "Cet objectif 2030 doit d'abord être atteint à travers une réduction du trafic", pointe Frédéric Héran, économiste et urbaniste. "En 25 ans, les différents maires de Paris l'ont déjà fait baisser de 45%. L'usage du vélo a décuplé. Les transports en commun ont 30% d'usagers de plus. On peut tabler sur un nombre de 250 000 véhicules en circulation dans la ville en 2030", assure le spécialiste des mobilités urbaines. "Une régulation par la congestion, dans une logique d'écologie punitive", critique Yves Crozet, économiste spécialiste des transports. 

Encore faudra-t-il convaincre les automobilistes irréductibles de passer à l'électrique, alors que la prime à la conversion a bénéficié jusqu'à présent à des ménages aisés. "Les livreurs, qui ne sont pas les plus riches des entrepreneurs, auront par exemple besoin d'une aide", souligne Marie Castelli. "Si la ville est assez riche pour payer, qu'elle le dise!", suggère Yves Crozet. Quant à faire Paris-Marseille en voiture particulière, il ne restera que l'option du moteur hybride, dans l'espoir que son coût ait baissé d'ici là. 

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