Dioxyde de titane - additif E171 utilisé pour blanchir et intensifier la brillance de confiseries ou dentifrice -, dioxyde de silicium ou encore oxydes de fer et de zinc (colorants), les nanoparticules se cachent-elles partout? L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a testé 16 produits agro-alimentaires et cosmétiques de grandes marques pour le savoir. Résultat : «100% des produits analysés contiennent des nanoparticules»... et trois seulement en font mention, selon un communiqué de l'association qui annonce ce mardi porter plainte contre neuf fabricants pour non-respect de l’obligation légale de signalement sur l’emballage. 

Sur la «liste noire des produits taisant la présence de nano» figurent par exemple les M&M’s Peanuts (Mars), le dentifrice Aquafresh triple protection+blancheur (GlaxoSmithKline), le déodorant Sanex Natur 48h (Colgate-Palmolive), ou encore le stick à lèvres nourrissant Avène Cold Cream (groupe Pierre Fabre).

L’UFC-Que Choisir a donc déposé plainte à Paris contre le Groupe Casino, JDE, Mars Chocolat France, Mc Cormick, Colgate-Palmolive, Lavera, Avène, Coty, et GlaxoSmithKline. «La réglementation oblige les fabricants à faire figurer clairement la mention [nano] sur l’emballage dans la liste des ingrédients», précise l'association.

Un doute «gigantesque»

L’association demande également au gouvernement de «publier la liste des produits alimentaires et cosmétiques silencieux sur la présence de nanoparticules» et «de poursuivre effectivement les fabricants en infraction». Suite aux alertes lancées par des ONG et à des tests de 60 millions de consommateurs ayant révélé la présence de l’additif E171 sous forme de nanoparticules dans des sucreries, le gouvernement avait annoncé fin août le renforcement des contrôles de la DGCCRF (répression des fraudes). Les résultats de ces contrôles avaient montré que 87% des 40 produits cosmétiques et 39% des 74 produits alimentaires testés contenaient des nanoparticules. Mais «un seul produit mentionnait, sur son étiquetage, la présence de tous les nanomatériaux identifiés», selon le ministère de l’Economie.

«Si la taille des nanoparticules est infinitésimale, le doute sur leur impact sanitaire et environnemental est, lui, gigantesque», justifie l’UFC-Que Choisir, soulignant que la taille de ces substances (mesurées en nanomètres, un milliardième de mètre, soit 50.000 fois plus petites qu’un cheveu) facilite leur pénétration dans l’organisme.   

Les marques réagissent

«Nous sommes bien conscients de cette problématique soulevée par UFC-Que Choisir», a réagi le groupe Casino, assurant avoir engagé une démarche avec le fournisseur d’un additif présent dans l’arôme de sa soupe pour le «supprimer». «Ceci sera effectif dans les prochaines semaines», a-t-il assuré. La Fédération française des entreprises de la beauté (Febea) a de son côté argué d’une règlementation européenne qui n’impose la mention «nano» que sous «deux conditions». «Il faut qu’il soit fabriqué intentionnellement, c’est-à-dire qu’il soit présent à plus de 50% dans un ingrédient, et il doit être insoluble ou bio-persistant», a déclaré à l’AFP Anne Dux, sa directrice des affaires scientifiques et réglementaires. «Je doute fort que l’UFC-Que Choisir puisse déterminer elle-même si les marques respectent  (ces) conditions», a-t-elle ajouté.

Selon les chiffres de l’association, dans certains produits, les additifs incriminés sont présents à 100% sous forme de nanoparticules.

LIBERATION avec AFP