
SORTIE. Entre producteurs et consommateurs, RTE remplit une mission cruciale. Cette filiale à 100% d'EDF doit assurer à la seconde près l'équilibre du réseau. Tout électron consommé doit être remplacé par un électron produit. Cet exploitant occupe donc une place privilégiée pour envisager l'avenir d'un système électrique qui doit quitter les énergies fossiles et le nucléaire pour embrasser l'éolien, le solaire, la biomasse. Une transition difficile sans émettre de gaz à effet de serre estime RTE. Une position également adoptée mardi après-midi par Nicolas Hulot.
L'année 2018 réglera le cas du fioul. Il n'y aura plus de centrale thermique au pétrole en activité. " Avec 3 à 4 réacteurs nucléaires à l'arrêt cet hiver, contre 12 l'an dernier, nous avons une disponibilité totale de production de 96 000 MégaWatts (MW), précise Clotilde Levillain, directrice de la direction clients-marché de RTE. Nous avons cependant décidé de mettre cet hiver sous surveillance car nos marges de sécurité peuvent être mises à mal par une période rigoureuse de froid ". Jusqu'en 2020, la couverture des besoins de la France est "ajustée " c'est-à-dire que les marges de manœuvre entre production et consommation sont restreintes, une particularité du système français puisque nos voisins européens disposent de marges plus importantes.
Entre 2020 et 2022, la mise en service de nouveaux moyens de production comme la centrale combinée au gaz de Landivisiau (Finistère) et les premiers parcs éoliens offshore vont augmenter la sécurité d'approvisionnement. "L'analyse montre que nous pourrons alors fermer l'ensemble des centrales à charbon et les quatre réacteurs nucléaires arrivant à l'échéance de 40 ans ", assure Olivier Grabette, directeur général adjoint de RTE. Deux de ces réacteurs sont situés à Tricastin (Drome), les deux autres à Bugey (Ain).
La loi de transition énergétique obsolète ?
Entre 2022 et 2025, le secteur électrique devra se mettre en conformité avec le principal objectif de la loi sur la transition énergétique (LTE) votée en 2015 : la diminution de la part du nucléaire dans le mix électrique à 50%. " Un bouleversement du parc de production d'électricité est nécessaire ", prévient Olivier Grabette. RTE avance aujourd'hui le nombre de centrales qu'il faudra fermer. Ce ne sont pas moins de 24 réacteurs " 900MW " qui devront cesser de fonctionner. Or, la capacité des énergies renouvelables atteindra 30 GigaWatts (GW) pour l'éolien terrestre et 5GW pour le secteur offshore, 24GW de solaire et 26GW pour l'hydraulique, soit 34% de la production électrique du pays. Manquent donc 16% qui devront être couverts par des centrales à gaz ou au charbon. Donc selon RTE, les objectifs de la loi de transition énergétique ne seront atteints qu'au prix de la dégradation des émissions de gaz à effet de serre du secteur. Selon les scénarios, les émissions de gaz à effet de serre varient de 9 à 42 millions de tonnes contre 22 millions de tonnes aujourd'hui. Pour éviter ce hiatus, il faudrait multiplier par trois la capacité de production des énergies renouvelables dans les 7 ans à venir. Or, ces installations sont systématiquement en butte à des recours juridiques qui retardent les projets.
Les différents scénarios ressemblent donc à un avertissement de RTE. Le distributeur plaide pour un pilotage fin de la montée des énergies renouvelables et de la fermeture des centrales nucléaires. Fermer trop vite les réacteurs sans attendre qu'éoliennes et panneaux solaires n'aient atteint des capacités suffisantes de substitution implique la construction de centrales thermiques qui vont dégrader le bilan en CO2 du secteur électrique. A la sortie du Conseil des ministres, mardi, le ministre de la Transition énergétique a fait sienne cette position : "Le gouvernement a réaffirmé très clairement son souhait d'atteindre au plus vite l'objectif de 50% de la part de nucléaire mais évidemment sans sacrifier ou rogner nos objectifs sur le changement climatique ". Cette prise de position est vécue comme un renoncement par les ONG du Réseau action climat.
RTE rejoint les projections de l'Ademe : en 2050, la France peut tout à fait atteindre les 100% d'électricité renouvelable. Le travail des distributeurs comporte au moins deux autres bonnes nouvelles.
Une baisse de la consommation
C'est la meilleure nouvelle de ce travail de perspective. RTE officialise la stagnation dans un premier temps, puis la baisse de la consommation électrique des ménages. Aujourd'hui à 480 milliards de kWh, la consommation pourrait même, selon le scénario le plus favorable au développement des énergies renouvelables descendre à 410 milliards. L'isolement des bâtiments chauffés à l'électricité, l'efficacité énergétique dans l'industrie et le tertiaire, la diffusion d'appareils économes expliquent cette baisse. Elle pourrait être accentuée par l'autoconsommation des ménages. RTE estime que 3,8 millions de foyers pourraient ainsi consommer en partie l'électricité produite par la maison.
Les voitures électriques non pénalisantes
La montée en puissance du parc de voitures électriques ne va-t-il pas mettre à bas ces prévisions ? "Nous avons inclus des prévisions comportant jusqu'à plus de 15 millions de véhicules électriques en 2035, oppose Olivier Grabette. Nous arrivons à une part de 8% de la production électrique destinée aux transports ce qui peut être compensé par les baisses de consommation ". Il faudra cependant faire attention aux heures de recharge. Pas question de faire le plein des batteries lors des pics de consommation, mais plutôt attendre la nuit. Les capacités de stockage des voitures devraient même être mobilisées pour capter une part de la production intermittente des renouvelables.
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