Le milliardaire américain Jeff Bezos va quitter son poste de PDG du géant de la vente en ligne Amazon. Il l’a annoncé dans une lettre adressée à ses employés, mardi 2 février 2021. L’homme d’affaires dit vouloir s’investir dans d’autres projets. Voici lesquels.
Le long courrier, en forme de lettre ouverte, s’adresse au 1,2 million d’employés d’Amazon. Dans ce texte, Jeff Bezos, le fondateur du géant de la vente en ligne, annonce qu’il va quitter son poste de président-directeur général de la société, au cours du troisième trimestre de l’année.
La nouvelle, rendue publique mardi 2 février 2021, soulève beaucoup de questions, et notamment sur les futures activités de celui qui était encore l’homme le plus riche au monde jusqu’au début du mois de janvier.
Dans son courrier, le milliardaire américain livre quelques pistes, et écrit notamment ceci : « J’ai l’intention de concentrer toute mon énergie et mon attention sur de nouveaux produits et de nouvelles initiatives », au sein d’Amazon mais aussi en dehors du groupe. Il dit aussi vouloir se dégager « du temps et de l’énergie » pour différents projets. Les voici.
Un rôle toujours important au sein d’Amazon
Il faut d’abord préciser que si elle a fait grand bruit, l’annonce de Jeff Bezos est toutefois à tempérer : l’homme d’affaires passe bien la main à Andy Jassy, l’un de ses proches collaborateurs, mais il reste cependant président exécutif du conseil d’administration d’Amazon.
Ce titre est de plus en plus utilisé par des chefs d’entreprise, en poste depuis un certain temps, qui « s’approchent de la retraite mais estiment qu’ils doivent encore guider leur entreprise » , décrypte le quotidien américain The Wall Street Journal , très bien informé sur les questions économiques. Et à 57 ans, « il n’est pas question de retraite », tranche le milliardaire dans son courrier.
Ce changement de titre « ne diminue pas l’influence » de Jeff Bezos au sein du groupe, ajoute Peter Crist, le président du cabinet de recrutement de cadres supérieurs Crist Kolder Associates, au micro de ce même journal. « Jeff ne s’en va nulle part », résume Brian Olsavsky, le directeur financier d’Amazon, cité par le quotidien américain The New York Times .
Jeff Bezos le dit lui-même dans sa lettre : « Je vais rester engagé dans des initiatives importantes lancées par Amazon. ». Toutes ces annonces interviennent alors que l’entreprise a enregistré une explosion du nombre de commandes en raison de la pandémie de Covid-19.
Plusieurs projets philanthropiques
Les premiers projets évoqués par Jeff Bezos dans son courrier électronique relèvent de la philanthropie. Il y a d’abord le Day 1 Fund, lancé en 2018. Cette année-là, le milliardaire a promis de donner plus de 1,6 milliard d’euros à ce fonds. Objectifs : « Financer des associations qui aident les familles sans domicile fixe, et créer de nouvelles crèches, à but non-lucratif, dans des quartiers défavorisés », lit-on sur le site de l’institution.
Autre initiative, le Bezos Earth Fund. L’idée ? Financer les travaux « de scientifiques, de militants, d’organisations non-gouvernementales et de quiconque propose des solutions tangibles pour préserver et protéger le monde naturel », énumère Jeff Bezos sur le réseau social Instagram en février 2020, au moment du lancement de ce fonds.
Il promet également d’injecter plus de 8,3 milliards d’euros dans ce fonds, « pour commencer ». L’annonce intervient vingt jours après la publication, par 300 employés d’Amazon, de critiques de la politique environnementale du groupe, soulignait alors l’Agence France-Presse (AFP).
En novembre dernier, il lance une première vague de financements. Seize institutions, parmi lesquelles le WWF, le Fonds mondial pour la nature, reçoivent une enveloppe totale de plus de 659 millions d’euros, rapportait la chaîne de télévision américaine CNBC.
En investissant ainsi dans des projets philanthropiques, Jeff Bezos marche ainsi dans les traces d’un autre milliardaire qui a fait sa fortune dans le secteur des nouvelles technologies devenu philanthrope : Bill Gates. « Comme Bezos vingt ans plus tôt, Gates avait une réputation du tueur dans le monde de l’entreprise, mais ses actions philanthropiques l’ont aidé à devenir une figure largement appréciée », analyse ainsi le site web américain Vox .
Le tourisme spatial avec Blue Origin
Jeff Bezos entend également s’intéresser davantage à une autre entreprise qu’il possède : Blue Origin. C’est une société spatiale qui prévoit, notamment, d’envoyer des touristes dans l’espace. Lancée en l’an 2000, elle est restée sous les radars pendant plusieurs années. En 2015, Blue Origin lance les premiers vols d’essai de sa fusée réutilisable New Shepard, retrace le magazine américain Wired .
Six ans plus tard, à la mi-janvier 2021, l’entreprise réalise son quatorzième vol de test de la fusée. « C’était l’une des dernières étapes avant que Blue Origin puisse envoyer son premier équipage dans l’espace », analyse encore CNBC. La société pourrait effectuer un premier vol habité dès le mois d’avril, selon les informations de la chaîne de télévision.
Le quotidien américain The Washington Post
Le milliardaire évoque une autre de ses entreprises, dans laquelle il souhaite davantage s’investir : le Washington Post . En 2013, Jeff Bezos a racheté le vénérable quotidien américain. Et l’homme d’affaires a rapidement transformé ce titre, jugé moribond au moment de son rachat.
Il a beaucoup investi dans les développements numériques du journal, transformant son site internet et ses applications mobiles. Et cela a fonctionné : trois ans après son rachat, le Washington Post avait doublé la fréquentation de son site web et était rentable, indiquait la chaîne de télévision américaine CNN en 2016. Le média a également embauché de nombreux journalistes, ces dernières années.
Ce rachat a surpris beaucoup de commentateurs, qui se sont interrogés sur les motivations de Jeff Bezos. Prestige ? Profit ? Levier d’influence politique ? Le milliardaire, en tout cas, « ne s’est pas mêlé de la couverture de l’actualité », une manière de dire qu’il n’aurait pas influencé les journalistes, notait le magazine américain Politico en 2018.
Dans le courrier adressé à ses employés et rendu public, Jeff Bezos cite seulement ces différents projets. Et n’en dit pas plus sur les rôles qu’il entend jouer dans ces différentes fondations et entreprises.
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