Le tweet d'un député de Guyane, Gabriel Serville (GDR), dénonçant, photo à l'appui, le prix exorbitant d'un poulet fermier bio importé par avion et vendu 51, 41 € à Saint-Martin, a fait le buzz sur internet, relançant la problématique de la vie chère en Outre-mer.
Le député de Guyane Gabriel Serville a décidé de remettre les pieds dans le plat et de remonter au créneau en dénonçant le prix exorbitant d’un poulet importé de métropole.
Pour ce faire, il a publié un tweet jeudi 16 janvier dans lequel il dénonce la vie chère en Outre-mer en interpellant sur le prix "d'un poulet facturé à 51 € alors que 20 % des Antillais et 45 % des Guyanais vivent avec moins de 420 € par mois".
Retweeté 5 000 fois
Relançant ainsi le débat sur la "vie chère" pour les Ultramarins, son tweet a été retweeté depuis plus de 5 000 fois .
"Mais qui paye 51 euros le poulet ? Même déjà rôti, il coûte pas 51 € en métropole", s'insurge un internaute en réponse. "Le poulet à ce prix, j'espère qu'il était en business class avec une coupe de champagne dans l'avion", dénonce un autre.
Il n'y a pas de production locale, et des poulets bios, ce sont des poulets qui prennent l'avion
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Système U où le produit incriminé était vendu, il répond : "L'explication de ce prix est malheureusement simple. Il n'y a pas de production locale, et des poulets bios, ce sont des poulets qui prennent l'avion". Et de reprendre : "Ce poulet, en métropole, est vendu 10,75 € le kg, mais lorsqu'on l'achemine par voie aérienne, le kg de marchandise coûte 12 € à transporter, donc pour un poulet de 2 kg on arrive à un prix de 45 €, auxquels s'ajoutent des taxes, des frais de commercialisation et la marge du commerçant. D'où un prix final de 51 €", a-t-il ajouté.
Un courrier au Premier ministre
Le député rappelle qu'en mars 2019, il avait adressé un courrier au Premier ministre Edouard Philippe "pour demander du concret pour lutter contre la vie chère alors que les grandes surfaces se gavent avec des marges jusqu'à 55 % sur les produits de consommation courante aux Antilles Guyane. Pas de réponse".
.@EPhilippePM et @BrunoLeMaire 10 mois plus tard, mon courrier sur la vie chère attend tjrs 1 réponse. En attendant, des entreprises prédatrices se gavent sur les dos des Antillais et Guyanais en leur vendant des poulets à 50 euros. https://t.co/0lP4YZRLT7 pic.twitter.com/EfbGVZ8Pjw
— Gabriel Serville (@GabrielServille) January 16, 2020
Le coût du transport
"Le coût du transport est une réalité qui n’explique pas tout et qui est bien trop souvent utilisé par les distributeurs pour cacher des marges qui posent question", dénonce Gabriel Serville, interrogé par le magazine Capital.
Et de souligner l’écart important entre les marges pratiquées dans les territoires ultra-marins et celles de la France métropolitaine: "les marges pratiquées en Guyane atteignent 50 à 55 % contre 25 à 30 % dans l’hexagone”.
Des gens viennent à Saint-Martin et sont prêts à payer ce prix-là
Le porte-parole de Système U assure également que si "ce prix peut sembler exorbitant, il y a des gens qui viennent à St-Martin, qui veulent trouver des produits bios d'importation et sont prêts à payer ce prix-là. (...) Les clients ont pris cette habitude et nous réclament ces produits", assure-t-il.
Poulet de marque distributeur vendu 3.5 fois plus cher Outre-mer. Réponse de @ULesCommercants "on trouve des riches touristes aux maisons secondaires à Saint Martin pour les payer". https://t.co/BnIvgaQiyD
— Gabriel Serville (@GabrielServille) January 17, 2020
En juillet dernier, l'autorité de la concurrence a souligné que les prix étaient en moyenne de 12 % plus élevés qu'en métropole et même supérieurs de 19 % (Mayotte) à 38 % (Martinique) pour les seuls produits alimentaires.
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