Comme l'a expliqué Jeff Bezos, le fondateur de la multinationale, ses profits du printemps seront réinvestis pour la sécurité sanitaire de ses employés et de leur activité. Un bon coup alors que le géant est sous pression en France comme aux Etats-Unis.
Les résultats d’Amazon pour le premier trimestre étaient très attendus. Or si le leader mondial du e-commerce a particulièrement profité du confinement pour asseoir encore un peu plus son avantage dans de nombreux pays, les résultats sont finalement en demi-teinte : de janvier à mars, le géant a réalisé 75,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 26% sur un an, mais son bénéfice net a, lui, chuté de 29% pour s’établir à «seulement» 2,5 milliards de dollars. En partie à cause des dépenses liées à la crise sanitaire.
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Mais ce n’était pas là la principale annonce du groupe. «Si vous êtes actionnaire d’Amazon, je vous invite à vous asseoir, parce que nous avons de grandes ambitions [pour gérer la crise du coronavirus, ndlr]», a déclaré le milliardaire Jeff Bezos dans le communiqué accompagnant les chiffres du premier trimestre. Bezos a annoncé que sa firme n’affichera «aucun profit d’avril à juin», l’entreprise ayant prévu de consacrer l’intégralité des près de 4 milliards de dollars de bénéfice opérationnel prévus à la protection de ses employés avec notamment des tests à grande échelle. L’argent servira à acheter des équipements de protection, à mieux nettoyer les entrepôts et centres logistiques, à mettre en place la distanciation sociale, à mieux payer les employés en bas de l’échelle et à développer une infrastructure de test du virus, a assuré l’homme le plus riche du monde.
Colère dans les dépôts
Inattendue, l’annonce intervient dans un contexte particulièrement tendu pour Amazon aux Etats-Unis comme en France, où sa gestion de la crise a été vivement pointée du doigt. De nombreux travailleurs ont regretté de part et d’autre de l’Atlantique le peu de protections dont ils disposaient malgré l’activité intense de l’entreprise dans la période. En France, l’union syndicale Solidaires est allée en justice et l’a emporté, ce qui a contraint le géant américain à fermer ses dépôts français au moins jusqu’au 5 mai. «Il y a beaucoup d’incertitudes dans le monde en ce moment et le meilleur investissement que nous puissions réaliser porte sur la sécurité et le bien-être de nos centaines de milliers d’employés», a justifié Jeff Bezos.
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Peu avant ces annonces, des manifestants étaient venus réclamer des protections pour les salariés devant le domicile du milliardaire. Ils ont donc été en partie entendus même si cette annonce spectaculaire vise aussi à prémunir la firme de sanctions similaires à celles dont elle a écopé (et fait appel) devant la justice française. Elle doit également contribuer à calmer la colère qui enfle dans les dépôts en Europe comme aux Etats-Unis. Car les mois à venir seront importants pour le leader du e-commerce : le groupe a déjà embauché 175 000 personnes supplémentaires dans ses entrepôts américains pour faire face à la demande accrue et pour le deuxième trimestre, Bezos prévoit une augmentation des ventes comprise entre 18% et 28%, soit des revenus entre 75 et 81 milliards de dollars. Pour l’heure, sa décision a été sanctionnée en Bourse, où l’action Amazon perdait entre 4,5% et 5% lors des échanges électroniques après la clôture de Wall Street.
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