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Les retraités sont-ils vraiment les vaches à lait du gouvernement?

Retour aux vieilles recettes. Pour contenir la hausse du déficit budgétaire lié au ralentissement de la croissance, le gouvernement va quasiment "geler" les pensions de retraites, les aides au logement et les allocations familiales. Celles-ci ne seront augmentées en janvier prochain que de 0,3% alors que la hausse des prix atteindrait 1,7%, soit une économie de 3 milliards d'euros. La potion est amère pour les retraités qui ont déjà subi de plein fouet l'augmentation de la CSG (en hausse de 1,7 point pour tous ceux ayant un revenu fiscal de plus de 1.300 euros par mois).

Pouvoir d'achat en baisse

L'augmentation de la CSG intervenait elle-même après une longue série de mauvais coups au portefeuille de nos seniors. Aux hausses d'impôts des années 1990 se sont en effet succédé depuis 2008 la suppression de la demi-part des veuves, la fiscalisation de la majoration des pensions accordée aux parents de trois enfants et une taxe de 0,3% pour financer les aides aux personnes âgées dépendantes. Sans oublier trois années de gel des pensions de base et quatre années de gel des pensions complémentaires depuis 2014. "C'est simple, grince Francisco Garcia, patron d'une des principales associations de retraités, nous nous sommes transformés en vaches à lait des gouvernements successifs."

Lire aussi: Retraites: les pensions de réversion, un sujet explosif pour le gouvernement

"Aucune prestation sociale ne sera réduite. Les retraités ne seront pas perdants, leur pension de retraite sera revalorisée moins vite mais elle continuera à être revalorisée", a assuré le ministre des Finances Bruno Le Maire au micro de RTL. Certes, mais un rapide coup d'œil dans le rétroviseur montre que la très faible hausse annoncée sera plus sévère que les "gels" passés pour le pouvoir d'achat. Et pour cause : entre 2014 et 2016, l'inflation annuelle avait oscillé entre 0% et 0,5%, ce qui avait limité la portée des "gels" successifs. Cette fois, l'écart entre la revalorisation et l'inflation prévue conduira à une baisse du pouvoir d'achat de 1,4 %. Pour l'heure, le gouvernement n'a pas précisé si les retraites inférieures à 1.200 euros, traditionnellement épargnées par les "gels", bénéficieront d'une augmentation supérieure à 0,3%.  

Une chose est certaine, le pouvoir d'achat des retraites est en berne depuis plusieurs années. Les simulations du Conseil d'orientation des retraites, réalisées avant la dernière mesure annoncée, sur plusieurs profils types sont sans appel. Un retraité du privé de 85 ans, parti en 1992, a vu sa pension nette baisser de 7 % en vingt-cinq ans, en prenant en compte l'inflation. Une dégringolade encore plus forte pour les fonctionnaires de moyenne catégorie (-8%) et les cadres (-10%). Quant aux retraités de 70 ans, partis il y a dix ans, ils ont déjà subi un grignotage de 3% du pouvoir d'achat de leur pension pour les ex-salariés. En comparaison, le pouvoir d'achat du salaire moyen par tête a fortement progressé : 10,5% en dix ans et 30% en vingt-cinq ans.

Pourtant, un niveau de vie record

Pour autant, en moyenne, les retraités se portent bien. Malgré les multiples ponctions, leur situation n'a même jamais été aussi bonne. L'Insee est catégorique : leur niveau de vie moyen actuel représente près de 108% de celui de l'ensemble de la population. Un record historique. Les retraités du début des années 1970 bénéficiaient, eux, d'un niveau de vie équivalent à 70% de la moyenne nationale et celui des futurs retraités des années 2050 devrait osciller entre 86% et 96%, selon les hypothèses de croissance. "Les pauvres d'aujourd'hui sont moins souvent les retraités que les jeunes"avait observé Emmanuel Macron, fin août. C'est vrai : le taux de pauvreté des seniors (6,6%) est deux fois moins élevé que celui de l'ensemble de la population et trois fois moindre que celui des jeunes.

Comment les retraités s'en tirent-ils aussi bien ? Parce qu'ils jouissent d'autres sources de revenus, notamment du patrimoine (loyers, dividendes…). La fortune moyenne des sexagénaires s'élève à 340.600 euros, quand elle atteint 122.000 euros chez les trentenaires et 226.000 euros chez les quadras. Quelque 72% des plus de 60 ans possèdent leur logement et 42% détiennent une assurance-vie, quand moins de 60% des quadras sont propriétaires. Résultat : malgré une pension moyenne de 1.294 euros par mois, leur niveau de vie moyen atteint 2.014 euros.

Dans les classements, la France caracole d'ailleurs en tête des pays les plus généreux pour leurs retraités. Avec le Danemark, elle est même le pays "offrant la situation économique la plus appréciable aux personnes âgées"relève l'OCDE. Mieux, avec vingt-cinq ans passés à la retraite, les Français sont les champions du temps de repos après la vie active, soit cinq ans de plus que la moyenne des pays riches. Le climat hexagonal reste clément pour les seniors.

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