
A trois heures et dix secondes du matin ce jeudi 25 janvier, une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) nous indiquait que le Président « Emmanuel Macron va appeler jeudi l’agriculture française à se transformer en profondeur tout en tentant de rassurer un secteur très inquiet à l’occasion de ses vœux aux agriculteurs en Auvergne ». L’AFP précisait que le chef de l’Etat était attendu à midi dans une ferme située à 1.000 mètres d’altitude, tenue par deux couples d’agriculteurs qui transforment le lait de leurs 40 vaches en fromage, dont le saint-nectaire.
« Dans son discours, il va décliner sa vision pour une transformation en profondeur de l’agriculture française, afin de lui faire retrouver la voie vertueuse de la valeur, selon la présidence », écrivait l’AFP ajoutant que dès hier, Christophe Castaner, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, avait déclaré que le modèle agricole français « est totalement dépassé ».
Voilà qui ne nous dit pas pourquoi la tonne de blé n’est payée que 149€ en cette fin janvier 2017 contre 165€, un prix déjà trop bas voilà un an .C’est encore pire pour le maïs à 145€ la tonne contre 170€ un an plus tôt tandis que le colza n’est plus payé que 340€ la tonne contre 428€ en janvier 2017. Du fait de la surproduction laitière suite à la sortie des quotas par pays en Europe, le prix du lait comme celui de la viande bovine sont 20% trop bas et la viande de porc a perdu 40 centimes du kilo depuis le printemps 2017, soit une baisse de plus de 25%! On ne règle pas ces questions en disant que le modèle est dépassé. Surtout quand le rapport rédigé par Macron pour la Commission Attali en 2008 a servi à mettre en place une loi qui permet d’accroître le pillage des producteurs par les distributeurs. Au point que le gouvernement en annonce une autre loi qui passera en conseil des ministres le 31 janvier dans le but de corriger quelques effets pervers de celle inspirée par le rapport de 242 pages rédigé par Emmanuel Macron en 2008!
Emmanuel Macron dans les pas de Valéry Giscard d’Estaing
L’AFP nous indiquait ce matin que le président dînera ce soir au lycée hôtelier de Chamalières, dont Valéry Giscard d’Estaing redevint le conseiller général en vue de tenter une seconde carrière politique après avoir été battu par François Mitterrand en 1981 quand il se présentait aux suffrages des Français pour tenter d’obtenir un second mandat de sept ans à l’Elysée. Ce matin aussi, BFMTV faisait défiler ses experts et ses témoins pour comparer la « modernité » de Macron avec celle de Giscard quand ce dernier avait l’âge de l’actuel chef de l’Etat.
En attendant d’entendre ou de lire le discours d’Emmanuel Macron sur sa « vision pour une transformation en profondeur de l’agriculture française », essayons de savoir auprès de qui l’énarque de l’Elysée s’inspire pour délivrer son message. On sait qu’il dispose d’une unique conseillère qui reçoit de temps à autre les syndicats paysans. Elle se nomme Audrey Bourolleau et elle est âgée de 37 ans. C’est l’ancienne déléguée générale de Vin et société, l’organisme chargé de défendre les intérêts de la filière viticole en France. Auparavant, elle avait notamment travaillé chez Baron Philippe de Rothschild France Distribution, puis chez Heineken dans la bière et ensuite à l’Union des vins Côtes de Bordeaux.
Une communicante d’En Marche comme conseillère en agriculture
Cette diplômée de l’école de commerce de la Rochelle a été nommée le 22 mai 2017 « conseillère agriculture, pêche, forêt et développement rural » auprès du président de la République ». Le site, internet du quotidien le Monde écrivit le 23 mai que « cette nomination, annoncée par Vin et société, vient récompenser son engagement auprès d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. Pour conseiller le candidat Macron sur les questions agricoles, Audrey Bourolleau s’était mise en disponibilité de sa fonction de déléguée générale de Vin et société, un poste qu’elle occupait depuis novembre 2012 » lisait-on ce jour-là.
On n’épiloguera pas ici sur les compétences réelles ou supposées d’Audrey Bourolleau comme conseillère d’Emmanuel Macron sur les dossiers agricoles. Notons toutefois deux choses : sa formation commerciale ne laisse supposer aucune compétence particulière en agronomie pas plus qu’en économie agraire, deux sujets qui prennent de plus en plus d’importance alors que la planète se réchauffe tandis que la population mondiale continue d’augmenter.
C’est, avant toute autre chose, son soutien très précoce au candidat Macron qui a servi à Audrey Bourolleau pour devenir sa conseillère auprès du président de la République pour les dossiers agricoles. C’est également son soutien à Macron qui fit du sénateur radical Jacques Mézard un éphémère ministre de l’Agriculture entre l’élection du président de la République en mai et celle des députés en juin . C’est aussi son ralliement à Macron dès sa déclaration de candidature pour l’Elysée qui a permis à Stéphane Travert de devenir ministre de l’Agriculture en juin, une fois devenu député de La République En Marche ; lui qui avait été élu député socialiste pour la première fois en juin 2012 après l’élection de François Hollande à l’Elysée.
On ne sait si Emmanuel Macron prononcera quelques mots en auvergnat quand il goûtera les fromages ce midi à la ferme des « Violettes ». Hier à Davos, il a parlé en anglais pour encourager les capitalistes du monde entier à venir investir en France après leur avoir préparé le terrain en cassant le code du travail. Il s’est ensuite exprimé en Français pour dire qu’il fallait penser à « un nouveau contrat mondial », dans le but d’éviter que les exploités se révoltent contre la surexploitation de leur force de travail.
C’est cela le « en même temps » qui structure les discours d’Emmanuel Macron avec la volonté de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
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