Nouvelle épine dans le pied de Free</a> (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre</a> individuel du Monde), qui a maille à partir</a> depuis des années avec son centre</a> d’appels Mobipel de Colombes (Hauts-de-Seine). Un rapport provisoire, commandé en septembre 2017 par le comité d’entreprise au cabinet d’expertises Alter, et remis à la direction en janvier, dénonce « un plan de compression des effectifs non officialisé », selon le document d’abord dévoilé par Le Parisien et dont Le Monde a eu connaissance.
En quatre ans, le nombre de salariés de la structure a été divisé par plus de deux : de 649, en 2013, à 281, en septembre 2017. Une situation qui tranche avec celle des autres centres d’appels. Les bureaux situés à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), à Marseille</a> et à Bordeaux</a> ont embauché entre 20 % et 30 % de salariés supplémentaires sur la même période, atteignant entre 400 et 500 personnes chacun. Seul le centre parisien, situé dans le 8e arrondissement, comme le siège d’Iliad, la maison mère de Free, a vu ses effectifs fondre</a> pour cause de déménagement. Mais les recrutements ont repris, précise un membre de la direction cité dans l’expertise.
Que se passe-t-il à Colombes ? Alter a décompté 807 départs au total depuis 2013, dont 586 provoqués par Free (licenciements, ruptures conventionnelles…). Sur ce total, la direction a procédé à 266 licenciements pour faute grave et 35 pour cause réelle et sérieuse, pointant des absences, des abandons de poste ou des retards répétés. « Ces départs n’ont rien de “naturel”, puisqu’ils font suite à des licenciements disciplinaires massifs, des ruptures conventionnelles et des transferts</a> intragroupe, qui ne sont pas indépendants de la volonté de l’employeur », indique le cabinet Alter. « Depuis 2014, je me bats pour dire</a> que l’employeur procède à des plans sociaux déguisés », affirme Anousone Um, membre du comité d’entreprise et délégué syndical de SUD Telecom. Free doit faire</a> face à 84 procédures devant les prud’hommes. Les sommes réclamées portent sur un total de 1,9 million d’euros.
« Départs naturels », selon la direction
Selon le représentant du personnel, la direction a promis des éléments d’information supplémentaires, censés alimenter</a> le texte définitif du rapport, qui sera officiellement présenté, le 20 février, en comité d’entreprise.
Interrogé par Le Monde, Free n’a pas souhaité faire de commentaire. Mais la direction du groupe livrait sa vision de la situation dans un document d’orientation stratégique transmis au comité d’entreprise de Mobipel au printemps 2017. L’opérateur contestait avoir</a> procédé à « des départs forcés », mais évoquait « des départs naturels », liés à des « démissions, licenciements pour absentéisme ou fautes professionnelles, ou des ruptures conventionnelles à la demande des collaborateurs ».
Dans le même document, Free avouait avoir décidé de mettre</a> un coup de frein à son centre de Colombes, en « gel[ant] les recrutements ». Raison invoquée : « un bassin d’emploi</a> difficile », des « difficultés de management</a> », un « centre socialement compliqué » et un problème pour « recruter</a> les bons profils ». Enfin, la direction souligne les « relations compliquées avec les élus : ton insultant, manque de respect… » et la « mauvaise réputation de Mobipel, compte tenu des articles de presse », qui décourage les candidats.
Il faut dire qu’employeur et représentants syndicaux sont à couteaux tirés depuis presque deux ans. En mai 2016, l’hebdomadaire Politis dénonce, en « une » et sur sept pages, le « système Free », une attaque en règle contre le management du groupe, où est notamment évoqué le centre d’appels Mobipel. Selon le journal, c’est après une grève menée en 2014 par les salariés que la direction aurait décidé, en représailles, de freiner</a> les recrutements. Et le 26 septembre 2017, l’émission « Cash Investigation », sur France</a> 2, brosse le portrait d’une entreprise où il vaut mieux filer</a> droit, qui enfonce le clou.
Soupçons de délocalisation
De son côté, Anousone Um soupçonne plutôt Iliad de vouloir</a> « délocaliser l’activité ». « L’employeur nous a informés qu’il y avait un projet</a> de sous-traitance. Sur les cinq centres, on serait les seuls à payer</a> », affirme-t-il, se plaignant du manque d’informations sur ce sujet. Dans un courriel consulté par Le Monde, Angélique Gérard, la directrice des centres d’appels du groupe, reconnaît l’existence de ce projet de sous-traitance, qui doit concerner</a> des « appels à faible valeur ajoutée ».
Sans fournir</a> de détails sur le périmètre du projet ou sur sa mise en œuvre, elle affirme qu’il n’aura « pas d’impact sur l’emploi ». « Il n’est pas prévu de réduire</a> l’effectif, mais, au contraire, de concentrer</a> ce même effectif sur des appels à plus forte valeur », répond-elle aux experts d’Alter, sans calmer</a> les inquiétudes. Si Free possède ses propres centres, il sollicite aussi des sous-traitants pour assumer</a> les pics d’activité et compléter</a> ses effectifs les jours fériés ou la nuit.
Jusqu’où ira cet affrontement ? Au printemps 2017, la direction affirmait que « Mobipel n’a pas vocation à fermer</a>, ni à déménager</a>, ni à fusionner</a>. Ce n’est pas dans les ambitions de la direction, pour le moment ». Pour les salariés, cette dernière réserve n’est pas pour rassurer</a>.
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/02/06/centre-d-appel-de-free-un-rapport-pointe-des-licenciements-disciplinaires-massifs_5252236_1698637.htmlBagikan Berita Ini
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