
Même s'il se défend de donner des leçons au Président de la République, le JDD a recueilli les premières impressions du prix Nobel d'économie français, Jean Tirole, un an après l'élection d'Emmanuel Macron.
Concernant la méthode des ordonnances afin de réformer le Code du travail, qui ont crispé une partie de la société française, Jean Tirole juge que la réforme "va dans le bon sens" même si elle "est incomplète". Le président de la Toulouse School of Economics opterait pour un système de "contrats à durée indéterminée mais flexibles" afin de contourner l'abus de CDD que font les entreprises. L'économiste adopterait également un système de "bonus-malus" pour les entreprises. "Le système que je préconise se veut neutre détaille-t-il. Les entreprises qui licencient vont payer plus, les autres moins. C’est un rééquilibrage à cotisations constantes susceptible de diminuer le nombre des ruptures conventionnelles et des CDD, si coûteux en allocations chômage.
Jean Tirole juge avec bienveillance le système de plafonnement des indemnisations prud'homales. "Un juge, même intègre et compétent, n’a pas l’information nécessaire pour se substituer au dirigeant d’entreprise afin de juger de la légitimité des licenciements économiques" juge-t-il. Sur les accords d'entreprise qui peuvent primer sur les accords de branche, l'économiste se positionne également dans la ligne gouvernementale. "Un accord de branche étendu fait passer des coûts supplémentaires – salariaux ou non – dans les prix payés par les consommateurs analyse Jean Tirole. C’est en partie un accord de cartellisation."
Plus loin sur l'Europe
Concernant l'Union européenne, le prix Nobel veut aller plus loin que les propositions portées par Emmanuel Macron: "Il faut sauver l’Europe et ensuite relancer l’idéal européen. Pour cela, il faut plus de lois et de règlements communs." Il plaide pour " plus d’Europe : la France ou l’Italie sont trop petites face à Google ou à la Chine".
Interrogé sur le manque de dépenses sociales, Jean Tirole répond que "Les réformes doivent permettre de moderniser l’économie et de relancer la croissance, ce qui permettra de financer les dépenses sociales. Nous sommes tous attachés à un système qui nous a permis de mieux traverser la crise de 2008 que certains États américains, par exemple, car notre population était mieux protégée".
Enfin l'économiste français appelle à ne pas négliger la consultation des corps intermédiaires. "L’État doit exercer ses pouvoirs régaliens. Mais ne peut pas tout faire seul et doit consulter et dialoguer avec les corps intermédiaires".
https://www.challenges.fr/france/le-jugement-mitige-du-prix-nobel-d-economie-jean-tirole-sur-macron_596551
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Le jugement mitigé du prix Nobel d'économie, Jean Tirole, sur Macron"
Post a Comment