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Blocage patronal sur l'assurance chômage : mais que veut Macron ? - Le JSL

C'est François Asselin, le président de la CPME, qui a le premier claqué la porte. En colère contre le président de la République, accusé d'avoir "balayé d'un revers de main" des semaines de négociation des partenaires sociaux sur l'assurance chômage.

Le Medef et l'U2P ont aussitôt suivi. La négociation, qui devait reprendre jeudi, est "suspendue".

La provocation du Président

Qu'a dit Emmanuel Macron ? Jeudi, lors d'un débat citoyen dans la Drôme, il a réaffirmé sa détermination à imposer un bonus-malus aux entreprises sur l'usage des contrats à durée déterminée. Pour résumer, les entreprises paieraient davantage de cotisations sociales en cas de trop grand recours aux CDD, et moins dans le cas contraire.

"Les entreprises qui ne prennent que des intérimaires, en quelque sorte, elles s'habituent à prendre des gens qu'elles ne vont pas former dans l'entreprise", a expliqué le Président. "Elle externalisent la précarité". Et ces abus coûtent deux milliards d'euros à l'Unédic, qui gère l'assurance chômage.

"Et dedans, et dehors"

Ce n'est pas la première provocation d'Emmanuel Macron sur le sujet. En novembre, déjà, il avait annoncé la mise en place ce bonus-malus "dès l'année prochaine". C'était quelques jours avant l'ouverture de la négociation. "Il ne peut pas être et dedans, et dehors. Soit il laisse un temps pour négocier, soit non", avait grincé Jean-François Foucard (CFE-CGC).

Une promesse... de gauche ?

Le Président tient à ce bonus-malus, c'est une promesse de campagne. C'était le versant "sécurité" d'un programme penchant très fort vers la "liberté". Qu'il ressorte en pleine crise des gilets jaunes marque à l'évidence une volonté d'afficher une inflexion sociale, sinon de gauche.

Les syndicats ont d'ailleurs appuyé la sortie présidentielle. La CFDT a regretté "vivement" cette suspension "unilatérale". Elle "sonne comme une fin de non-recevoir à la nécessaire responsabilisation des employeurs sur cette situation que subissent de nombreux salariés". Plus radical, Philippe Martinez (CGT) d'imposer aux entreprises un malus sans bonus.

Les syndicats pas mieux traités

Les réactions des syndicats sont mesurées. Car ils ne sont pas moins sous la pression du Président. La nouvelle négociation sur l'assurance sur l'assurance chômage leur a été imposée par le pouvoir, alors qu'ils en avaient bouclé une première en février 2018. Dans une "lettre de cadrage" adressée au partenaires sociaux à la veille de l'ouverture de la négociation, le gouvernement agitait deux chiffons rouges: le bonus-malus pour le patronat, mais aussi, pour les syndicats, l'obligation de réaliser plus de 3 milliards d'euros d'économies.

La question est posée: que veut Emmanuel Macron ? Durant la campagne présidentielle, il a envisagé de faire passer l'assurance chômage, gérée par les partenaires sociaux, sous la coupe du gouvernement. Pour au moins une raison: l'Etat apporte une partie croissante des ressources, avec la suppression des cotisations salariales, et la baisse des cotisations patronales.

Force Ouvrière sonne l'alarme: le retrait des organisations patronales peut "conduire le gouvernement à reprendre la main sur la convention d'assurance chômage".

Retour de verticale ?

C'est la "méthode Macron" qui est en jeu. Dans la crise des gilets jaunes, il ne cesse de proclamer sa volonté d'une meilleure prise en compte de l'opinion des Français, et de leurs organisations syndicales. Il vante l'horizontalité d la participation... Mais cet épisode de l'assurance chômage montre que le réflexe de la verticalité est vite de retour.

A voir maintenant ce que le Président fera sur les retraites. Son haut-commissaire à la réforme Jean-Paul Delevoye a su gagner du temps pour multiplier les concertations. Le rendez-vous est maintenant fixé à l'été, pour une loi adoptée avant la fin de l'année. Avec quel niveau de "vraie" concertation ? 

Francis BROCHET

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