
On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Alors que les discussions à Abu Dhabi entre les membres de l'Opep et plusieurs pays non membres comme la Russie (l'Opep +, qui réunit 24 pays producteurs), n'ont pas abouti, comme prévu, à une baisse de la production de pétrole, Riyad a décidé de prendre les choses en main. Le ministre saoudien de l'Energie, Khaled Al Faleh, a annoncé dimanche que son pays allait réduire sa propre production, ce qui entraînera une diminution des exportations de 500.000 barils par jour en décembre. C'est ce qu'il a déclaré en ouverture de la réunion.
L'Arabie saoudite réagit ainsi vivement à la chute récente du prix du pétrole. Depuis son pic du 3 octobre , à 86 dollars, au plus haut depuis quatre ans, le baril de Brent a en effet plongé de plus de 18 %. Le royaume semble aussi avoir pris acte du manque de soutien de la Russie, qui ne semble pas prête à diminuer sa production d'or noir, sauf à ce qu'il y ait un consensus.
En fin de journée, les ministres réunis à Abu Dhabi sont tout de même convenus de dire que face à un marché qui sera en surproduction en 2019, « une nouvelle stratégie pour équilibrer le marché » était requise. « Je pense qu'il y a probablement un soutien à l'idée qu'il y a trop de pétrole sur le marché, alors que les stocks et les inventaires augmentent », avait estimé dans la journée, Mohammed Al Rumhy, ministre du Pétrole d'Oman. Il avait évoqué le chiffre d'une baisse de la production pouvant aller jusqu'à 1 million de barils par jour.
L'Arabie saoudite a donc décidé de jouer sa partition en solo, en attendant la prochaine réunion plénière de l'Opep, le 5 décembre à Vienne, où la question sera au coeur des discussions.
Pression américaine
Sous la pression de son allié américain, Riyad avait accepté ces derniers mois d'ouvrir un peu plus les vannes pétrolières face au risque de tassement de l'offre de pétrole, en raison des sanctions américaines contre l'Iran. Donald Trump s'était notamment emporté contre l'Opep, conscient des risques induits par la hausse des prix du pétrole en pleine campagne électorale. Il avait tweeté, sans équivoque : « Nous protégeons les pays du Moyen-Orient, ils ne seraient pas en sécurité très longtemps sans nous et pourtant ils continuent de faire monter les prix ! On s'en souviendra. Le cartel de l'Opep doit faire baisser les prix maintenant ! »
La Russie, le Koweït et l'Irak avaient aussi augmenté leur production, au côté de l'Arabie saoudite, pour un total de 1 million de barils par jour.
L'Opep en danger ?
Or, les sanctions contre l'Iran, entrées en vigueur il y a une semaine, se sont révélées moins draconiennes que prévu . Dans le même temps, les Etats-Unis ont fortement augmenté l'extraction de pétrole de schiste, alors que les anticipations de demande de pétrole ont été revues à la baisse dans un contexte de doute sur la croissance mondiale. Le comité réuni à Abu Dhabi a d'ailleurs noté que le ralentissement de la croissance pourrait avoir « des répercussions sur la demande mondiale d'or noir en 2019 et pourrait conduire à creuser l'écart entre l'offre et la demande ».
Mais l'Arabie saoudite n'a pas souhaité attendre le 5 décembre pour agir. Un choix solitaire, qui est aussi une façon pour Riyad de mettre la pression sur ses partenaires. Il y a quelques jours, un influent think tank saoudien, KAPSARC, s'était interrogé sur les conséquences d'une éventuelle dissolution du Cartel. En mars dernier, des rumeurs d'un rapprochement entre la Russie et l'Arabie saoudite pour mieux contrôler le marché pétrolier avaient alimenté les débats.
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