Comme l'annonçait Le Figaro, le PDG du géant de la distribution, Alexandre Bompard, prévoit d'investir 2,8 milliards d'euros en cinq ans pour faire enfin prendre à Carrefour le virage du digital. Le nouveau plan stratégique comprend également un partenariat avec Tencent en Chine.
Le distributeur vient de dévoiler le contenu du plan d'Alexandre Bompard, baptisé «Carrefour 2022». En conséquence, le titre de l'entreprise gagnait 4,44% en Bourse à 9h08. Confirmant nos informations, le distributeur révèle un très ambitieux volet concernant la transformation digitale du groupe et sa stratégie omnicanale. Carrefour a en effet prévu d'investir à ce sujet 2,8 milliards d'euros en cinq ans. En rythme annuel, c'est sept fois plus qu'en 2017. De quoi permettre à l'enseigne de reprendre le «quart d'heure d'avance» qui a longtemps fait sa réputation, avant une série d'erreurs stratégiques. Contrairement à son rival Leclerc, Carrefour a ainsi tardé à ouvrir des drives, où les clients viennent chercher leurs commandes passées sur Internet. Du coup, sa part de marché dans l'e-commerce (8%) est inférieure à celle en magasins (20%).
Moins de suppressions d'emplois que prévu
Ces investissements, vitaux pour Carrefour au moment où Amazon accélère dans l'alimentaire, seront aussi consacrés à l'analyse des données des clients et porteurs de cartes de fidélité. Ce montant s'inscrit dans un plan global d'investissements de deux milliards d'euros par an.
Afin de les financer, Carrefour n'échappera pas à de sévères mesures d'économies, avec leurs conséquences sociales. «En Ile-de-France, les sites de siège seront rationalisés, ce qui implique la fermeture du siège corporate de Boulogne et l'abandon du projet de construction d'un nouveau siège de 30 000 m² en Essonne», explique l'enseigne. «Un plan de départ strictement fondé sur du volontariat sera proposé». Comme nous l'avions annoncé, le groupe a ainsi prévu la suppression de 2400 postes «au siège en France, sur un effectif total de 10.500 salariés». Ce chiffre est très inférieur à ce que craignaient les syndicats du distributeur, certains évoquant 5000, voire 10.000 emplois menacés. Au total, Carrefour emploie 115.000 salariés dans l'Hexagone. Le groupe français a par ailleurs annoncé une réduction des coûts de deux milliards d'euros dès 2020 en année pleine. Pour ce faire, des économies seront effectuées sur la logistique et les coûts de structures.
273 ex-magasins Dia sur la sellette
En grande difficulté, 273 magasins de l'ex-enseigne Dia vont sortir du périmètre. «Un processus de recherche de repreneurs sera lancé point de vente par point de vente», détaille l'entreprise. «En cas d'absence de repreneurs, ces magasins seront fermés ; l'entreprise favorisera systématiquement une offre de reclassement au sein du Groupe». Pour rappel, Carrefour a en effet racheté plus de 800 magasins Dia dans l'Hexagone en 2014. Par cette opération, l'entreprise espérait se renforcer dans Paris, le nord et le sud-est de la France.
Enfin, la filiale chinoise de Carrefour va poursuivre son expansion. Le géant de l'internet chinois Tencent et la chaîne de supermarchés chinoise Yonghui s'apprêtent en effet à entrer au capital de celle-ci. «[Deux décisions qui] ouvrent de grandes opportunités pour Carrefour dans ce pays, notamment sur l'e-commerce alimentaire», se félicite la société. L'objectif est en effet de «combiner le savoir-faire de Carrefour dans le domaine de la distribution avec l'excellence technologique de Tencent (NDLR: pour accroître le trafic en ligne) et l'expertise opérationnelle de Yonghui, en particulier sa maîtrise des produits frais», souligne le groupe de distribution.
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