
- L’Insee a publié ce mardi une étude qui s’intéresse aux carrières des salariés en CDD et en CDI sur plusieurs années.
- Les salariés en CDD peinent à décrocher un CDI et bénéficient d’une évolution de salaire moins avantageuse.
- L’Insee estime que l’existence d’une « trappe à précarité » est plausible, et empêche les salariés en contrats courts d’aller vers davantage de stabilité.
Enchaîner les contrats courts pendant des années nuit-il à la carrière professionnelle ? L’Insee publie ce mardi une étude pour tenter de répondre à cette question. Alors que le gouvernement va instaurer début 2020 un bonus-malus dans plusieurs secteurs abusant des CDD (hébergement-restauration, transport, etc), les auteurs de l’étude ont regardé comment les salariés en CDI évoluaient par rapport à ceux ayant des contrats à durée limitée (CDD, intérim, saisonnier). Pour cela, ils ont observé les mouvements du marché du travail en France sur sept ans, entre 2008 et 2015.
Le CDI, une stabilité affirmée
Premier constat : si on espère un jour avoir un contrat long, mieux vaut être en CDD au début de sa carrière qu’après 35 ans. En effet, la moitié des 16-35 ans en CDD en 2008 ont décroché un CDI sept ans plus tard. Ensuite, plus on vieillit, plus la perspective d’un CDI s’éloigne. Illustration avec les hommes âgés de 36 à 50 ans. Ceux qui avaient un contrat court en 2008 ne sont que 36 % à avoir signé un CDI en 2015. « Cet écart peut refléter une insertion sur le marché du travail particulièrement difficile pour les salariés plus âgés lorsqu’ils n’ont pas accès à un CDI » note l’Insee.
Par ailleurs, tous âges confondus, les salariés en CDD ont plus de chances de se retrouver au chômage dans leur carrière. Selon l’Insee, 20 % des salariés qui avaient un CDD en 2008 étaient au chômage en 2015. C’est deux fois plus que les salariés qui avaient un CDI au début de la période étudiée. Le côté stabilisateur du CDI est d’ailleurs renforcé par une autre statistique : 73 % des travailleurs en CDI en 2008 l’étaient toujours en 2015, et parmi eux, la moitié n’avait pas changé d’entreprise.
La prime à l’ancienneté
En ce qui concerne la rémunération, là aussi, les écarts entre CDD et CDI sont révélateurs. A première vue, les CDD ne sont pas forcément désavantagés. L’Insee relève en effet que, pour un salarié donné, le salaire d’embauche en CDD sera plus élevé que le salaire d’embauche en CDI (hors effet de la prime de précarité). Cela s’explique, selon les auteurs, par le fait que les salariés, au moment de signer un CDI, « acceptent des emplois dans des entreprises moins rémunératrices » mais qui leur offrent une certaine stabilité.
En revanche, plus la carrière avance, et plus les écarts de rémunération se creusent au détriment des contrats courts. « La progression du salaire avec l’expérience est plus forte en CDI qu’en CDD » note l’Insee. L’explication est plutôt simple : « Une fois en CDI, les salariés bénéficient de progressions à l’ancienneté prévues par les grilles conventionnelles, qui ne s’appliquent pas de la même manière pour les salariés en CDD ».
Piégés dans la « trappe à précarité »
Au final, que ce soit au niveau de la rémunération ou de la qualité de l’emploi, le CDD est loin d’avoir un effet tremplin sur la carrière. « L’ensemble des différences de parcours (…) accrédite la thèse d’un effet dit de « trappe à précarité » qui empêcherait une partie des salariés employés en contrat à durée limitée (…) de nouer une relation d’emploi stable avec un employeur, et même de s’insérer sur le marché du travail » conclut l’Insee. Maigre consolation relevée par l’étude : les personnes en CDD réussissent mieux à s’insérer dans l’emploi que les personnes au chômage.
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