L'appel à la grève de FO et de la CFDT a entraîné des perturbations dans au moins 300 magasins ce samedi, selon les syndicats. La direction indique de son côté que «les hyper qui étaient encore impactés à la mi-journée ont rouvert les uns après les autres». Certains magasins - en petit nombre -pourraient encore être bloqués dimanche matin. Les salariés se mobilisent contre les suppressions d'emplois et réclament davantage de pouvoir d'achat.
Le week-end de Pâques est agité chez Carrefour. Hypermarchés filtrés ou bloqués par des alignements de chariots, faire ses courses dans certains magasins du groupe relevait du parcours du combattant ce samedi au vu de la forte mobilisation des salariés, mobilisés pour défendre leurs emplois et leur pouvoir d'achat.
À l'appel de FO - syndicat majoritaire du géant de la distribution - et de la CFDT, les salariés étaient appelés à débrayer ce samedi 31 mars. Le mouvement de grève a démarré «très fort» dès ce samedi matin puisqu'au moins 300 magasins étaient impactés, au lendemain d'une mobilisation dans les entrepôts. Dans la matinée, la CFDT a recensé 170 hypermarchés (sur 220) mobilisés et 130 supermarchés (sur environ 470) avec un taux de grévistes avoisinant «50%». Sachant que Carrefour emploie 60.000 personnes (dans sa section «hyper»), environ 25.000 salariés se seraient mobilisés, selon nos informations.
«Le mouvement est de grande ampleur, plusieurs dizaines de magasins sont fermées dans toute la France, je n'avais jamais vu une telle vague», confiait au Figaro Michel Enguelz, délégué national FO chez Carrefour, en milieu d'après-midi. D'après le syndicaliste, il y avait par exemple «80% de grévistes à Besançon» et «90% de grévistes à Charleville-Mézières». Certains hypermarchés étaient complètement bloqués, selon les syndicats CFDT, FO et CGT, comme à Antibes, Ollioules, Toulon Grand Var, Nice Lingostière ou Port-de-Bouc dans le Sud, Vénissieux, Chambéry ou encore Toulouse-Labège.
Contactée par Le Figaro, la direction du groupe Carrefour a fait état d'une trentaine d'hypermarchés bloqués à 10h30. À midi, «80% de nos hypermarchés sont ouverts» et «100% de nos supermarchés», a-t-elle souligné. Le groupe indiquait en milieu d'après-midi que «les hyper qui étaient encore impactés à la mi-journée ont rouvert les uns après les autres». Selon Michel Enguelz, «certaines équipes pourraient continuer la mobilisation dimanche matin mais cela devrait concerner peu d'établissements».
Des mouvements dans toute la France
Partout ce samedi, la mobilisation s'est traduite par des rassemblements devant les magasins, du «filtrage» aux entrées ou carrément des blocages. Sur Twitter, de nombreuses vidéos ont illustré la mobilisation, que ce soit en Indre-et-Loire, dans le Nord, en région parisienne ou encore dans le Var (voir ci-dessous).
Pourquoi les salariés protestent-ils?
Cette mobilisation est le point d'orgue de l'inquiétude et la colère qui montent depuis l'annonce le 23 janvier par Alexandre Bompard, PDG du groupe depuis l'été dernier, de son «plan de transformation» s'accompagnant de la suppression de 2.400 emplois. Michel Enguelz (FO) évoque lui «5000 suppressions de postes en tout d'ici 2019», d'après les estimations des syndicats.
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Les syndicats protestent aussi contre le passage en location gérance d'hypermarchés (cinq confirmés, une quarantaine visés selon eux) et s'inquiètent aussi de l'impact sur l'emploi d'autres mesures du plan Bompard (logistique, réduction de 100.000 m2 des surfaces des hypermarchés). «Nous avons deux revendications: le pouvoir d'achat et l'emploi», résume Michel Enguelz. Selon le syndicaliste, la baisse d'un tiers de la participation cette année «a mis le feu aux poudres».
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Dans le détail, le niveau de participation pour l'exercice 2017 a été jugé insuffisant. À 57 euros (contre 610 euros pour 2016), son niveau moyen - calculé sur les résultats du groupe - a fait sortir de leurs gonds les syndicats. La direction a fait dans la foulée un geste, via un complément forfaitaire d'intéressement de 350 euros pour tous les salariés (soit 407 euros au total). Soit au final une baisse d'un tiers par rapport à l'exercice 2017, dans les mêmes proportions que la baisse du dividende proposé aux actionnaires lors de la prochaine AG du groupe le 15 juin. Mais ce niveau laisse sur leur faim les syndicats, qui demandaient au moins 600 euros.
Crispation du dialogue social
Les actionnaires vont toucher, eux, 356 millions d'euros de dividendes, font valoir les syndicats qui anticipent aussi des négociations salariales au rabais. «Augmenter les salaires, pas les dividendes des actionnaires», proclamait une pancarte dans les rassemblements. «On s'est dit qu'on allait arrêter de payer pour les actionnaires, c'est un ras-le-bol général», a relevé Olivier Ginestar (CGT), devant l'hypermarché de Lomme (Nord), fermé samedi. Côté syndicats, le mouvement traduit aussi la crispation du dialogue social, dont tous dénoncent unanimement la «dégradation». Il est «rompu, c'est marche ou crève», relevait à Marseille Smaïl Ait Atman (CFDT). Pour FO, qui a déjà annoncé qu'il ne signerait pas le projet d'accord sur le plan de départs volontaires, «la balle est dans le camp» de la direction. Si d'autres actions ne sont «pas exclues», «l'objectif est de revenir autour d'une table de négociations», souligne Michel Enguelz.
Nous comprenons que les projets de transformation puissent susciter de l'inquiétude chez certains de nos salariés», a admis Pascal Clouzard, directeur exécutif France Carrefour, dans une réaction adressée à l'AFP. Mais, «si nous souhaitons pérenniser et développer notre activité économique, et donc nos emplois, nous devons impérativement nous transformer», a-t-il ajouté.
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