Au premier jour des vacances scolaires, le trafic SNCF est à nouveau très perturbé, ce samedi, sur le réseau TER et certaines lignes franciliennes. Le Premier ministre dénonce un « détournement du droit de retrait » à « l’impact inacceptable ».
Édouard Philippe a dénoncé samedi un « détournement du droit de retrait » à l'impact « inacceptable » sur le trafic de la SNCF toujours très perturbé au premier jour des vacances scolaires, demandant à la direction d'examiner toutes les suites, « y compris judiciaires ».
« Nous sommes aujourd'hui au premier jour des vacances de la Toussaint, c'est trois millions de Français qui doivent, un jour comme celui-ci, prendre le train. Or ils sont pour un très grand nombre d'entre eux largement empêchés », a dit le Premier ministre à la mi-journée dans les locaux de la Gare de l'Est.
Il s'y est rendu alors que le trafic était très perturbé, comme la veille, par des contrôleurs et conducteurs qui ont décidé d'exercer un droit de retrait après un accident qui a fait 11 blessés mercredi, dont un conducteur.
Il y a un « détournement du droit de retrait qui s'est transformé en grève sauvage. Cette grève sauvage a un impact inacceptable pour des dizaines et des dizaines de Français », a insisté le Premier ministre qui a ajouté avoir « demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites qui pouvaient être données et notamment judiciaires ».
Plus tôt dans la matinée, le patron de la SNCF Guillaume Pepy a jugé « pas admissible » le mouvement qu'il a qualifié de « grève surprise ».
Les syndicats contestent cette analyse. « Le bras de fer s'est engagé sur le volet juridique. Nous considérons que c'est un droit de retrait car le danger n'est pas écarté », a expliqué samedi Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, deuxième syndicat du groupe.
Cet arrêt de travail fait suite à un accident survenu mercredi soir : un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau à Saint-Pierre-sur-Vence (Ardennes). La préfecture des Ardennes indique qu'il y a eu « onze blessés » dont certains ont été hospitalisés.
Des agents de conduite et contrôleurs ont fait valoir leur droit de retrait dès jeudi et plus encore vendredi matin, à la prise de service. Le conducteur, blessé et choqué, « a dû porter secours aux passagers car c'était le seul agent SNCF à bord! », a déploré SUD-Rail dans un communiqué.
« Je cours de hall en hall »
Une réunion de plus de cinq heures dans la nuit de vendredi à samedi entre la direction et les syndicats s'est soldée par un échec.
Dans la matinée, le trafic restait donc « très perturbé » sur les TER, avec une situation « sensiblement identique à celle d'hier », soit un train sur deux en moyenne, mais des disparités importantes selon les régions.« Le trafic TER régional est très proche de la normale », précisait-on ainsi du côté de la SNCF Paca, alors qu'à l'inverse, la SNCF Occitanie à Toulouse indiquait qu'il n'y avait « pas de circulation sur les TER », mais « quelques bus », et qu'« au fur et à mesure qu'on peut faire des trains, on les met en route ».
Sur le réseau Transilien, le service devait être très perturbé toute la journée sur les lignes B et D avec rupture d'interconnexion, ainsi que les lignes H et R, mais normal sur les autres.
Service également « très perturbé » sur les Intercités, indique la direction. Quant au trafic TGV, il est prévu normal sur les axes Est et Nord, mais avec 9 trains sur 10 sur l'axe Atlantique et l'Axe Sud-Est. Aucun train low-cost Ouigo ne circulait.
À Paris, Gare de Lyon, Marie est arrivée bien en avance avec son fils et son chien pour prendre un train en direction de Marseille, affiché avec 45 minutes de retard. « Il a déjà été annoncé dans trois endroits différents, je cours de hall en hall », explique la jeune femme qui part en vacances. « C'est l'aventure, tous les agents ont l'air débordés, ils nous répondent en regardant sur une application qui n'a pas l'air très réactive ».La SNCF précise que les échanges et remboursements sont possibles sans frais pour les billets TGV, Ouigo et Intercités.
SUD-Rail, ainsi que la CGT-Cheminots, FO-Cheminots et la Fgaac-CFDT, contestent le mode d'exploitation « équipement agent seul » qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs, alors que selon la direction « il existe depuis des dizaines d'années ».
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