
(BFM Bourse) - Le laboratoire pharmaceutique américain Gilead avance vers un traitement contre le Covid-19, ce qui a eclipsé la publication désastreuse du PIB américain (en contraction de 4,8%). Portée par cet espoir sur le front de la crise sanitaire, la Bourse de Paris poursuit sa remontée (+2,22%).
Gilead fait souffler un vent d'espoir sur les Bourses mondiales mercredi. Bien parti pour être le premier laboratoire à homologuer un traitement contre le Covid-19 après avoir fait état de résultats concluants quant à l'efficacité de sa molécule dans la plus grande étude à ce jour, la biotech californienne a permis au CAC d'enregistrer de solides gains dans le sillage de son annonce. Le baromètre parisien boucle ainsi la séance sur une progression de 2,22% à 4671,11 points.
Pour la symbolique, en remontant d'encore 1,43% mardi, le CAC 40 était parvenu à retrouver son niveau d'il y a un mois et demi, effaçant ainsi sa fameuse chute de 12,28% du 12 mars - la pire séance d'une histoire débutée en 1988 pour l'indice phare. Avec ce nouvel espoir sur le front de la pandémie, il s'éloigne un peu plus de son creux observé mi-mars à 3.720 points.
Un rebond qui ne manque pas de laisser dubitatifs un certain nombre d'observateurs. "Nous continuons à penser que les niveaux et les valorisations actuels sous-estiment encore les risques à venir, que ce soit en termes d'impact de la crise sur la croissance et les bénéfices, de l'échelonnement et de la progressivité de la reprise, du risque d'une seconde vague de contagion avec le dé-confinement et des pertes d'emplois plus permanentes si nous voyons davantage de faillites. En bref, nous ne nous attendons pas à une transition sans heurts vers "l'après-corona" et nous pensons donc que des risques de baisse subsistent", avertit Esty Dwek, responsable des stratégies de marché de Natixis Investment Managers Solutions.
Hésitant sur la direction à suivre dans la matinée (-0,2% vers 12h45) alors que l'imminence de la publication du PIB américain et la décision ce soir de la Fed (suivie de celle de la BCE jeudi) incitaient les opérateurs à la retenue, le CAC a en quelque sorte été "sauvé" par le "timing parfait de l'annonce de Gilead" comme le souligne Alexandre Baradez, analyste en chef chez le courtier IG.
De fait, le département du Commerce a annoncé en même temps que l’économie américaine avait subi, au premier trimestre, sa contraction la plus brutale (-4,8%) depuis la grande crise financière. Les économistes prévoyaient en moyenne une chute d'au moins 4,0% mais les estimations des analystes faisaient le grand écart (jusqu'à -15%), faute de repères face aux caractère inédit de la crise en cours. Cette contraction spectaculaire du PIB est notamment due à celle de la consommation des ménages, en repli de 7,6% sur la période janvier-mars. "Il n'y a eu que deux trimestres plus mauvais que celui là en 70 ans" rappelle Alexandre Baradez.
Wall Street dans le vert grâce à Gilead
Euphorisée par l'annonce du laboratoire californien, la Bourse de New York évolue en forte hausse mercredi matin, faisant fi d'indicateurs macroéconomiques par ailleurs retardés. À 18h, le Dow prend 2,2%, le S&P 2,55% et le Nasdaq 3,1%. L'indice technologique est également porté par le bond du titre Alphabet (+8,3%), la maison-mère de Google, ayant affiché (mardi après la clôture) une santé solide, notamment grâce à l'augmentation de l'activité du moteur de recherche en période de confinement.Solides résultats de Carrefour, Spie et Teleperformance
Parallèlement, l'actualité des valeurs françaises donne quelques raisons d'espérer, montrant qu'il reste toujours des poches de résistance voire de croissance même dans une économie confinée. Carrefour prend ainsi 3,7% après avoir fait état au premier trimestre d'un croissance de 7,5% à changes constants. Le groupe a également réitéré les objectifs de son plan stratégique Carrefour 2022. Le spécialiste de l''ingénierie électrique et technique Spie bondit de 15,7% et Teleperformance de 8,7%, après avoir vu ses revenus progresser de 6% au premier trimestre.
Les publications du blanchisseur Elis (+13,1%) ou même du fabricant de revêtements de sols Tarkett (+4,6%) et du producteurs de bouteilles et contenants en verre Verallia (+1,1%) sont aussi saluées.
Du côté des sciences de la vie, Amoeba fait le plein (+46%) après une présentation détaillée de ses ambitions dans le biocontrôle des cultures - le PDG Fabrice Plasson s'est exprimé à ce sujet sur BFM Bourse en exclusivité. Erytech Pharma prend 13% alors que que la Food and Drug Administration (FDA) américaine a accordé la désignation "Fast Track" à son candidat médicament eryaspase en tant que traitement du cancer du pancréas métastatique, tandis qu'Innate poursuit sur sa lancée (+1,6%) après le démarrage d'un essai clinique à Marseille dans le Covid-19.
Net rebond du pétrole
Toutes les publications ne sont pas accueillies aussi favorablement pour autant. Seb recule de 3,1%, avec un repli à deux chiffres de son activité au premier trimestre, et un impact encore accru sur ses résultats attendu au deuxième trimestre. M6 cède 0,2%, avec la baisse des recettes publicitaires. Rémy Cointreau limite son recul à 1%, les marques du groupe, mieux margées, ayant moins reculé (-4%) que le reste de son activité.
Du côté des devises, l'euro est toujours dans le vert à 1,0855 dollar (+0,31%) vers 18h10 tandis que les cours pétroliers bénéficient d'un net rebond, de 29,25% à 15,95 dollars s'agissant du WTI américain et de 6,64% à 24,25 dollars pour le Brent européen.
Quentin Soubranne - ©2020 BFM Bourse
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