La pression a une nouvelle fois été trop forte en Bourse, exit, donc, la tentative de rebond de la matinée. En hausse de 0,93% peu après l’ouverture, le Cac 40 a rapidement fait volte-face avant d’accentuer ses pertes dans le sillage de l’ouverture de Wall Street. La nervosité domine à la veille de la décision monétaire de la Fed, qui devrait opter pour un nouveau super-resserrement de ses taux au risque d’entraîner l’économie américaine dans la récession.
Contre toute attente, la Banque de Suède a annoncé ce matin une hausse de 100 points de base de ses taux d’intérêt, geste d’une ampleur inédite en près de 30 ans. La Riksbank, qui reconnaît avoir été surprise par une inflation plus forte que prévu, s’attend à une nouvelle accélération, ce qui suggère de nouvelles hausses des taux, et fortes. Au sein de la zone euro, les prix à la production ont flambé de 45,8% sur un an en Allemagne le mois dernier, un niveau sans précédent, contre 37,2% en juillet alors que le marché espérait un ralentissement à 36,8%.
En clôture, le Cac 40 a encore lâché 1,35%, retombant cette fois sous le seuil des 6.000 points, à 5.979,47 points, dans un volume d’échanges de 3 milliards d’euros. C’est la sixième séance de baisse d’affilée pour l’indice phare (-6,59% sur la séquence). A New York, le Dow Jones perd 1,11% et le Nasdaq Composite 0,57%. Composante du S&P 500, Ford Motor chute de plus de 9% après avoir prévenu que les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement lui coûteront 1 milliard de dollars supplémentaires au troisième trimestre.
75 ou 100 points de base ?
La Réserve fédérale devrait opter demain soir pour une troisième hausse consécutive de 75 points de base du taux des Fed funds. Ils passeraient ainsi dans une marge de 3% à 3,25%, contre 2,25% à 2,5% actuellement. Un geste plus sévère n’est pas écarté. Selon les calculs de CME Group sur la base des contrats futures, la probabilité d’un resserrement d’un point de pourcentage est estimée à 18%. A New York, les rendements obligataires sont en hausse, à 3,589% pour le papier à 10 ans, des plus hauts niveaux depuis 2011, à 3,973% pour le 2 ans, un pic de fin 2007.
« La Fed n’a rien à gagner à surprendre les marchés avec une hausse plus forte qu’attendu », relativisait cependant ce matin Ipek Ozkardezkaya, analyste chez Swissquote. Partant de cette hypothèse, elle estime que l’annonce d’une hausse de 75 points de base demain constituerait « un soulagement pour le dollar et les marchés actions, dans la mesure où elle permettrait de désancrer le scénario d’un relèvement de 100 points de base ».
La Réserve fédérale dévoilera à cette même occasion ses nouvelles projections économiques, ainsi que ses estimations concernant l’évolution des taux d’intérêt, le fameux « dot plot ». Ceux-ci pourraient atteindre, voire dépasser 4% à la fin de l’année, contre 3,4% estimé en juin. « Nous pensons que les estimations suggéreront une période prolongée de taux élevés, même après que leur niveau final, que nous estimons désormais autour de 5%, contre 4% auparavant, sera atteint en début d’année prochaine », écrit John Velis, stratégiste Forex et Macro pour les Etats-Unis chez BNY Mellon. Il observe cependant que « l’histoire montre qu’une fois la dernière hausse des taux actée, ces derniers tendent à se maintenir pendant environ six mois avant de commencer à baisser ».
Air France va voler à plein
Sensibles à l’évolution des taux d’intérêt, les valeurs technologiques ont plié ce mardi. Capgemini a perdu 3,7%, Teleperformance 5,6% et Dassault Systèmes 1,9%.
Air France-KLM a, en revanche, engrangé 4,3%. Sa filiale Air France a annoncé que la totalité de sa flotte serait en activité pour la saison d’hiver 2022-2023 et que le niveau de capacités à l’échelle de l’ensemble du réseau serait proche de celui de l’hiver 2019.
La Française des Jeux (FDJ) a progressé de 1,2%. L’opérateur de jeux d’argent et de hasard a annoncé être en négociations exclusives en vue du rachat de ZEturf, deuxième opérateur du marché français des paris hippiques en ligne.
Enfin, Euronext a abandonné 3,2%. Credit Suisse a dégradé le titre de la plateforme boursière de « surperformance » à « neutre ».
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