
Le nouveau PDG de General Electric (GE), John Flannery, respectera-t-il la parole donnée par son prédécesseur, Jeffrey Immelt, lors du rachat de la branche énergie d'Alstom, en 2014 ? Le groupe avait alors promis de créer 1.000 emplois nets en France d'ici à la fin de 2018, pour faire passer la pilule d'un passage sous contrôle américain de cette pépite de l'industrie française. " La France est notre deuxième maison ", avait même déclaré Jeff Immelt sur le perron de l'Elysée, tout sourire au sortir d'une rencontre avec le président Hollande.
Mais après l'annonce de 350 suppressions de postes (sur un total de 800) à l'usine GE/Hydro Alstom de Grenoble, le grand amour est bien terminé. D'autant qu'un plan d'économies européen, lancé en janvier 2016, a déjà pesé sur l'emploi en France à hauteur de 590 postes. Les syndicats de salariés – qui ont bloqué pendant neuf jours le site de Grenoble - ont donc de plus en plus de mal à croire que la promesse sera tenue. Ils manifesteront encore demain à proximité de l'usine de production des turbines hydrauliques destinées à l'exploitation des barrages.
Au gouvernement non plus, l'heure n'est plus aux mots doux. Son porte-parole, Christophe Castaner, a laissé entendre qu'il pourrait faire jouer des pénalités si le géant américain venait à ne pas tenir ses promesses. Comme l'y autorise l'accord conclu il y a trois ans, il pourrait ainsi réclamer à l'américain 50.000 euros par emploi non créé. Pour le géant industriel, qui affiche plus de 120 milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'addition ne serait pas terriblement douloureuse, mais son image en prendrait certainement un coup.
Bercy met la pression
Le ministre de l'économie et des finances, Bruno Le Maire, a d'ailleurs martelé ce matin, sur France Info, que " General Electric devra tenir ses engagements ". Et le secrétaire d'Etat à l'industrie, Benjamin Griveaux, recevait cet après-midi à Bercy deux hauts dirigeants de GE, Jerôme Pécresse, le PDG de la branche énergies renouvelables dont le siège mondial est en France, et Yves Rannou, celui de l'activité hydraulique, pour les rappeler à leurs engagements.
S’il reste encore un an avant de dresser le bilan définitif des emplois nets créés par GE, il est certain que les chiffres seront difficiles à établir. Les emplois créés ne sont pas équivalents en termes de qualifications, ni forcément localisés là où d’autres sont supprimés. Pour l’instant, le groupe américain a bien annoncé des créations de postes, notamment avec la création d’une fonderie digitale à Paris (250 emplois), celle d’un centre de services partagés à Belfort (250 emplois relocalisés), encore ou celle de 310 postes industriels dans différents sites : depuis le rachat d’Alstom, GE en compte pas moins de vingt dans l’Hexagone, avec près de 16.000 salariés. Mais pour que la parole soit respectée, il faudra compenser les emplois supprimés par ailleurs.
Or, si le rachat d’Alstom a été la grande affaire de Jeff Immelt, qui a recentré son groupe sur l’industrie en cédant toute son activité financière, ce n’est plus celle de son successeur, qui a bien d’autres soucis. PDG depuis début octobre, à la suite du départ anticipé de Jeff Immelt, John Flannery est sous la pression de ses actionnaires, et en particulier du fonds activiste de Nelson Peltz, Trian Fund Management, qui possède 1% du capital et lui réclame de redresser le cours de Bourse. Ce dernier a baissé de 26% depuis le début de l’année (alors que l’indice principal de Wall Street a progressé de 15%), après avoir déjà perdu un tiers de sa valeur pendant le mandat d’Immelt.
La reprise en main est en cours. La semaine dernière, Flannery a fait entrer Ed Garden, le directeur des investissements du fonds Trian, à son conseil d’administration. Et dans la foulée, il a fait un grand ménage à la direction de GE, en remplaçant toute la garde rapprochée de son prédécesseur. Pas sûr qu’il ait autant envie qu’Immelt de faire de la France sa « deuxième maison ».
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