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TF1-M6 : la télévision face à la révolution des plates-formes - Le Monde

Bonne nouvelle pour la pluralité de l’information et la concurrence sur le marché publicitaire ou occasion manquée de constituer un champion français de la télévision face à la déferlante des plates-formes américaines ? La décision de Bouygues et de Bertelsmann, les actionnaires de TF1 et de M6, rendue publique vendredi 16 septembre, de renoncer à la fusion des deux premiers groupes de télévision français, intervient à un moment crucial dans l’histoire de l’audiovisuel. Celui où la télévision, après bien d’autres secteurs économiques comme la distribution, la presse ou le cinéma, est touchée de plein fouet par la révolution numérique.

Les chaînes de télévision classiques dites « linéaires » – où un programme est regardé au moment de sa diffusion – se voient concurrencées par le visionnage à la demande de programmes proposé par les plates-formes de type Netflix et les vidéos en ligne de type YouTube.

L’échec de la fusion TF1-M6 fait suite au rapport de l’Autorité de la concurrence (ADLC) selon lequel l’opération ne serait autorisée que si la future entité se défaisait de l’une des chaînes-phares des deux groupes, soit TF1, soit M6. Une amputation dont chacune des parties estimait qu’elle viderait la fusion de son intérêt. Réunis, les deux groupes auraient occupé une position ultradominante tant sur l’audience de la télévision en France (plus de 40 %) que sur le marché publicitaire (71 %), ou sur celui de la production audiovisuelle.

A l’appui de leur demande, TF1 et M6 ont notamment fait valoir que leur part de marché publicitaire devait être appréciée sur une base plus large incluant la publicité des acteurs d’Internet, en pleine ascension, un mode de calcul qui aurait fait tomber leur part sous les 50 %.

On peut regretter que des considérations étrangères au dossier lui-même aient compté : Emmanuel Macron, en décidant, en octobre 2021, de changer la présidente de l’ADLC, soupçonnée de réticence vis-à-vis de la fusion, a pu donner l’impression de vouloir influencer cette institution, l’amenant de ce fait à se cabrer pour préserver son indépendance. Il reste que la fusion projetée aurait pesé gravement sur la diversité et la pluralité de l’information et des programmes, et donné au nouveau groupe une position dominante sans précédent sur le marché publicitaire.

Porosité des pratiques

Justifiées dans le paysage audiovisuel actuel, les conditions posées par l’Autorité de la concurrence fragilisent deux de ses acteurs centraux à un moment où leur audience s’effrite – les Français regardent en moyenne la télévision vingt minutes de moins par jour qu’il y a cinq ans – et où leur modèle économique est menacé par les plates-formes. Prétendre, comme le fait l’ADLC, que les deux usages et les deux marchés restent séparés, fait fi à la fois de la porosité des pratiques, de l’intermodalité des écrans et de l’introduction en cours de la publicité sur les grandes plates-formes américaines. Dans un paysage mouvant, les arguments opposés au mariage de TF1 et M6 risquent de se trouver rapidement obsolètes.

Pourtant, il est difficile de soutenir que le groupe né d’une fusion aurait été de taille à faire pièce aux géants américains du Web, comme Netflix et ses 220 millions d’abonnés dans le monde. L’union envisagée ne pouvait remplacer les efforts non consentis depuis des années pour se développer sur le numérique, conquérir des publics jeunes et se rapprocher d’autres acteurs étrangers. Au-delà des faiblesses françaises, l’échec de l’aventure TF1-M6 met cruellement en lumière l’absence de grandes plates-formes européennes.

Le Monde

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