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TF1 contre les opérateurs : le PDG Gilles Pelisson s'explique pour la première fois

Au sommet de TF1, le message est clair. Pour sa première prise de parole depuis le début de la crise avec Canal +, le PDG du groupe, Gilles Pélisson, ne veut pas trahir le moindre signe d’inquiétude. D’après lui, les négociations aboutiront et tout va bien à TF1, merci. Malgré les audiences qui dévissent et Free et Orange qui menacent, eux aussi, de couper le signal de la Une et de ses filiales, entraînant 11 millions de foyers supplémentaires dans leur sillage. Mais le grand patron de la première chaîne d’Europe peut-il se permettre de vaciller, s’il veut imposer ses exigences financières et un nouveau modèle économique qu’il estime légitime ?

Les abonnés Canal pourront-ils voir « les Enfoirés » ce vendredi sur TF1 ?

Gilles Pélisson. C’est entre les mains de Canal+. De notre côté, nous faisons le nécessaire, puisque nous continuons de livrer le signal de nos chaînes. C’est eux qui ont décidé de les couper. Au-delà de leurs propres abonnés, ils ont privé 1,5 million de foyers supplémentaires de nos chaînes : ces téléspectateurs qui bénéficient de TNT Sat, un service qui permet aux foyers situés dans des « zones blanches » où ils ne peuvent pas recevoir la TNT, par exemple à la campagne ou à la montagne, de la récupérer par satellite. Et qui est propriétaire de TNT Sat ? Canal +... Il est inacceptable que ces téléspectateurs qui n’ont rien à voir avec notre différend, soient impactés. Et nous allons saisir le CSA sur ce point (NDLR, TF1 sera reçu ce mercredi à sa demande).

Quant aux abonnés de Free, ils ont reçu lundi soir un message annonçant la coupure imminente de vos chaînes...

Bien sûr, ils mettent la pression... Et chacun essaie de montrer ses muscles ! Nous inventons un nouveau modèle, et ça se fait rarement facilement. Mais notre légitimité, c’est la qualité de nos contenus. A TF1 nous enrichissons chaque année notre offre de programmes et nos services, comme le replay étendu. Nous proposons des innovations technologiques comme le «start over » (NDLR, le visionnage intégral d’une émission en cours dont on a raté le début), la Coupe du monde en 4K ou la chaîne TF1+1 qui vous permet de voir les programmes décalés d’une heure. Nous créons des emplois grâce à nos tournages, par exemple celui de notre feuilleton « Demain nous appartient » qui fait travailler 350 personnes à Sète... Ces investissements-là ont un prix.

Comment justifiez-vous l’addition que vous présentez aux distributeurs de vos chaînes ?

De plus en plus de Français dépensent entre 30 et 40 € d’abonnement par mois pour une offre « triple play » incluant l’accès au téléphone, à Internet et à la télévision, et payent donc pour recevoir notre contenu. Mais jusqu’à présent les opérateurs ne reversent rien aux chaînes alors que nous apportons un service qui mérite rémunération. Il est temps de faire bouger les lignes. Nos demandes n’ont rien de mirobolant, contrairement à ce qu’on essaie de faire croire. Nos conditions générales de vente brutes représentaient au maximum une centaine de millions d’euros tous opérateurs confondus. Maintenant on négocie. Quelques dizaines de millions d’euros pour l’ensemble des opérateurs, c’est là-dessus qu’on pense aboutir.

Quelles sont les sommes exactes que vous demandez ?

Je ne vous donnerai pas le montant exact parce que c’est le secret des affaires, mais c’est moins de 20 millions d’euros par opérateur. Refaisons le calcul ensemble avec une hypothèse maximale de 20 millions d’euros par opérateur. Si un opérateur a 5 millions de box, ça fait 4 euros par abonné et par an, soit 33 centimes par mois ! C’est moins de 1% de ce que paye un abonné tous les mois. Et bien inférieur à ce qui se pratique déjà ailleurs en Europe. Et qu’on ne fasse pas croire que ce 1% justifierait une augmentation du prix des abonnements, puisque SFR et Bouygues Télécom ont déjà signé avec nous sans augmenter leurs tarifs. Cette négociation ne doit pas impacter les abonnés.

Aux Etats-Unis, les chaînes partagent leurs recettes publicitaires avec les distributeurs. Ca ne peut pas être une piste ?

Il y a là-bas environ 18 minutes de publicité par heure contre 12 minutes en France, c’est ce qui permet à cette répartition d’être viable. Mais nous n’avons aucun intérêt à augmenter la durée de la publicité chez nous, les associations de consommateurs ne le souhaitent pas et nous non plus. Ceux qui, comme Canal +, brandissent le modèle américain n’ont pas l’intérêt du téléspectateur en tête.

Êtes-vous encore en position de force alors que Free et Orange ont annoncé leur intention d’emboîter le pas à Canal + et peuvent vous priver de 17 millions de foyers au total ?

Comme je vous le disais, chacun montre ses muscles. Mais on se parle tous les jours, ce sont des discussions qui évoluent et qui vont aboutir... Nous restons sereins.

Même quand votre 20 Heures a été battu plusieurs fois ces derniers jours, et que «The Voice » a perdu presque 1 million de téléspectateurs samedi ?

Ce ne sont pas quelques jours de frottement qui vont nous perturber. Les audiences que l’on fait sans Canal, c’est formidable, et cela peut déranger certains... Les Français sont là. Et il y a beaucoup de report sur MyTF1, dont les audiences ont été multipliées par deux ces derniers jours.

Maintenez-vous le lancement d’un magazine d’information quotidien de 10 minutes après le 20 heures le 12 mars ?

Bien sûr ! Rien n’a changé dans cette maison. On a tous les jours des choses intéressantes à proposer à notre public. C’est aussi pour ça qu’il y a autant de plaintes du côté de Canal, avec plusieurs milliers de demandes de désabonnement à ce jour... Beaucoup de téléspectateurs se sentent perdus dans cette bataille et nous le déplorons.

Qu’allez-vous faire si le conflit perdure jusqu’à la Coupe du monde de football, dont vous serez le diffuseur exclusif en juin ?

La Coupe du monde c’est loin, j’espère bien que notre différend ne va pas durer trois mois !

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