
« Tapering or not tapering »*, cette fois-ci la question ne se pose plus. Sans surprise , la Banque centrale européenne a annoncé la réduction de son programme de rachat d'actifs. L'institution ne va plus acheter que 30 milliards d'euros par mois à partir de janvier 2018. Les analystes anticipaient un montant compris entre 30 et 40 milliards d'euros, selon les estimations. La Banque centrale avait déjà réduit le montant de ses achats d'actifs en avril dernier, à 60 milliards de dollars par mois, revenant ainsi au niveau qui était le sien au début du programme en mars 2015.
Mais dans le même temps, la BCE a confirmé que le « QE » serait prolongé jusqu'en septembre 2018, sachant qu'il devait jusqu'ici se terminer fin décembre. Pas question en effet de provoquer un choc sur les marchés financiers, à l'image de ce qu'avait été l'annonce du « taper tantrum » aux Etats-Unis au printemps 2013. A l'époque les taux américains s'étaient brutalement tendus sur le marché obligataire.
L'examen de Draghi
L'institution de Francfort a en effet bien préparé le terrain. Lors de la réunion de septembre de la BCE, Mario Draghi avait donné rendez-vous au mois d'octobre aux marchés concernant ce qui ressemble à un tournant pour la politique monétaire accommodante. Mais pour François Jubin chez WiseAm, le président de la BCE passait « un examen » auprès des marchés ce jeudi. « L'homme qui murmurait à l'oreille des marchés, confirmera-t-il les anticipations des marchés ? ».
Pour l'instant, cela semble fonctionner. A la Bourse de Paris, l'indice CAC 40 a accru ses gains à 5.420 points (+0,84 %). Les taux d'intérêt se sont aussi détendus sur les marchés obligataires, le taux à 10 ans allemand perdait 3,7 points de base, à 0,441 %, peu après la publication du communiqué de la BCE. Le taux italien reculait lui de 5,7 points et le taux espagnol près de 9 points de base à 1,544 %.
Enfin l'euro perdait un peu de terrain à 1,1769 dollar.
Le dilemme de la BCE
L'enjeu est en effet important pour la BCE confrontée à la fois à une croissance qui s'accélère dans la zone euro et à une inflation qui ne parvient pas à se rapprocher de sa cible de 2 %. Comme la Fed, elle fait aussi face à un autre défi selon Nicolas Forest : « resserrer davantage sa politique monétaire fin d'éviter toute instabilité financière, dans la mesure où les marchés actions culminent à des niveaux records » et à un moment où les rendements obligataires restent très bas.
«La BCE doit recalibrer sa politique d'achats car le QE atteint ses limites », estime aussi le spécialiste obligataire de Candriam. La banque qui achète des milliards d'euros d'obligations et surtout des emprunts d'Etat risquait en effet de se retrouver face à une raréfaction des actifs à acheter.
La question sera dorénavant de savoir quand la BCE entamera son processus de hausse des taux d'intérêt, à l'image de la Fed. Elle n'a pas touché à ceux-ci lors de cette réunion et il y a fort à parier que la BCE fera acte de patience, alors que le cycle de croissance de la zone euro n'en est qu'à ses débuts quand celui des Etats-Unis semble plus proche de son apogée.
Par ailleurs, la persistance d'un risque politique, notamment en Catalogne, devrait aussi pousser Mario Draghi, dont le discours va bientôt démarrer, à « conserver un discours modéré », selon Laurent Gonon chez BFT IM. « Le soutien monétaire de la BCE conserve actuellement sa raison d'être, même si la reprise économique à l'oeuvre en zone euro permet désormais de réduire les besoins de stimulus monétaires ».
* Le tapering consiste à la réduction partielle et progressive du programme de rachats d'actifs d'une banque centrale
https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/030790965772-la-bce-entame-le-mouvement-dune-politique-monetaire-de-moins-en-moins-accommodante-2125426.phpBagikan Berita Ini
0 Response to "La BCE entame le mouvement d'une politique monétaire de moins en moins accommodante"
Post a Comment