
Voici venu le temps des dissensions au sein des institutions monétaires. Elles baissent leurs taux d’intérêt, sur vent de fronde. Le 12 septembre, la décision de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), a été fondamentalement critiquée par les banquiers centraux des Pays-Bas et de l’Allemagne. Mercredi 18 septembre, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, n’a été suivi que par sept banquiers centraux sur dix, dans son choix de baisser les taux directeurs d’un quart de point. Ceux-ci sont désormais situés dans une fourchette comprise entre 1,75 % et 2 %.
M. Powell a eu à subir la contestation d’une « colombe », James Bullard, le patron de la Fed de Saint-Louis (Missouri), qui aurait voulu une coupe franche d’un demi-point, mais aussi de deux « faucons », Esther George (Fed de Kansas City, Missouri) et Eric Rosengren (Fed de Boston, Massachusetts), qui auraient préféré le statu quo. Mme George et M. Rosengren s’étaient déjà opposés à la précédente baisse des taux, celle décidée en juillet. Cette décision a marqué une rupture, après le cycle de hausse engagé fin 2015, lorsque le loyer de l’argent était quasi nul, et qui s’était poursuivi jusqu’en décembre 2018. Cette normalisation avait été brutalement interrompue en fin d’année dernière par la crise des marchés financiers, la défiance des investisseurs industriels provoquée par le ralentissement chinois et les guerres commerciales menées par Donald Trump.
Sans surprise, à quinze mois de l’élection présidentielle de 2020, le président américain veut la politique la plus accommodante possible. Il s’est emporté sur Twitter une fois la décision connue : « Jerome Powell et la Fed échouent encore une fois. Pas de tripes, pas de sens, pas de vision ! Un communicant épouvantable », écrit, mercredi, le président des Etats-Unis, qui avait exigé, quelques jours plus tôt, que la banque suive l’exemple européen et abaisse ses taux à zéro. On a beaucoup écrit sur le fait que la Fed était tombée dans le piège de Donald Trump, forcée, selon son mandat, de soutenir l’emploi et la croissance dans un monde où l’inflation reste désespérément au-dessous de l’objectif de 2 %.
Une politique orthodoxe en comparaison à l’Europe et au Japon
Ce débat était celui de l’été. Les observateurs tentent désormais de décortiquer l’embarras et les dissensions au sein de la Fed. La réponse est simple, l’institution est un peu perdue et pilote à vue. Elle met en garde contre les risques géopolitiques, qui pèsent sur la croissance (le Brexit et les tensions dans le golfe Persique, même si M. Powell n’a pas cité ce dernier risque explicitement), les conséquences des guerres commerciales, qui dissuadent les industriels d’investir, et l’inflation, qui demeure trop basse.
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