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Pour les pilotes, la survie d'Air France-KLM n'est pas en jeu

Dimanche sur BFMTV, le ministre de l'Economie mettait en garde les grévistes sur les conséquences mortelles de leur mouvement sur la compagnie aérienne.

«Nous avons été choqués par les propos de Bruno Le Maire (...) Il n'a visiblement pas relu ses fiches (...) Air France n'a pratiquement plus de dettes», lance Philippe Evain, président du principal syndicat de pilotes chez Air France, ce lundi sur RTL. «Non la survie d'Air France n'est pas en jeu, en tout cas pas à court terme. On vient de réaliser les meilleurs résultats de notre histoire», poursuit-il. Des propos appuyés plus tard par Pascal Pavageau, secrétaire général de Force ouvrière, sur BFMTV: «Air France ne disparaîtra pas».

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Le ministre de l'Économie avait en effet averti, dimanche sur BFMTV, que la compagnie «disparaîtra si elle ne fait pas les efforts de compétitivité nécessaires», pour permettre d'affronter la concurrence internationale. Il a aussi rappelé que l'État n'était «pas là pour éponger les dettes» de la compagnie minée par un conflit salarial. «Les 14% que l'État a dans le capital d'Air France, c'est l'argent des Français. Comme ministre de l'Économie, je suis comptable du bon emploi de l'argent des Francais», a mis en garde le patron de Bercy. «Je ne pense que l'État doit sortir d'Air France. Je pense qu'il doit redevenir un Etat stratège et s'exprimer à hauteur de ce qu'il pèse dans la compagnie», a réagi Pascal Pavageau, ce lundi.

Vendredi, le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a annoncé sa démission à la suite du résultat d'une consultation des salariés. Ces derniers ont rejeté à 55,44% l'accord sur les salaires proposés par la direction, désavouant ainsi le PDG qui avait mis sa démission dans la balance. Un conseil d'administration s'est réuni, samedi 5 mai au soir, prenant acte de cette démission et annonçant la mise en place d'une solution de gouvernance de transistion le 15 mai. D'ici là, Jean-Marc Janaillac a accepté de rester aux commandes.

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Absence de dialogue social

Pour succéder à Jean-Marc Janaillac, Philippe Evain souhaite le même «avec une sensibilité au dialogue social plus prononcée». «Notre PDG était plutôt aimé dans notre entreprise», précise-t-il. Mais «notre conflit a pour origine le manque de dialogue social», poursuit le patron du SNPL tout en pointant du doigt le DRH, Gilles Gateau. Pour Pascal Pavageau, le gouvernement aurait également dû s'impliquer davantage et empêcher la tenue du référendum sur les salaires en encourageant la direction de la compagnie à poursuivre les négociations sans chercher à contourner les syndicats.

Contrairement à ce qu'espéraient les représentants des actionnaires, les syndicats n'ont pas stoppé le mouvement. Les grèves se poursuivent ce lundi et mardi et les onze syndicats se retrouveront en fin de journée pour décider de la suite du mouvement. Les salariés réclament une augmentation de 5,1% dès 2018 au titre d'un «rattrapage» nécessaire après six ans de gel des salaires, alors que la direction propose des augmentations générales de 7% sur quatre ans. Un niveau jugé beaucoup trop élevé par Bruno Le Maire: «Quand on a le niveau de rémunération actuel des pilotes, que l'on sait que l'entreprise est en danger, on ne demande pas des revendications salariales aussi élevées», a-t-il asséné. Mais pour Philippe Evain, «l'ensemble de la masse salariale des pilotes représente un milliard d'euros», «il n'y a pas un problème de salaire mais un problème de taxe». C'est «l'État qui fait peser près d'un milliard d'euros par an de taxes sur Air France. C'est tout ce qu'on a en moins pour investir», poursuit-il.

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Seuls deux syndicats avaient appelé à voter «oui» lors de cette consultation sur les salaires, dont la CFDT. Son secrétaire général, Laurent Berger, a d'ailleurs fait part de son inquiétude ce matin dans Les Échos. «Air France entre dans une grave crise de gouvernance dans un contexte économique et concurrentiel très difficile. Le dialogue social est bloqué car aux mains d'un syndicat de pilotes - le SNPL -, qui l'instrumentalise dans une logique corporatiste au mépris de la situation économique et des autres personnels. Il y a de quoi être inquiet et je le suis, tout comme nos équipes d'Air France. La CFDT, qui est la première organisation chez les personnels au sol, va continuer de se battre pour l'emploi et la situation des salariés de la compagnie aérienne», déclare-t-il. Intérêts catégoriels que Philippe Evain n'admet pas défendre uniquement: «tout le personnel a voté», répète-t-il.

» LIRE AUSSI - Qui est Philippe Evain, l'homme qui a eu la peau du PDG d'Air France-KLM?

85% des vols assurés

Au quatorzième jour d'une grève par épisodes lancée en février, la direction d'Air France prévoit d'assurer «près de 85%» des vols lundi. Le groupe aérien vise 99% de vols long-courriers, 80% des moyen-courriers depuis et vers l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle, et 87% des court-courriers à Orly et en province. Au global, il s'agit du taux d'annulation le plus bas enregistré depuis le début du mouvement, à égalité avec le 3 mai où une érosion de la mobilisation du personnel avait aussi été constatée.

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