Cible de la justice française et japonaise, interdit de déplacement du fait d’un mandat d’arrêt international, l'ex-PDG de Renault-Nissan a aussi perdu de sa superbe sur le plan financier. Dès mardi, il commencera à préparer avec son avocat les auditions prévues avec les magistrats français en janvier.
Mardi, Carlos Ghosn quittera son élégante demeure aux façades pastel de la rue du Liban pour se rendre dans les bureaux de son avocat historique, Carlos Abou Jaoude, situé à deux pas du palais de justice. Au programme, quatre jours de séances d’entraînement avec ses avocats français, venus spécialement de Paris. Objectif : préparer les auditions prévues avec les magistrats qui se déplaceront à Beyrouth, à partir du 18 janvier.
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Cible de la justice française et japonaise, interdit de déplacement du fait d’un mandat d’arrêt international, Carlos Ghosn a aussi perdu de sa superbe sur le plan financier. Celui qui, avant ses ennuis, était crédité par l’agence d’information financière Bloomberg d’une fortune de 120 millions de dollars, a depuis pas mal dépensé et peu gagné. En se sauvant du Japon, il a tiré un trait sur la caution de 14 millions de dollars qu’il avait laissée à la justice japonaise. Il faut ensuite y ajouter les frais liés à son évasion spectaculaire, organisée par une officine spécialisée dans ce type d’escapade. Au bas mot, 15 millions de dollars pour repérer les lieux, louer deux jets, et rémunérer l’équipe organisatrice. En revanche, ses avocats, aussi bien à Beyrouth qu’à Paris ou à New York, ne sont pas sa principale source de dépenses.
Déconfiture de l’économie libanaise
De surcroît, Carlos Ghosn ne peut plus compter depuis sa démission sur les 15 millions d’euros de salaire annuel qu’il cumulait à la tête de Renault et Nissan. En revanche, ses investissements au Liban demeurent, même si leur valeur est fatalement affectée par la déconfiture de l’économie libanaise, et la dévaluation vertigineuse de la monnaie locale. L’ex-PDG détient 6% du capital de l’un des principaux établissements financiers du pays, la banque Saradar. Avant la crise, cette participation était évaluée par l’un de ses proches à 10 millions de dollars. Carlos Ghosn est également investisseur immobilier au Liban. Il s’est associé à la banque Saradar pour la construction d’un programme de 50 chalets de luxe dans la principale station de ski libanaise : une opération de près de 50 millions de dollars.
En association avec la famille libanaise Debanné, Carlos Ghosn est également présent dans le vin. Il possède 40% du vignoble Ixsir, situé au nord de Beyrouth. Une exploitation qui était évaluée à 25 millions de dollars avant l’effondrement économique. Enfin, celui qui détient trois passeports (libanais, français et brésilien) est propriétaire d’un terrain de 20 000 m2 dans la capitale libanaise. Un espace pour le moment vierge de toute construction.
Retraite «chapeau»
Aujourd’hui, compte tenu des poursuites lancées contre Carlos Ghosn et des dépenses qu’il a dû engager, Bloomberg a ramené l’estimation de sa fortune de 120 à 70 millions de dollars, soit une chute de 40%. L’intéressé espère peut-être «se refaire» devant les tribunaux. En effet, sa séparation avec Renault n’est pas des plus amiables. Il estime avoir été contraint à la démission, et réclame devant le conseil des prud’hommes une indemnité de fin de carrière de 250 000 euros, le paiement d’une clause de non-concurrence de 4 millions d’euros, et une retraite «chapeau» de 770 000 euros par an. Pour finir, Carlos Ghosn s’estime privé de l’attribution d’actions Renault en 2019, au titre de ses résultats en 2018. A cet égard, il réclame 30 millions d’euros. Devant les tribunaux, l’ancien boss n’est pas uniquement en défense, mais aussi à l’offensive.
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