Le ministre des Finances portugais a été élu, ce lundi, par ses homologues de la zone euro.
Le directoire de la monnaie commune, en quête de leader aussi bien que de changement, s'est donné hier un nouveau chef. Mario Centeno, ministre portugais des Finances, a été élu président de l'Eurogroupe jusqu'en 2020, une date charnière pour le renouvellement des équipes au pouvoir à Bruxelles comme pour la réforme de l'Union monétaire voulue entre autres par le président Macron.
Cet affable professeur d'économie de 51 ans, sans affiliation partisane, est d'abord le visage d'une transition. Celle réussie de son pays, le Portugal, devenu un exemple de redressement économique après avoir été un maillon faible de la monnaie commune, en compagnie de la Grèce et de Chypre. Celle ensuite de l'Eurozone tout entière, dont l'avenir divise encore les 19 capitales, malgré le retour à une croissance presque soutenue. Mario Centeno va présider à sa réforme, même s'il sait déjà que l'essentiel se décidera sans doute à Berlin, à Paris, à Rome et à Bruxelles.
Sans surprise, c'est la France et l'Élysée qui ont poussé le plus fort en faveur du ministre portugais, avec ses traditionnels alliés méditerranéens, l'Espagne, l'Italie et la Grèce
Sans surprise, c'est la France et l'Élysée qui ont poussé le plus fort en faveur du ministre portugais, avec ses traditionnels alliés méditerranéens, l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Mario Centeno, novice en politique il y a deux ans, s'est imposé depuis comme un poids lourd du gouvernement socialiste à Lisbonne. La table de l'Eurogroupe penche à droite et certains, parmi les 19, ont pu tordre le nez face à l'appui que la gauche radicale portugaise apporte au premier ministre, Antonio Costa, et à son ministre des Finances. Mais l'homme a fait le plein des voix de ceux qui attendent une réforme en profondeur, après la crise qui a conduit l'euro au bord de l'éclatement.
Bruno Le Maire est de ceux-là et hier, à l'issue d'un premier tour incertain, il a battu le rappel en faveur d'un ministre qui «satisfait aux critères que la France a définis». Deux des candidats se sont retirés après le premier tour, le social-démocrate slovaque Peter Kazimir et la centriste lettonne Dana Reizniece-Ozola. Au second tour, Mario Centeno a arraché la majorité nécessaire pour s'imposer face au libéral luxembourgeois Pierre Gramegna. Les socialistes avaient clairement revendiqué le fauteuil afin de préserver un équilibre entre la gauche et la droite à la tête des institutions européennes. Le Portugais succédera au Néerlandais Jeroen Dijsselbloem le 13 janvier, avant de présider son premier eurogroupe le 22.
Vues divergentes de Paris et Berlin
Mario Centeno est aussi un président par défaut, après que tous les poids lourds pressentis à la succession du Néerlandais Jeroen Dijsselbloem ont successivement quitté la course. Bruno Le Maire d'abord, l'Espagnol Luis de Guindos ensuite pour finir, l'Italien Pier Carlo Padoan. L'Allemagne ne souhaite plus s'exposer depuis une ancienne et infructueuse tentative de l'intraitable Wolfgang Schäuble.
Pour le nouveau patron de l'Eurogroupe, l'épreuve du leadership va commencer tout de suite et elle consistera d'abord à rapprocher les vues toujours divergentes de Berlin et de Paris. Il veut renforcer l'intégration de la zone monétaire en créant un budget et un ministère des Finances communs, deux objectifs de l'Élysée. Mais il entend aussi transformer le fonds de renflouement de la zone euro MES en Fonds monétaire européen, un impératif pour Berlin. Jean-Claude Juncker, qui dévoilera ce mercredi sa propre feuille de route pour l'euro, est soumis au même écartèlement.
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