Paul Volcker est mort dimanche 8 décembre à l’âge de 92 ans, selon la presse américaine. M. Volcker est mort à son domicile, à New York, des suites d’un cancer de la prostate, selon sa fille citée par des journaux.
M. Volcker a présidé la Banque centrale américaine de 1979 à 1987 où, d’une main de fer, il est parvenu à juguler une inflation galopante. Une silhouette à la De Gaulle, un humour pince-sans-rire, et doté d’un sens farouche de l’indépendance, Paul Volcker a traversé sa longue carrière de banquier et de grand commis de l’Etat en artiste de la politique monétaire.
Ce petit-fils d’immigrés allemands, né le 5 septembre 1927 à Cape May dans le New Jersey, passionné de pêche à la mouche, a fait ses études à Princeton et Harvard. Père de deux enfants, dont un fils atteint de paralysie motrice cérébrale, il s’est remarié en 2010, à l’âge de 83 ans, avec son assistante de longue date, après le décès de sa femme Barbara, douze ans plus tôt.
Il a consacré sa vie professionnelle à la politique monétaire. Embauché en 1952 par la Réserve fédérale de New York comme chercheur, il la quitte, en 1957, pour devenir économiste à la Chase Manhattan Bank. Enthousiasmé par Kennedy, il intègre l’administration du Trésor en 1962, où il fait carrière comme spécialiste des relations monétaires internationales. Il milite pour l’abandon du système de Bretton Woods et de la référence à l’étalon-or.
Pour lui, l’étalon-or a le défaut de ne pas faire le partage, dans les sorties de devises d’un pays, entre le déficit de sa balance des paiements courants et les mouvements de capitaux. En août 1971, il obtient gain de cause : Nixon annonce la fin de la convertibilité en or du dollar.
Très introduit dans le milieu politico-économique de Washington, il est nommé à la tête de la Fed en juillet 1979 par le président Carter. L’inflation est alors à 9 % et un ECU (euro) vaut 1,5 dollar. Dès sa prise de fonction, il lutte contre l’inflation en montant les taux d’intérêt. Résultat : en 1986, l’inflation est revenue à 3 %, mais au prix de la récession de 1982 et d’une série de défaillances bancaires.
Parangon d’une politique monétaire restrictive
Accusé d’avoir mené une politique monétaire trop restrictive, il s’est défendu en développant deux arguments : il a dû agir ainsi car la politique de Reagan, en creusant le déficit budgétaire, a amplifié l’inflation. Son action monétaire a été d’autant plus violente qu’elle s’est heurtée à une action budgétaire à contre-courant. A propos des dégâts sur les établissements financiers, il affirme alors que son rôle est de sauver les banques mais pas les banquiers.
Parallèlement, il a tenté de stabiliser le cours du dollar. Il est convaincu qu’une trop grande volatilité des changes nuit à la croissance. Suivant un style de vie très frugal, Paul Volcker n’était pas porté sur l’enrichissement. En 1981, il laisse ainsi sa fille s’endetter pour acheter une maison alors que les taux immobiliers sont à 15 %.
En 1985, sont signés les accords du Plaza, repris dans les accords du Louvre de 1987, qui visent à contenir cette volatilité.
Son activisme lui attire des ennemis et, en 1987, l’administration Reagan, lasse de l’entendre critiquer ses dérives budgétaires, lui choisit un successeur plus souple, M. Greenspan. Volcker se retire, annonçant sa décision de ne plus fumer le cigare.
Pourtant, après 2000, au fur et à mesure que la politique américaine s’emballe dans le laxisme monétaire et budgétaire – emballement dont la traduction la plus évidente est le passage d’un déficit extérieur de 1 % du produit intérieur brut (PIB) en 1996 à 8 % dix ans plus tard –, il est de plus en plus sollicité.
Sous l’administration Obama, dont il a été l’un des conseillers après la crise financière, M. Volcker a mis en place la « règle » bancaire, qui porte son nom, visant à éviter que les banques spéculent pour leur propre compte, et éviter ainsi une répétition de la catastrophe qui avait frappé l’économie américaine. Ces dispositions ont perdu de leur substance avec les politiques de dérégulation menées par l’administration Trump.
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