Les prix des carburants toujours plus hauts - Les Échos

Les prix des carburants poursuivent leur folle envolée en France, à la faveur de la poursuite de la guerre qui a fait flamber les cours du pétrole. Le litre de gazole s'est renchéri de 25 centimes en sept jours, une augmentation exceptionnelle sur une période aussi courte. Il était commercialisé 2,141 euros en moyenne la semaine dernière dans les stations-service françaises, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique dévoilées ce lundi.

L'essence a elle aussi battu de nouveaux records historiques. Le litre de SP 95-E10 se vendait en moyenne 2,029 euros, 15 centimes de plus que la semaine précédente. Effet inattendu de la crise russo-ukrainienne , le gazole est maintenant plus cher que l'essence, malgré une fiscalité moins lourde. La France importe en effet le quart de son gazole de Russie. Cette catégorie de carburants est donc encore plus touchée par les perturbations du marché.

Volatilité

Apparue au début du mois, l'inversion des prix du gazole et de l'essence s'est accentuée la semaine dernière. L'écart entre les deux carburants dépasse désormais 10 centimes par litre. C'est d'autant plus inquiétant que le gazole est, de loin, le carburant le plus utilisé en France. Il représente plus des trois quarts des volumes écoulés.

La hausse cache en réalité une forte volatilité, conséquence de la guerre. Le prix du gazole a bondi en début de semaine dernière, avant de reculer fortement les jours suivants. Sur les marchés de gros à Rotterdam, la principale cotation européenne pour le gazole s'est même effondrée, passant de 1.287 dollars à 1.043 dollars la tonne, une chute de près de 20 % en sept jours.

Baisse attendue

«Cette baisse devrait se répercuter au cours des prochains jours dans les prix à la pompe pour le gazole, sauf bien sûr en cas de nouvelle perturbation inattendue», prévoit Olivier Gantois, président de l'Union française des industries pétrolières. «Au-delà des effets de yo-yo, la tendance lourde est bien à l'augmentation, et c'est pourquoi le gouvernement a voulu agir», explique-t-on au sein de l'exécutif.

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce week-end une mesure d'urgence pour réduire les prix à la pompe de 15 centimes par litre , tous carburants confondus, du 1^er avril au 31 juillet. Ce coup de pouce coûtera 2 milliards d'euros aux finances publiques. Les distributeurs de carburants devront prendre la ristourne à leur charge et se faire rembourser ensuite par l'Etat. «Il y aura une avance de frais qui pourra être un problème pour les petits distributeurs indépendants», reconnaît-on au gouvernement, où l'on travaille à une solution.

Jeu de la concurrence

Jean Castex a appelé les stations-service à faire un effort supplémentaire de 5 centimes par litre, mais cette demande ne se traduira pas par une obligation. «Nous voyons ce que chacun peut faire en fonction de ses possibilités, poursuit la même source. On ne peut pas demander la même chose à de grands réseaux comme Leclerc et Total ou à de petites stations-service indépendantes».

«L'Etat ne fixera pas les prix. Chaque distributeur est appelé à faire un effort et le jeu de la concurrence entre les stations-service fera le reste», explique Olivier Gantois. Le gouvernement considère que les pétroliers et la grande distribution ont les poches assez profondes pour répondre à son appel.

TotalEnergies, Casino et d'autres ont d'ailleurs lancé des opérations promotionnelles de leur propre initiative ces dernières semaines. «Ca sera plus difficile» pour «les petites stations-service rurales», a reconnu le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur LCI lundi.

VIDEO. Quels sont les pays les plus dépendants au gaz et pétrole russe ?

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