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Vaccin contre le Covid-19 de Pfizer : cinq questions qui restent en suspens - Sud Ouest

Les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech ont suscité une vague d’espoir dans le monde en annonçant que leu vaccin contre le Covid-19 était, selon des résultats préliminaires, efficace à 90%. Mais face à une technologie qui n’avait encore jamais fait ses preuves et à un virus toujours mal connu, plusieurs questions restent en suspens. Tour d’horizon des espoirs et des inconnues. 

Est-il facile à produire en grande quantité ? 

Quatre types de vaccins anti-Covid sont actuellement développés dans le monde. Celui de Pfizer et BioNTech utilise une technologie dite à ARN messager (ARNm), qui consiste à n’injecter que des morceaux du matériel génétique viral qui dictent à notre système immunitaire quels anticorps il doit générer pour lutter contre le coronavirus. Contrairement aux vaccins conventionnels faits de virus inactivés (polio, grippe), atténués (rougeole, fièvre jaune), ou d’antigènes (hépatite B), il est donc inutile de cultiver ou inactiver un pathogène en laboratoire. Les vaccins à ARNm ont donc l’avantage de pouvoir être produits très rapidement en grande quantité. 

Efficace "à 90%", mais sur qui ?

Pendant des mois, les chercheurs ont mis en garde contre un vaccin qui ne serait efficace qu’à 60 ou 70% et ne serait donc pas suffisant pour lutter contre le Covid. Or le vaccin de Pfizer et BioNTech, actuellement en phase 3 d’essai clinique, permet selon eux de réduire les cas d’infection de "plus de 90%". Un résultat d’autant plus encourageant qu’il porte sur 43 500 volontaires. Une telle efficacité ferait se hisser ce vaccin parmi les plus protecteurs, avec ceux contre la rougeole (93 à 98%) et la rubéole (96%), tandis qu’à titre de comparaison, celui contre la grippe est efficace à 60% en moyenne (cela dépend des années). 

Mais tous ces résultats sont pour l’instant parcellaires. On ignore notamment si le vaccin est efficace chez les personnes à risque, c’est-à-dire âgées et/ou souffrant d’obésité, de diabète, d’hypertension ou de comorbidités (maladies cardio-vasculaires notamment).

Quelles sont l’intensité et la durée de la réponse immunitaire ?

Autre question : ce vaccin empêche-t-il carrément d’être infecté par le Sars-CoV-2 ou évite-t-il seulement les formes graves ? Et est-ce qu’avoir reçu ce vaccin implique qu’on ne peut plus transmettre le Covid-19 ? Là encore, pas de réponse à ce stade, faute de publication des données scientifiques.

Et surtout, combien de temps ce vaccin protège-t-il ? Les éléments dévoilés par Pfizer et BioNTech ne permettent pas non plus de le dire. L’efficacité de 90% a été mesurée sept jours après l’injection de la deuxième et dernière dose du vaccin, soit 28 jours après la première (trois semaines séparant les deux injections). C’est un "bémol", explique Bruno Pitard, directeur de recherches au CNRS. Ces résultats préliminaires semblent montrer que "les individus vaccinés sont vraiment armés une semaine après" la deuxième injection, mais cela "ne nous dit pas ce qui va se passer après". Pour Bruno Pitard, l’un des enjeux est de savoir comment l’efficacité du vaccin évolue avec le temps : "Après trois semaines, puis un mois, puis deux, puis trois puis quatre, on verra si la protection est toujours la même".

Des défis logistiques ?

Si l’innocuité du vaccin est confirmée d’ici la semaine prochaine, Pfizer a prévu de déposer une demande d’autorisation à l’Agence américaine des médicaments (FDA). Chez nous, c’est l’Agence européenne des médicaments (EMA) qui examine les données de Pfizer et BioNTech. Après quoi, ce sera à la Commission européenne de trancher sur la mise sur le marché du vaccin dans l’UE, sachant qu’elle a conclu en septembre un accord préliminaire pour en précommander 200 millions de doses. Si tout se passe bien, le vaccin pourrait être disponible en 2021 en Europe. Mais il reviendra alors aux Etats de décider quelles populations vacciner en priorité, quand et comment. Un vrai défi logistique pour une campagne d’une telle ampleur. 

Sans compter que les vaccins à ARNm doivent être conservés à très basse température (-70°C pour celui de Pfizer/BioNTech), ce qui peut être un frein de taille pour leur distribution dans le monde entier. "C’est un problème", souligne Bruno Pitard.

"Quand vous allez chercher votre vaccin contre la grippe chez votre pharmacien de quartier, il va le prendre dans le frigo de son arrière-boutique. Mais il n’a pas de frigo à –80°C".

Cette technologie a-t-elle fait ses preuves ? 

Enfin, le vaccin développé par Pfizer et BioNTech est basé sur une technologie très innovante, mais qui n’avait encore jamais fait ses preuves. À ce jour, il n’existe aucun vaccin à ARN approuvé pour un usage sur l’homme.

Mais la recherche y travaille. Moderna développe ainsi depuis des années des vaccins à l’ARNm contre Zika, la grippe, le virus d’Epstein-Barr (mononucléose), le virus respiratoire syncytial (bronchiolite…), le cytomégalovirus (souvent sans gravité mais qui peut poser un risque chez le fœtus) et contre des cancers. Et le Covid-19 a donné un énorme coup d’accélérateur, en particulier grâce à des financements publics. 

Reste que si le vaccin Pfizer et BioNTech se montre aussi efficace que promis, les deux entreprises devront tout de même continuer à rassembler des données sur sa sécurité et ses éventuels effets secondaires, même si "aucun problème sérieux" n’a selon elles été observé à ce stade.  

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