
Carlos Ghosn de retour devant les caméras pour une contre-attaque médiatique. Après sa fuite rocambolesque du Japon, où il est accusé de malversations financières et visé par un mandat d’arrêt, le magnat déchu de l’automobile doit donner, mercredi 8 janvier à Beyrouth, une conférence de presse très attendue.
L’ancien président-directeur général de Renault-Nissan-Mitsubishi, qui distille savamment ses déclarations depuis son arrivée le 30 décembre au Liban, son pays d’origine, a déclaré à une chaîne de télévision américaine qu’il avait des « preuves réelles » montrant qu’on voulait le faire tomber au Japon et qu’il allait donner des noms lors de cette conférence.
Son équipe de communication a méticuleusement organisé le processus d’accréditation des journalistes autorisés à participer à cette conférence de presse, qui aura lieu mercredi à 14 heures au syndicat de la presse, dans la capitale libanaise.
Carlos Ghosn, aidé de deux « barbouzes » américaines, s’est échappé du Japon à la fin de décembre par un jet privé, caché dans une malle de matériel musical, selon certains médias. Arrivé à Istanbul, il a changé de jet pour arriver à l’aube du 30 décembre au Liban, où il est entré muni d’un passeport français.
« Je peux enfin communiquer librement »
Sa fuite, qui fait déjà saliver les studios hollywoodiens, agace au Japon, où il avait été libéré sous caution. Les autorités ont dénoncé une évasion « injustifiable », tandis que le groupe automobile Nissan l’a qualifiée d’« extrêmement regrettable ». L’affaire a pris une ampleur internationale et des enquêtes sont en cours au Japon et en Turquie, où M. Ghosn a fait escale. Il fait aussi l’objet d’une demande d’arrestation d’Interpol, émise la semaine passée.
« Je n’ai pas fui la justice, je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias », avait-il assuré dans un communiqué au lendemain de son arrivée au Liban.
Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet privé au Japon, M. Ghosn avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de cent trente jours de prison. Assigné à domicile, il avait interdiction de quitter le Japon dans l’attente d’un procès dont la date n’avait pas été fixée, ainsi que de contacter son épouse Carole − visée désormais par un mandat d’arrêt de la justice japonaise.
M. Ghosn, détenteur des nationalités française, libanaise et brésilienne, fait l’objet de quatre inculpations au Japon : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (également poursuivi), et deux autres pour abus de confiance aggravé.
Ses avocats refusent une perquisition au Japon
Le magnat déchu, ses proches et sa défense clament depuis le début son innocence et soutiennent qu’il a été victime d’un « complot » ourdi par Nissan pour le faire tomber, avec la complicité des autorités japonaises, car il s’apprêtait à organiser une fusion entre Renault et Nissan. Lors de sa conférence, il entend nommer ceux qui seraient responsables de son arrestation, a-t-il confié à une journaliste de la chaîne de télévision américaine Fox Business.
Des procureurs ont tenté mercredi de fouiller les bureaux d’un de ses avocats, Junichiro Hironaka, et de saisir des ordinateurs, mais l’accès leur a été refusé, les avocats invoquant la « confidentialité entre un avocat et son client ».
Son équipe juridique en France a fustigé les accusations de Nissan quelques heures avant la conférence de presse. Les affirmations selon lesquelles le constructeur automobile a mené une investigation poussée sur son ancien patron sont une « grosse déformation de la vérité », ont-ils assuré dans un communiqué. Cette enquête « a été lancée et entreprise dans le but spécifique et prédéterminé d’écarter Carlos Ghosn », ont-ils ajouté.
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