Une électrique pour 6 000 € ? La promesse parait un peu trop belle pour être vraie et pourtant, la petite Citroën Ami est bel et bien disponible à ce prix depuis juin. Seul hic, ce n’est pas tout à fait une voiture…
Citroën la présente comme une petite révolution, susceptible de réconcilier les citadins avec le transport individuel motorisé. Le constructeur évite cependant soigneusement le mot voiture, préférant l'expression compliquée « objet de mobilité urbaine ».
Un positionnement prix unique
Quoi qu'il en soit, l'Ami arrive en ville, avec un mode commercialisation innovant. Si vous fréquentez les enseignes Fnac et Darty vous l'avez même peut-être déjà vue, puisqu'elle y est présentée depuis juillet. Son premier atout est bien sûr son prix : 6 000 € bonus écologique de 900 € déduit, voilà qui fait mouche.
Certes, on peut arguer qu'on trouve d'excellentes voitures d'occasion à ce prix, mais c'est ignorer que le premier prix des sans permis traditionnelles à moteur diesel se situe aux environs de 11 000 €. Quant aux voitures électriques « premier prix », on se situe plutôt aux alentours de 15 000 € bonus écologique inclus.
En achetant l’Ami, on accède à un engin extrêmement compact, motorisé par un moteur électrique de 8,6 ch, alimenté par une batterie de 5,5 kWh, une capacité à mi-chemin entre ce que propose une hybride simple et une rechargeable.
Citroën propose trois versions de l’Ami, qui ne diffèrent en réalité que par leur présentation. Dépourvue d’enjoliveurs, l’Ami Ami proposée à 6 900 €, arbore une apparence un peu brute. Contre 400 €, on peut donner un peu plus de peps à l’auto moyennant quatre packs de couleurs à installer soit même. Il comprend des enjoliveurs, des stickers décoratifs, des tapis de sol, une pince pour smartphone, un crochet de sac, des filets intérieurs et un dongle qui permet de connaître à distance l’autonomie du véhicule via une application.
Enfin, la marque propose deux versions, Pop et Vibe, facturées 6 900 € et 7 360 € bonus écologiques inclus. Ces modèles très personnalisés ouvrent la voie à d’autres propositions de décoration. D’ailleurs, Citroën présentait lors des essais des modèles décorés aux couleurs de Paris destinés à son opérateur Free2Move. Celui-ci propose d’ores et déjà l’Ami à la location, à 18 € l’heure pour les non-abonnés.
Enfin, plusieurs formules de location longue durée sur 48 mois sont proposées avec des mensualités à 19,99 € moyennant un premier loyer de 2 641 € pour le modèle de base.
Le règne du low tech
Si le dessin très industriel de l'Ami vous laisse espérer un fort contenu technologique, détrompez-vous : tout, dans sa conception, trahit la recherche d'économie. Lorsque c'était possible, Citroën a repris des éléments de la banque d'organes du groupe PSA, à commencer par le train avant proche de celui d'une Peugeot 208, la colonne de direction et certains plastiques.
La voiture utilise une structure tubulaire bien visible à bord, et limite au strict minimum les équipements. Ils se limitent donc à un chauffage une position, un essuie-glace, un klaxon et un support de téléphone portable qui peut être alimenté par une prise USB. Pour écouter la musique à bord, le constructeur propose en accessoire une enceinte Ultimate Ears Boom 3 décorée aux couleurs de la voiture. Néanmoins, à 149 €, elle est facturée 44 € plus chère que dans le commerce !
Le seul écran présent à bord est celui, petit et monochrome, qui fait face au conducteur. Il est chargé d'informer sur la vitesse et la charge. Dans l'esprit de Citroën, ce véhicule n'est destiné qu'à des trajets urbains courts et ne nécessite donc qu'un confort minimal. C'est pourquoi les sièges sont si peu rembourrés.
Heureusement, l'espace à bord est généreux, y compris pour les grandes tailles : le mètre 87 de votre serviteur n'a eu aucun mal à s'installer, même si le réglage du siège conducteur se limite à la longueur. Placé un peu plus en arrière, le passager est encore mieux logé.
Des performances suffisantes en ville
Pour être homologuée « sans permis » et donc accessible aux adolescents à partir de 14 ans moyennant le passage du permis AM (une journée de formation), l'Ami est limitée à 45 km/h et n'est pas autorisée à circuler sur voie rapide — y compris sur les périphériques des grandes villes. Néanmoins, sa légèreté et le couple immédiat de son moteur électrique qui entraîne les roues avant lui confèrent une nervosité certaine jusqu’à cette vitesse : on se maintient très facilement dans la circulation et on peut même prendre momentanément l’avantage sur les voitures classiques au démarrage au feu rouge, où on fait même parfois cirer les pneus.
Sa conduite ne recèle aucun secret : il suffit d’appuyer sur le bouton D placé à gauche du siège conducteur et d’accélérer, exactement comme une voiture classique. A noter qu’au lever de pied, un système de régénération au freinage entre en action et fonctionne jusqu’à l’arrêt de l’Ami, si bien qu’il est possible avec un peu d’anticipation de rouler en utilisant très peu la pédale de gauche.
Les freins « physiques », bien aidés là encore par la masse réduite de l’auto, se montrent plutôt efficaces. Néanmoins, en cas de freinage sec, l’arrière manifeste son indépendance, si bien que l’engin peut se retrouver légèrement de travers. Pas très sécurisant, mais pas vraiment dangereux compte tenu de la vitesse d’évolution.
Nous n’avons pas eu l’opportunité en à peine plus de deux heures d’essai d’évaluer l’autonomie réelle de l’engin, estimée à 70 km par Citroën. Cependant, après 35 km parcourus et plusieurs tours de Paris, il restait encore à la jauge un bon tiers de capacité annoncée. Autant dire que par rapport à l’utilisation ponctuelle et urbaine à laquelle elle est destinée, le rayon d’action apparaît suffisant : l’Ami fatigue son conducteur plus vite que sa batterie.
Précisons enfin qu’elle se recharge en seulement 3 heures sur une prise de courant classique. Voilà qui change des dizaines d’heures requises par les « vraies » voitures électriques. On apprécie évidemment le petit gabarit de ce véhicule pour affronter la ville : sa largeur réduite lui permet de se glisser dans n’importe quelle rue et son rayon de braquage record fait merveille dans les manœuvres. Elle se glisse dans les plus petites places de stationnement en un tournemain.
Un confort primitif
Autre avantage de la motorisation électrique : le niveau sonore raisonnable (on ne parle pas de silence), et surtout l’absence de vibration. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de rouler à bord d’une voiture sans permis traditionnelle, dont la plupart sont équipées d’un bicylindre diesel, apprécieront. C’est sans doute là la seule vraie qualité de confort de la petite Citroën. Si l’amortissement nous est apparu plutôt efficace compte tenu de l’empattement très réduit du véhicule, la rudesse des sièges nous rappelle combien leur rôle est essentiel dans une automobile classique.
Autre élément gênant : la ventilation de l’habitacle, baigné de lumière grâce au toit panoramique, se limite aux demi-fenêtres battantes façon 2CV. Dès que le soleil d’été apparaît, elle s’avèrent bien vites insuffisantes et l’Ami se transforme en étuve. Mois d’août oblige, nous n’avons pas pu vérifier l’efficacité du chauffage et du désembuage commandés par un seul bouton. Autre lacune, la rétrovision, très limitée. Les rétroviseurs façon bicyclette, réglables en passant la main par les demi-fenêtres, apparaissent en effet un peu trop petits, tandis que le rétroviseur central intérieur brille par son absence. Certes, la visibilité périphérique, excellente, permet de pallier à cet inconvénient. Mais dans la jungle urbaine, où il est plus que jamais nécessaire de surveiller ses alentours, le manque est patent, surtout pour ceux qui ont perdu la souplesse du cou nécessaire pour se retourner.
Toujours au chapitre des récriminations, l’Ami ne dispose pas de vrai coffre. Certes, un logement placé devant le passager avant permet de glisser un sac de course ou une valise cabine, tandis que les portes offrent des bacs généreux. Néanmoins, il ne sera pas possible d’utiliser l’Ami pour transporter des objets volumineux, alors que c’est justement l’un des cas où la voiture se révèle indispensable en ville.
Bilan : faut-il craquer pour la Citroën Ami ?
Au terme de cet essai, la question se pose de savoir à quel type d’usage répond l’Ami.
Elle apparaît comme la définition la plus radicale de ce que peut être une voiture urbaine. A ce titre, elle coche toutes les bonnes cases : petite, non polluante et assez nerveuse pour se faufiler dans le trafic. Reste qu’elle est soumise aux mêmes lois que les autres quatre roues, de plus en plus mal vus dans l’espace urbain : elle n’échappera pas plus que ses congénères aux embouteillages interminables et aux plans de circulation ubuesques. Il n’y a qu’en matière de stationnement qu’elle fait vraiment la différence.
N’enterrons cependant pas si vite cette nouveauté : protégée des intempéries, elle constitue, grâce à son prix accessible, une véritable alternative sécurisante aux deux roues, notamment pour les adolescents périurbains. Elle se réserve également une riche carrière dans l’autopartage : elle risque bien, grâce à son prix modique, d’être retenue par de nombreux opérateurs urbains. C’est naturellement déjà le cas de Free2move, la division spécialisée de PSA.
Fiche technique Citroën Ami
Dimensions Lxlxh (en mètres) : 2,41 x 1,39 x 1,52
Empattement : 1,72 m
Volume de coffre : pas de coffre
Poids à vide : 485 kg
Nombre de places : 2
Moteur : Un moteur électrique à l’avant
Puissance : 8,6 ch
Couple : 40 Nm
Batterie : 5,5 kWh
Direction : A crémaillère non assistée
Suspension avant : Pseudo McPherson, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs télescopiques
Suspension arrière : Traverse déformable, amortisseurs télescopiques
0 à 100 km/h : N/A
Vitesse maximale : 45 km/h
Autonomie (constructeur) : 70 km
Prises de recharge : Prise classique
Prix et équipement Citroën Ami
Citroën Ami Ami : 6 900 €
Ami avec kit couleur : 7 300 €
Ami Pop : 7 800 €
Ami Vibe : 8 260 €
Bonus écologique quadricycle électrique : 900 €
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