
Même si l’incendie est loin d’être éteint, l’or noir brûle un peu moins fort. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé mardi en deçà de 100 dollars pour la première fois depuis le deuxième jour de l’invasion de l’Ukraine, il y a presque trois semaines, dans un marché préoccupé par un ralentissement économique en Chine.
Le prix de référence pour cette variété de pétrole a reculé de 6,53 %, pour terminer à 99,91 dollars, tandis que le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en avril a lui cédé 6,37 %, à 96,44 dollars.
Confinement en Chine
« Après avoir chuté de plus de 20 % par rapport aux sommets de la semaine dernière, le pétrole brut est entré dans le territoire du marché baissier », a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez ThinkMarkets. « C’est la Chine qui a eu le plus gros impact » sur les prix mardi, a pour sa part fait valoir Stephen Schork analyste et auteur du Schork Report. La décision de Pékin d’ordonner le confinement de dizaines de millions de personnes pour contenir des foyers de Covid-19 « suscite clairement des inquiétudes sur le marché quant à la demande. »
La Chine est en effet, et de très loin, le premier importateur mondial de pétrole, avec un peu plus de 10 millions de barils par jour. « Le risque sur la demande chinoise est réel », a abondé, dans une note, Louise Dickson, analyste du cabinet Rystad Energy, qui a évoqué une baisse potentielle de la consommation d’un demi-million de barils par jour liée aux confinements.
L’analyste prévient néanmoins que si, à court terme, un ralentissement de la demande chinoise est de nature à faire baisser les cours de l’or noir, elle pourrait, à plus long terme, aggraver les problèmes d’approvisionnement avec de nouvelles fermetures d’usines et générer davantage d’inflation.
La Russie un acteur clé du marché
Les cours de l’or noir sont aussi redescendus en réaction aux espoirs « que les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine puissent conduire à une désescalade », selon Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. Une résolution du conflit « pourrait conduire à des sanctions moins sévères à l’encontre de la Russie et alléger les pressions sur l’offre ». La Russie est le deuxième exportateur de pétrole brut au monde.
Enfin, autre facteur contribuant à la baisse de mardi : la Russie a assuré avoir reçu de Washington la garantie que les sanctions la visant à cause de l’Ukraine ne concerneraient pas sa coopération avec Téhéran, semblant lever un obstacle à la relance de l’accord sur le nucléaire iranien. Une issue positive des négociations entraînerait la levée des sanctions contre l’Iran, membre fondateur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Un retour de l’Iran à pleine capacité d’exportation pourrait renverser l’état actuel de l’offre mondiale d’or noir. En 2020, le pays produisait près de 2 millions de barils par jour mais n’en exportait que 404.500.
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