- Début mars, la pandémie a provoqué l’effondrement des valeurs boursières partout dans le monde.
- Profitant de cette baisse des prix des actions, de nombreux particuliers ont décidé d’investir.
- Les spécialistes mettent en garde contre de telles pratiques si l’intention est d’en tirer des plus-values à court terme. D’autant que les perspectives dans les prochains mois sont particulièrement incertaines.
Après avoir dévissé avec la pandémie de Covid-19, les marchés boursiers ont entamé leur remontée. Depuis début juin, l’indice du CAC 40 flirte avec la barre des 5.000 points. C’est encore loin des plus de 6.100 du 19 février dernier, mais mieux qu’au 18 mars, où le cours avait touché le fond, à 3.754 points. Pariant sur un rebond, de nombreux particuliers se sont mis à investir, flairant les plus-values. Fin avril, l’autorité des marchés financiers avait repéré la tendance, constatant que plus de 150.000 nouveaux investisseurs avaient, pour la première fois, acheté des actions du SBF 120 en mars, multipliant alors par trois les achats d’actions.
Mais se lancer en Bourse en ce moment est-il vraiment une bonne idée ? Certains magazines spécialisés l’assurent et détaillent déjà comment procéder. « C’est le moment d’investir en Bourse », avait même lancé, le 10 mars, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie Agnès Pannier-Runacher, suscitant la polémique. De fait, « si on a acheté à 4.000 et vendu à 5.000, on a gagné », observe Alexandre Garel, enseignant-chercheur en finance à Audencia Business School.
De bonnes affaires en Europe
Sauf que « les comptes qui ont été ouverts durant le mois de mars n’ont pas retiré leur mise », explique Andrea Tueni, directeur de la relation client chez le courtier Saxo Bank, qui propose à ses clients d’investir en Bourse. Il observe encore, même après le déconfinement, « un nombre conséquent d’investisseurs qui souhaitent se positionner sur les marchés ». Confinés chez eux, ils avaient du temps pour faire le point sur leurs finances. Une situation qui, selon ce courtier, aurait aussi favorisé les placements en Bourse.
Ces investisseurs attendent la hausse des cours en Europe, où les marchés « sont encore en retrait », souligne-t-il. Aux Etats-Unis, les marchés ont repris de manière spectaculaire grâce à la Réserve fédérale américaine. Celle-ci a déjà soutenu l’économie américaine à hauteur de 10 % du PIB américain, soit environ 2,3 trillions de dollars. Pour autant, Andrea Tueni incite à la prudence.
Des marchés « erratiques »
Et pour cause, les marchés sont « erratiques », guidés par deux forces qui s’opposent. Il y a d’un côté les mesures prises par les gouvernements, qui incitent à l’optimisme des investisseurs. Mais de l’autre, l’incertitude liée à la pandémie, dont les marchés tiennent compte en l’absence de vaccin.
Aussi, la perspective d’une reprise en « V » – une chute brutale suivie d’un rebond équivalent – convainc de moins en mois. Certaines études consacrées aux conséquences économiques de pandémies antérieures montrent « qu’on a des séquelles sur les comportements d’investissement et d’épargne qui peuvent durer pendant plusieurs décennies », explique Christopher Dembik, chef économiste de Saxo Bank. Il ne se montre « pas spécialement optimiste » aussi vu le cours qu’a pris la reprise en Asie, qui a quelques semaines d’avance sur l’Europe. Là-bas, « on est grosso modo sur une reprise du commerce international en "L", extrêmement graduelle », avec une demande encore faible dont témoignent les cours des matières premières, explique l’économiste.
Pour ce qui concerne l’Europe, « on va être pénalisé par un manque d’ambition du côté des politiques budgétaires », poursuit Christopher Dembik. Selon lui, le plan de relance de la Commission européenne de 750 milliards d'euros, dont les subventions devraient en l’état être versées entre 2023 et 2024, arriveront trop tard. Quant aux budgets européens destinés à renforcer l’économie européenne, « au mieux vous allez avoir 0,08 % du PIB européen par an [qui y sera consacré] », ce qui est insuffisant.
Des mauvaises nouvelles possibles à la rentrée
Si pour l’heure, les marchés sont en hausse, la donne pourrait changer à la rentrée à l’annonce des faillites, des restructuations et des hausses du chômage. « Une nouvelle phase de baisse ne peut être exclue, suscitée par un possible regain de la pandémie ou des révisions massives à la baisse des bénéfices des entreprises en 2020 », souligne aussi la Banque de France dans son rapport publié le 23 juin.
Bref, pour investir, « il faut être prêt à ce que cet argent ne soit pas mobilisable et rester long et diversifié », c’est-à-dire sur des périodes de dix à vingt ans, rappelle Alexandre Garel. D’autant que les pièges existent. « Par rapport aux professionnels, les particuliers ont tendance à prendre leurs gains plus tôt, mais aussi à garder leurs positions perdantes plus longtemps », explique l’enseignant-chercheur. Il met donc en garde ceux qui voudraient jouer les malins. D’autant qu’à court terme, il est « improbable que les particuliers aient de meilleures informations » que des spécialistes davantage rompus à l’exercice.
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