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Deutsche Bank : sept dates qui ont marqué son histoire agitée

La première banque allemande a voulu vivre comme Goldman Sachs, elle a failli mourir comme Lehman Brothers. Voici l'histoire chaotique d'un colosse, symbole de  cette industrie bancaire allemande vacillante . Empêtrée dans les litiges et dans une restructuration qui tarde à porter ses fruits, Deutsche Bank a une nouvelle fois décidé de  changer de directeur général .

1999 : Jouer dans la cour des grands

A la fin des 1980, la banque prend un virage capital pour l'établissement et la finance mondiale. Longtemps banque du Mittelstand allemand, Deutsche Bank rêve de jouer à armes égales avec les prestigieuses banques américaines Goldman Sachs, Morgan Stanley ou Merrill Lynch. L'établissement enchaîne les acquisitions - Morgan Grenfell (1990), Bankers Trust (1999)... -, et recrute des banquiers britanniques et américains qui transformeront durablement son identité et feront de l'établissement l'une des principales banques d'investissement au monde.

2008 : Les errements stratégiques

En mars 2000, le tabloïd « Bild » annonce que Deutsche pourrait racheter son concurrent Dresdner Bank, une fusion entre géants qui donnerait naissance à « la plus grosse banque au monde ». Finalement l'opération n'aura jamais eu lieu, mais montre à quel point Deutsche Bank n'a jamais su trancher entre son ambition de devenir la Goldman Sachs européenne et le modèle de banque universelle. En septembre 2008, l'établissement officialise son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75 %. Cette dernière devient entièrement filiale de Deutsche en 2010. Après avoir envisagé de la céder en 2015 via une introduction en Bourse , Deutsche Bank a décidé de la conserver.

2011 : le tandem inédit

Au terme de dix ans de règne, le patron Josef Ackermann est écarté, certains redoutant que la banque ne s'éloigne trop de ses racines, et ne se développe excessivement dans la banque d'investissement. Il est remplacé par  le duo Anshu Jain et Jürgen Fitschen . Bien que ces derniers aient réduit la dépendance de l'établissement aux marchés, ils n'arriveront ni à redresser la rentabilité, ni à restaurer l'image de la banque.

2013 : les amendes commencent à pleuvoir

Bruxelles inflige  une amende record de 1,7 milliard d'euros à cinq banques, dont Deutsche Bank, pour manipulation de taux. C'est le début des litiges qui vont miner la banque. En 2015, Deutsche Bank écope d'une amende de  2,3 milliards d'euros pour manipulation du Libor .

Taux interbancaire, manipulation des changes, subprimes, blanchiment d'argent russe , Deutsche Bank apparaît dans toutes les histoires sombres qui éclaboussent le secteur. Au total, le nombre de litiges issus de la banque d'investissement s'élève à 7.000. Entre 2012 et 2015, le groupe bancaire a versé 12 milliards d'euros de frais pour litiges.

2014 : Le coût de l'affaire Kirch

Léo Kirch est à Deutsche Bank ce que Bernard Tapie est au Crédit Lyonnais. En 2014, la banque met fin à une bataille judiciaire de plus d'une décennie.  Deutsche Bank versera au total 900 millions d'euros dans ce dossier datant de 2002 . Le magnat des médias Léo Kirch accusait Rolf Breuer (ancien président du directoire) de l'avoir poussé à la faillite en lâchant dans une interview ses doutes sur la solvabilité du groupe de médias.

2015 : Cryan et la paille de fer

Embourbé dans les litiges, une rentabilité désastreuse, l'établissement choisit de se séparer du tandem Anshu Jain et Jürgen Fitschen. Le britannique  John Cryan est appelé à la rescousse pour redresser la société. Peu de temps après son arrivée, il dresse un tableau alarmant : « une organisation terriblement inefficace », une culture dont l'honnêteté laisse à désirer, des salariés avec un « moral à zéro ». Dans la foulée, il prescrit un remède de cheval, annonçant la suppression de 26.000 postes, soit  un quart des effectifs . Cryan annonce par la même occasion une perte record de 6 milliards d'euros au troisième trimestre.

2016 : Le spectre d'une faillite

A l'automne 2016, un parfum de Lehman s'abat sur la finance européenne. Deutsche Bank négocie avec les autorités américaines une amende dans le cadre d'une enquête sur les subprimes. Les rumeurs font état d'une pénalité de 14 milliards ! Des hedge fund réduisent leur exposition à l'établissement . Les investisseurs craignent que la banque soit à court de financement et tombe par manque de liquidité (comme Lehman en 2008). Le titre de la banque tombe comme une pierre et passe sous les 10 euros.

En fin de journée, une dépêche faisant état d'une amende de 5,4 milliards calme les esprits . La pénalité finale dépassera tout de même de 7,2 milliards de dollars . Un an et demi plus tard, le géant bancaire enregistre une troisième perte annuelle d'affilée. Les actionnaires ont perdu patience et remplacent John Cryan par un pur produit de la maison : Christian Sewing .

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