
Cela a beau ne pas être une surprise, ce n'en est pas moins significatif. Jeudi, la Banque centrale européenne a annoncé une réduction de moitié de la taille de son programme d'achat d'actifs (QE) en 2018.
A compter de janvier prochain, elle ne consacrera plus que 30 milliards d'euros à ses achats sur le marché obligataire. Un virage non négligeable quand on sait que la BCE a injecté jusqu'à 80 milliards d'euros par mois entre mars 2016 et avril 2017 dans le cadre de son « bazooka monétaire » pour soutenir l'économie européenne.
De fait, cette baisse était devenue inévitable. Difficile pour la BCE de maintenir une politique monétaire aussi accommodante alors que les signaux positifs se multiplient pour la zone euro . Le risque d'entretenir l'instabilité financière était trop grand, « dans la mesure où les marchés actions culminent à des niveaux records », estime Nicolas Forest chez Candriam.
Les rendements obligataires au plus bas sous l'effet de l'action de la BCE ont poussé les investisseurs à prendre des positions plus rémunératrices, mais plus risquées. Une question d'autant plus d'actualité que la Réserve fédérale américaine poursuit sa politique de hausse des taux et va commencer à réduire son bilan.
Recalibrage
« Un recalibrage était nécessaire », a reconnu Mario Draghi, président de l'institution de Francfort, tout en se refusant à évoquer un « tapering », une extinction programmée du QE. Certes la situation est encourageante. « La croissance au sein de la zone euro continue d'être solide et généralisée », s'est réjoui Mario Draghi.
Au deuxième trimestre 2017, la croissance des pays membres de l'Union monétaire a ainsi atteint 0,7 % contre 0,6 % attendus. En outre, « les dernières données disponibles et les résultats des enquêtes annoncent une dynamique de croissance à un rythme soutenu au second semestre », a-t-il ajouté.
Et les risques pesant sur l'économie européenne sont plutôt équilibrés, selon la BCE. Avec toutefois une attention particulière sur le marché des changes. Une hausse de l'euro pourrait peser sur les exportations, l'un des moteurs de la croissance.
Espoir d'une hausse des prix
Sur le front de l'inflation, la BCE reste toutefois loin de son objectif. Elle anticipe toujours un rythme de 1,2 % l'an prochain, principalement sous l'effet de prix du pétrole toujours bas, avant un rebond à 1,5 % en 2019.
La baisse continue du taux de chômage dans la zone euro, les bonnes tendances du crédit au ménage et aux entreprises, n'ont pour l'instant que peu d'effets sur les prix. « L'inflation et la croissance sont encore très dépendantes de notre soutien monétaire », a souligné Mario Draghi.
D'où la prudence de la BCE . Si certains membres « faucons » du Conseil des gouverneurs de la BCE auraient aimé assortir cette baisse du QE d'une date de fin définie, ils n'ont pas réussi à convaincre leurs homologues.
Le ton de la réunion était encore très conciliant. Mario Draghi se ménage la possibilité d'augmenter le montant du « QE » si les perspectives devaient s'assombrir en zone euro. Il a également refusé de se prononcer sur la date d'un futur relèvement des taux. Le chemin du resserrement monétaire va être très long.
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