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Les marchés actions ont finalement décroché, et une fois de plus, la tempête est venue des Etats-Unis. Certes, la Fédérale Réserve s'est montrée moins agressive que prévu, à l'issue des deux jours de réunion de son comité de politique monétaire, en écartant le scénario d'une accélération de son resserrement monétaire, malgré une très forte inflation. Au final, la banque centrale américaine s'est contentée, comme prévu, d'augmenter ses taux de référence de 50 points de base, et non de 75 points de base comme certains le redoutaient.
« Les banques centrales tiennent un discours très ferme mais laisse finalement les marchés agir à leur place », estime un gérant obligataire. « Elles ont beaucoup perdu en crédibilité et c'est pourquoi nous assistons à un krach obligataire depuis le début de l'année », ajoute-t-il.
Places européennes dans le rouge
C'est le point de crispation sur les marchés. Ces derniers doutent désormais de la capacité de la Fed à enrayer l'inflation sans casser la croissance. Le spectre de la récession en 2023 surgit même aux Etats-Unis, comme en témoigne l'aplatissement de la courbe des taux. Un scénario encore impensable il y a un mois à peine.
Du coup, les valeurs de croissance (à cause des taux) et les valeurs cycliques (ralentissement économique) plongent de concert, à l'exception du pétrole et des matières premières. Après un jeu de montagnes russes, les indices américains résistent cependant sur la semaine, avec le trou noir de jeudi, une séance plombée par les valeurs de technologie.
Plus surprenant est le décrochage des Bourses européennes, au terme d'une saison de publication de résultats trimestriels plutôt de bonne facture. Ainsi, le CAC 40 cède plus de 4% sur les cinq dernières séances, pour enfoncer le seuil des 6.300 points. Idem pour l'Euro Stoxx 50 et les autres indices européens.
Comme rien n'est simple sur les marchés, c'est plutôt les bons chiffres de l'emploi aux Etats-Unis qui semblent avoir effrayé ce vendredi les investisseurs. Pas de chance, la croissance est toujours forte outre-Atlantique, ce qui ouvre la porte à une succession de relèvement de taux aux Etats-Unis de 50 points de base en juin, juillet et peut-être même septembre (a priori exclu). Entre crainte de l'inflation ou peur d'une récession, les marchés ne savent plus vraiment à quel saint se vouer pour vendre. Tout cela entraîne beaucoup de volatilité, au plus grand profit des opérateurs de marché.
Toujours pas d'alternative
Reste que, selon un responsable des investissements d'une société de gestion, « à 6.300 points, les actions commencent à redevenir attractives ». Les actions américaines ont fortement baissé depuis janvier, les actions européennes un peu moins, mais compte tenu des résultats publiés et même de révisions plutôt haussières sur les perspectives de résultats 2022, le prix des actions est revenu à des niveaux de 2017, soit environ 18 fois les profits sur le S&P 500 et 13 fois sur le CAC 40.
Les investisseurs pourraient alors revenir tactiquement sur les actions, d'autant que l'alternative sur le crédit fait encore peur. La baisse a été en effet violente - plus de 10% sur les taux longs en trois mois - et beaucoup anticipent toujours une nouvelle poussée de fièvre sur les taux obligataires.
De quoi décourager les téméraires qui seraient tentés par des rendements devenus beaucoup plus intéressants sur la dette senior de qualité. Mais il n'y a toujours pas beaucoup d'acheteurs, excepté les assureurs. Les fonds crédit étaient même en décollecte à la fin du mois d'avril. Il reste encore beaucoup de liquidités à placer et les actions apparaissent toujours comme un refuge. Sous réserve bien sûr d'une forte dégradation de la situation en Ukraine.
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