L'euro à parité avec le dollar : une première depuis 2002, mais quelles conséquences en tirer ? - Actu Orange

Orange avec Media Services, publié le samedi 16 juillet 2022 à 07h00

La devise européenne a atteint, mardi 12 juillet, l'équilibre avec le billet vert. C'est la première fois que cela arrive depuis vingt ans.

Mais pourquoi cette parité et quels effets peuvent produire cette parité historique ? Voici quelques éléments de réponse. 

L’euro est à parité avec le dollar, en ce mardi 12 juillet. C'est une première depuis l'année 2002. Au printemps dernier, il valait pourtant autour de 1,2 dollar. L’euro a ainsi perdu 13,2% sur un an. Cette dépréciation inquiète les marchés et les investisseurs, qui privilégiaient le billet vert, considéré comme une valeur refuge. Le dollar a en effet gagné 14% depuis le début de l'année. 

Des effets sur la flambée des prix et sur le pouvoir d'achat des ménages 

Selon les données d'Eurostat, l'office européen des statistiques, près de la moitié des produits qui arrivent dans la zone euro (19 pays) sont facturés en dollars, contre moins de 40% en euros. Cela concerne notamment certaines matières premières, comme le pétrole ou le gaz, dont les cours sont en hausse depuis le début de la guerre en Ukraine, qui a commencé le 24 février dernier. 

"Les produits importés perdent en compétitivité (...) et sont donc plus chers", a indiqué à l'AFP Isabelle Méjean, professeure à Sciences Po. Cela signifie donc que si l'euro est déprécié, alors il faut davantage de monnaie européenne pour acheter les produits importés en dollars. Conséquence : cela entraîne une accélération de l'inflation et menace donc le pouvoir d'achat des ménages. 

Dans un autre registre, un euro déprécié par rapport au dollar freinera "le tourisme des Européens, surtout aux Etats-Unis", a affirmé à l'AFP William De Vijlder, économiste de la banque BNP Paribas. Comme les voyageurs ont besoin de plus d'euros pour acquitter la même somme en dollars, la facture de leur séjour augmente aux États-Unis ainsi que dans les pays dont la monnaie est arrimée au dollar, comme le Qatar ou la Jordanie.

Dans le sens inverse, les touristes américains, qataris ou jordaniens se retrouvent gagnants. Lors de leur passage en zone euro, ils peuvent consommer plus avec la même quantité de dollars en leur possession.

Pour les entreprises, des effets variables

L'effet de la baisse de l'euro face au dollar varie en fonction de la dépendance des entreprises au commerce extérieur et à l'énergie. Pour les sociétés qui exportent hors de la zone euro, "elles bénéficient de la dépréciation de l'euro car leurs prix sont plus compétitifs une fois qu'ils ont été convertis en dollars". En revanche, "les entreprises qui importent se retrouvent pénalisées", a résumé à l'AFP Philippe Mutricy, directeur des études de la banque publique Bpifrance. 

Ce sont les entreprises les plus dépendantes des matières premières et de l'énergie (et qui exportent peu) qui sont les plus exposées et voient leurs coûts exploser. Il existe toutefois des industries gagnantes de cette parité euro/dollar, en raison de leurs exportations de leurs produits. Cela concerne les industries aéronautique, automobile, du luxe et de la chimie.

Quels effets sur la croissance et la dette ?

La dépréciation de l'euro rend, en théorie, les prix davantage compétitifs hors zone euro. Elle stimule par conséquent les exportations des biens et des services européens vers l'étranger. Cela pourrait amortir l'impact sur la croissance de la hausse des prix des matières premières dans le sillage de la guerre en Ukraine, surtout dans des pays comme l'Allemagne, dont l'économie repose sur l'export.

Pour le remboursement de la dette des pays européens, les effets sont moins perceptibles. Davantage de croissance peut "faciliter le remboursement de la dette", a expliqué Isabelle Méjean à l'AFP. Sous réserve que les marchés considèrent la dette européenne comme suffisamment sûre et que les taux d'intérêt restent bas. A ce sujet, la Banque de France estimait aussi, fin mai dernier, que la faiblesse de l'euro pourrait compliquer les efforts de la Banque centrale européenne (BCE) pour maîtriser l'inflation. 
 

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