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Casino et Rallye suspendues à la Bourse de Paris après leur forte chute - Les Échos

L'histoire s'accélère pour Casino et sa maison mère Rallye. Après une journée difficile mercredi en Bourse, les cotations des deux titres ont été suspendues ce jeudi matin à Paris. Casino avait abandonné 6,40% la veille et perdait 3,4% juste avant la suspension ce jeudi. Rallye a lâché 7,09 %, mercredi. Les titres de Finatis et Foncière Euris, deux holdings de la galaxie du groupe de distribution, sont aussi suspendus de cotation.

Une communication est attendue dans la journée. Elle concernera les quatre sociétés qui assurent en cascade le contrôle de Casino par Jean-Charles Naouri. Les spéculations vont bon train. « Une forme de restructuration de la dette pourrait intervenir » a estimé pour Bloomberg un analyste de chez Bernstein. Le coût pour assurer les créanciers contre un « événement de crédit » - autrement dit un défaut de paiement, une restructuration de dette, etc - s'envole d'ailleurs : le CDS (credit default swap) de Rallye est passé de 2.500 points à 3.000 points dans la matinée. 

La tension monte depuis la présentation des résultats annuels. Les  agences de notations et analystes financiers ont émis des critiques en particulier sur la question de la dette. Rallye est fortement endettée et a mis des titres Casino (dont la maison-mère détient un peu plus de 50%) en garantie auprès de ses banques. La valeur de l'action Casino est donc surveillée de très près car c'est sur elle que repose l'équation financière. 

Dans une note vue par « Les Echos », Kepler Cheuvreux estime qu'à partir d'un cours de 33,70 euros, ce sont 100 % des actions Casino qui se retrouvent nanties par sa maison mère. En dessous de ce cours, la holding n'a plus de titres à apporter en garantie. « Si le cours tombait plus bas, il y aurait un appel de marge. Comme il n'y a aucune action disponible, Rallye devrait payer en cash et donc se tourner vers la ligne de crédit non collatéralisée pour repayer la part de l'autre crédit qui n'est plus couvert », explique la note. Un scénario qui inquiète.

Vendeurs à découvert

Le groupe a fait savoir en septembre 2018 qu'il avait obtenu une ligne de 500 millions d'euros auprès de cinq de ses banques de référence (BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, Crédit Industriel et Commercial, HSBC et Natixis), mais les conditions qui y sont attachées ne sont pas connues dans le détail. « Cette ligne de crédit additionnelle ne bénéficie d'aucun nantissement sur les titres Casino et renforce le dispositif de liquidité de Rallye », indiquait alors le groupe. Qu'ont demandé les banques pour prêter à la maison-mère du distributeur si elles n'ont pas exigé de collatéral ? Cette ligne peut-elle être tirée ? Telles sont les questions que se posent les intervenants de marchés. 

Pyramide de sociétés

La structure du groupe est aussi un point qui cristallise l'attention. Dans un entretien avec le « Financial Times » le 4 octobre 2018, le PDG de Casino avait répondu aux critiques de certains investisseurs sur la présumée opacité du montage juridique et financier du groupe : « Nous pouvons aisément fusionner les différentes structures. Ce n'est pas un problème ». 

Casino est devenu l'une des cibles privilégiées des fonds qui jouent l'action à la baisse. On les appelle des « short-sellers ». Jusqu'à 18 hedge funds ont « vendu à découvert » le titre l'an dernier, détenant plus du tiers du capital. Une situation qui avait  alarmé le gendarme boursier.

Ces investisseurs ont sans doute découvert la galaxie Casino après que le célèbre « short-seller » Muddy Waters eut publiquement critiqué le groupe, sa structure et son fort endettement à la fin 2015.  Muddy Waters jouit d'une certaine crédibilité sur les marchés, car il a mis au jour les pratiques  frauduleuses de plusieurs sociétés cotées. 

Prise de contrôle de Jean-Charles Naouri

Jean-Charles Naouri, ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy et père de la réforme qui a converti la finance française à la logique des marchés anglo-saxons, a pris le contrôle de Casino à partir de rien ou presque. Il s'est endetté à chaque niveau de la pyramide de ses sociétés. Il a d'abord racheté Rallye en 1991 avec Euris le fonds d'investissement qu'il avait créé. Rallye était à l'époque une entreprise de distribution qui exploitait des supers et hypermarchés dans l'ouest de la France. En 1992, le docteur en mathématiques et inspecteur des Finances met la main sur Casino en fusionnant le distributeur de Saint-Etienne avec Rallye.

Ces dernières années, le groupe a été pris à revers par la crise économique et politique du Brésil qui a tari la rentabilité de sa lucrative filiale brésilienne. En réponse, Casino a vendu d'autres filiales de Thaïlande et du Vietnam.

Plan de cessions

Les critiques sur l'endettement élevé ont persisté. Les dirigeants de Casino ont alors annoncé en juin 2018 un autre plan de cessions d'une valeur de 1,5 milliard d'euros, porté ensuite à 2 milliards. Le groupe a notamment vendu les murs de ses magasins Monoprix. L'objectif était de ramener de plus de 2 à 1 milliard la dette de Casino.

Pour rembourser sa propre dette, Rallye utilise les dividendes que lui verse Casino . Ces dividendes sont proportionnels aux résultats de Casino, lesquels, sans être mauvais, sont impactés par la conjoncture au brésil et la guerre des prix en France. Les investisseurs activistes contestent ces importants versements. Ils considèrent que cela appauvrit Casino et le prive de moyen d'investissements.

Rallye a passé sans encombre la dernière grosse échéance de sa dette, d'un montant de 300 millions, en mars dernier. La prochaine intervient dans plusieurs mois seulement.

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