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Le projet d’un système de paiement européen se concrétise - Journal La Croix

Le projet était sur les rails depuis plusieurs mois. En 2018, la Banque centrale européenne (BCE) souhaitait que se crée un standard de paiement européen, pour disposer d’une alternative face aux géants américains Visa et Mastercard et aux nouveaux acteurs chinois qui gagnent du terrain.

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Jeudi 2 juillet, le projet s’est précisé. Seize banques européennes, de cinq pays différents (France, Allemagne, Espagne, Belgique, Pays-Bas), ont lancé les fondations de ce qui sera le futur standard de paiement européen baptisé European Payment Initiativ (EPI). En France participent au projet, BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Crédit Mutuel, La Banque Postale et le groupe Banques populaires Caisses d’épargne.

Souveraineté de paiement

Cette nouvelle structure traiterait les paiements sans passer, comme c’est le cas aujourd’hui, par les réseaux américains Visa ou Mastercard. Aujourd’hui, un paiement par carte bancaire d’un Français en voyage en Espagne transite via Mastercard ou Visa. Et toutes les données qui vont avec (informations bancaires, nature de l’achat…).

« La culture de la donnée est différente en Amérique du Nord et en Chine, souligne Thierry Laborde, directeur général adjoint de BNP Paribas. En Europe, le RGPD (Règlement général sur la protection des données) structure les échanges. On a une culture de la vie privée, d’où la nécessité de proposer cette alternative. »

Aux côtés de la BCE, la Commission européenne appuie l’EPI : « La Commission a toujours publiquement encouragé et appelé de ses vœux l’émergence de solutions de paiement innovantes d’origine européenne et de portée paneuropéenne », développe une source de la Commission européenne. Et de préciser que cette dernière présentera « à l’automne une stratégie pour un marché européen des paiements ».

Ce standard de paiement européen pourra, à terme, se substituer aux réseaux Mastercard et Visa, ainsi qu’aux réseaux nationaux. En France, il s’agit du groupement des Cartes Bancaires, celui du logo « CB ».

Défi d’innovation

« Il ne faut pas opposer les systèmes nationaux au projet EPI, souligne néanmoins un banquier proche du dossier. Cette transition du national vers l’européen pourra se faire en douceur. Les compétences des pays européens seront mises en commun pour avoir une plus grande force de frappe. »

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Derrière l’enjeu de souveraineté, l’EPI est aussi un défi en termes d’innovation. « L’Europe doit montrer qu’elle n’est pas qu’une consommatrice de solutions de paiement d’autrui mais qu’elle est aussi force de proposition. C’est un projet en phase avec ses projets en matière de numérique », poursuit ce même banquier.

Alors qu’en Europe, 50% des transactions de paiement de détail se font en espèce, le projet se veut adapté aux nouveaux usages des consommateurs : e-commerce, paiement instantané, paiement de particulier à particulier (dit « P2P »). « En France, deux amis peuvent se faire un virement instantané en quelques secondes. Si l’un deux est en Allemagne, c’est impossible. Il faut faire un virement international qui va prendre trois jours et qui est coûteux…, explique Thierry Laborde, directeur général adjoint de BNP Paribas C’est une difficulté que rencontrent aussi les commerçants. Le marché européen du paiement est très fragmenté. C’est donc avant tout un projet pour faciliter les échanges pan européens, Visa et Mastercard continueront d’être nos partenaires ».

Une longue procédure

Techniquement et financièrement, « l’investissement est très important. C’est une solution européenne, pas une petite « fin tech » (« jeune pousse » spécialisée dans la technologie financière, NDLR) qui se lance dans son coin », souligne un banquier proche du dossier. Le nouveau système de paiement s’appuiera sur plusieurs structures européennes existantes.

Cela représente un gros travail de « migrations des transactions » en perspective, prévient Thierry Laborde, surtout en France, qui, parmi les cinq pays participants, constitue une part importante des transactions : « Alors que les Allemands utilisent essentiellement du cash, la France est le pays de la carte bancaire. »

La procédure prendra du temps. « On se donne neuf mois pour chiffrer le projet, accueillir les autres banques européennes qui voudraient nous rejoindre, choisir une marque et structurer la gouvernance du système, précise ce dernier. Début 2022, il faudrait que les premiers flux arrivent. »

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