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Privatisation d'ADP: le gouvernement tente de calmer le jeu - Le Figaro

Bruno Le Maire a rappelé ce mercredi devant les députés que la privatisation s'accompagnera de garanties visant à protéger les intérêts de l'État, et éviter une hausse du prix des billets d'avion. Édouard Philippe a également défendu la solution de la concession.

La privatisation d'Aéroports de Paris (ADP) est la pomme de discorde actuelle du projet de loi Pacte, de retour ce mercredi à l'Assemblée nationale. Combattue par l'opposition, cette mesure est farouchement défendue par le gouvernement qui assure avoir posé des garde-fous pour encadrer vente, exploitation et missions régaliennes. Accusant l'État de vouloir «tuer la poule aux œufs d'or», à l'image de la privatisation des autoroutes devenues source de profits pour des multinationales, les opposants pointent les bons résultats d'ADP qui «a généré 175 millions d'euros de dividendes» pouvant «financer l'innovation». Ils s'inquiètent également des missions régaliennes (frontières, douane, sécurité).

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Le ministre de l'Économie a d'abord pris la parole pour défendre la privatisation d'ADP et calmer la colère des députés qui l'accusent de «vendre les bijoux de famille». Voulant «rétablir certaines vérités», Bruno Le Maire a évoqué les missions de contrôle des frontières, des biens et des personnes, qui resteront «sous le contrôle de l'État». «Il y a des inquiétudes légitimes sur les tarifs. Nous avons tiré les leçons des erreurs des autoroutes, les tarifs seront négociés tous les cinq ans» a-t-il ensuite précisé. Après le rejet du projet en février par le Sénat, il a promis de transmettre aux députés un cahier des charges «strict et contraignant» qu'il s'engage à mettre en place pour encadrer l'opération. «Le cahier des charges que je transmettrai renforce les garanties», assurait-il ce matin sur LCI.

En réponse aux critiques de la députée socialiste Valérie Rabault, le premier ministre Édouard Philippe est à son tour monté au créneau, constatant d'abord que l'offre actuelle de l'entreprise n'est pas «satisfaisante»: «la façon dont fonctionne aujourd'hui ADP est largement perfectible. Nous savons que la qualité de service, le montant des investissements et la connexion hub ne sont pas satisfaisants [...]. La capacité d'être actionnaire à 50% et un peu plus n'est pas nécessairement la garantie d'une prise de contrôle réelle, d'un contrôle suffisant», a -t-il poursuivi. «Il est utile de libérer du capital public, d'accroître le contrôle de l'État sur la régulation de l'infrastructure, pour financer (...) l'innovation de rupture», a-t-il enfin lancé, ajoutant que le choix d'une concession de 70 ans permettra à cet «actif stratégique» de se développer.

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Des garanties renforcées par un «cahier des charges»

Le «cahier des charges» préparé par le gouvernement prévoit notamment que l'État, qui possède 50,6% des parts d'ADP, attribuera une concession de 70 ans à l'issue de laquelle il reprendra la main sur toutes les infrastructures et le foncier. «Nous ne voulons pas privatiser pour l'éternité. Nous donnons une concession pour 70 ans. Nous ne remettons pas en cause les activités stratégiques: le contrôle des frontières, des passagers, resteront dans les mains de l'État. Toutes les décisions stratégiques resteront rigoureusement dans les mains de l'État», a rappelé le ministre ce matin, regrettant avoir entendu «beaucoup de contrevérités» sur ce projet. «Nous privatisons les activités commerciales: parking, hôtels et boutiques de luxe. Ces activités représentent 74% des résultats d'ADP et c'est cela que nous voulons privatiser», insiste-t-il. Aéroports de Paris bénéficie d'un droit d'exploitation exclusif des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly, Paris-Le Bourget, ainsi que de dix aérodromes en Ile-de-France.

L'ampleur du désengagement de l'État n'est pas tranchée

Le cahier des charges prévoit aussi des garanties pour les voyageurs. L'État aura ainsi le dernier mot sur la fixation des tarifs aéroportuaires dont l'évolution impacte le prix des billets. «Je ne veux pas voir les tarifs flamber comme avec les autoroutes. L'État garde la main sur les tarifs qui sont calculés tous les 5 ans», affirme Bruno Le Maire. Le gouvernement va également prendre des engagements pour éviter aux riverains de l'aéroport d'Orly une augmentation des nuisances sonores. Les créneaux de décollages et atterrissages resteront plafonnés à 250.000 par an tandis que le couvre-feu actuel, qui impose un arrêt des décollages et atterrissages entre 23h30 et 6 heures, sera maintenu. Un amendement en ce sens, signé par les députés LREM Marie Guévenoux, Amélie de Montchalin et Laurent de Saint-Martin, devrait être adopté.

Toutes ces garanties suffiront-elles à rassurer les députés de l'opposition opposés au projet de privatisation? Rien n'est moins sûr. Mais Bruno Le Maire a bien fait comprendre qu'il ne reviendrait pas sur sa décision. La vente des parts de l'État dans ADP, tout comme la privatisation de la Française des Jeux (FDJ) et la diminution de la participation de l'État dans Engie, servira à alimenter un fonds pour l'innovation doté de 10 milliards d'euros. Reste à savoir si l'État vendra la totalité de ses 50,6% de parts ou seulement une partie. Mardi, Benjamin Griveaux a semé le trouble en indiquant que l'État conserverait une participation d'«à peu près 20%» avant de rétropédaler. «Toutes les options sont sur la table. Ce n'est pas tranché. Cela le sera dans les prochains mois», affirmait ce matin Bruno Le Maire.

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