La grève à la SNCF a débuté ce lundi soir. Mardi, un TGV sur huit en moyenne est prévu. Les cheminots se mobilisent pour une grève longue distance contre le projet de réforme de la SNCF. Le point dans l’Ouest et ailleurs en France.
La grève perlée de 36 jours des cheminots de la SNCF démarre ce mardi 3 avril. Des perturbations étaient annoncées dès ce lundi soir, mais les retours du long week-end de Pâques devaient finalement être globalement épargnés avec un trafic « normal », selon la SNCF, contrairement aux mises en garde répétées de la SNCF.
En gare de Toulouse-Matabiau, pas de stress particulier pour les voyageurs ayant un billet. Mais pour ceux qui croyaient pouvoir en acheter un au dernier moment, impossible de quitter la ville rose lundi soir : les TGV pour Paris, Lyon, Bordeaux, affichaient complets. Comme les trajets en bus pour Paris.
À la gare de la Part-Dieu, à Lyon, bondée ce lundi en fin d’après-midi, les voyageurs étaient sur les nerfs, croisant les doigts pour attraper leur train avant le mardi noir annoncé.
Car c’est une autre pièce qui se jouera mardi matin pour les voyageurs des TGV et Intercités et les usagers quotidiens des TER en régions, RER et Transiliens en Ile-de-France.
Un TGV sur huit
Chez les personnels tenus de se déclarer 48 heures avant la grève, la SNCF a recensé près d’un cheminot gréviste sur deux (48 % contre 35,4 % le 22 mars) et jusqu’à plus de trois sur quatre chez les conducteurs (77 %).Le trafic sera donc « très perturbé », a indiqué la direction de la SNCF dimanche.
Sur les grandes lignes, la SNCF prévoit un TGV sur huit en moyenne, l’axe Sud-Est étant le plus impacté (un sur 10). Même chose pour les Intercités, dont sept lignes ne seront carrément pas desservies. Le patron de l’entreprise Guillaume Pepy avait averti que des lignes seraient « fermées ».
Dans l’Ouest
A Rennes, selon les prévisions publiées dimanche midi, seuls deux TGV seront au départ de la capitale bretonne mardi, tandis que du côté des TER, plusieurs lignes ne seront pas assurées, certaines voient leurs horaires modifiés, d’autre liaisons seront assurées en car.
Aucun TGV ne circulera ce mardi 3 avril au départ de la gare de Laval (Mayenne). Et seuls quelques TER en direction de Rennes depuis Laval, mais pas du Mans.
Dans la région Pays de la Loire, un TER ou car sur cinq circulera en moyenne ce mardi. A La Roche-sur-Yon (Vendée), il faudra faire sans train ce mardi. À la place, quatre cars seront affrétés pour la ligne 8 Nantes - La Roche - Les Sables.
En Normandie, les Intercités entre Caen et Paris ne seront par exemple que quatre à partir, demain mardi, contre treize habituellement.
En Ile-de-France, la circulation des RER sera variable selon les axes, allant d’un train sur deux à un sur cinq. Certaines branches ne seront pas desservies.
Un mouvement qui se conjuguera dans les airs avec la quatrième journée de grève chez Air France pour les salaires, avant une cinquième journée samedi, puis les 10 et 11 avril. La compagnie prévoit d’assurer 75 % de ses vols.
« Détruire le service public ferroviaire »
Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) sont vent debout contre le projet de réforme du rail. Il « vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique », écrivent-ils dans leur préavis.
Les remontrances de Guillaume Pepy ou de la ministre des Transports Elisabeth Borne, fustigeant une grève « décalée » ou « incompréhensible » au vu de la « concertation » engagée, n’y auront rien fait. Pas plus que l’annonce de la voie législative pour l’ouverture du rail à la concurrence, au lieu des ordonnances initialement envisagées.
Malgré des modalités différentes, CGT, Unsa, SUD et CFDT sont tous lancés dans la bataille. Suppression de l’embauche au statut à la SNCF, ouverture à la concurrence ou encore transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d’une future privatisation pour les syndicats, sont autant d’épouvantails à leurs yeux.
Ils estiment aussi que le projet de réforme « ne règlera pas le sujet de la dette (46,6 milliards d’euros fin 2017 pour SNCF Réseau, ndlr), ni celui des dysfonctionnements ».
En face, le gouvernement est tout aussi déterminé à tenir bon, voyant dans cette grève une « posture de blocage […] pas justifiée », comme l’a dit Elisabeth Borne.
« Négociations sur le fond »
Mais pour la CGT, première force syndicale de l’entreprise, « le gouvernement et la direction seraient mieux inspirés d’ouvrir des négociations sur le fond ». C’est-à-dire, a-t-elle expliqué, sur « ce qui conduit les cheminots à entrer dans l’action : l’avenir de la SNCF, sa pérennité et son développement ».
« Les négociations se poursuivent », avec « une dizaine de réunions » prévues cette semaine, a insisté lundi sur Europe 1 Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF. De son côté, Alain Krakovitch, directeur général de Transilien, a déclaré sur BFMTV que la grève coûterait « entre 10 et 20 millions par jour ».
Mardi, la tempête sociale ne s’arrêtera pas au rail et à Air France. Outre la grogne des étudiants, la CGT appelle à la grève dans l’ensemble de la filière déchets (public et privé) et a déposé aussi un préavis dans le secteur de l’énergie… La semaine s’annonce agitée pour le président Emmanuel Macron et son gouvernement.
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