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Dans quelles voitures roulera-t-on en 2040 ? Voici ce qui s'annonce au Mondial de l'auto - Edition du soir Ouest-France - 19/10/2022 - L'édition du soir

Par Jean-Marie CUNIN

Berline de luxe à l’hydrogène, SUV ou micro-citadine électrique… Les voitures vont profondément évoluer dans les prochaines années. Tour d’horizon de ces véhicules d’avenir au Mondial de l’auto, porte de Versailles à Paris, du 17 au 23 octobre 2022.

Le Mondial de l’auto 2022 à Paris, en version réduite, offre peu de « stars ​ » ​à admirer. Les yeux sont donc rivés sur les quelques nouveautés présentées, comme la berline à hydrogène d’Hopium ou la 4L de Renault revisitée façon SUV électrique. Ces voitures incarnent une certaine vision de l’automobile du futur : puissante, lourde et onéreuse. Des véhicules qui raviront certainement les plus aisés. Mais dans une logique de sobriété écologique et d’accessibilité, quand les voitures et leur usage sont toujours plus chers, elles ne représentent pas la mobilité durable d’après-demain… « Un SUV électrique, pour un usage urbain, n’a pas un bilan écologique favorable »​, souligne prudemment Pierre Aubouin, directeur du département infrastructure et mobilité de la Banque des territoires.

En effet, il ne suffit pas de rouler en voiture électrique pour effacer la dette carbone contractée lors de sa construction. Une voiture de plusieurs tonnes équipée d’une batterie puissante émet, lors de sa fabrication, bien plus de CO₂ qu’une citadine thermique.

Bridée à 45 km/h

Selon un rapport de l’Agence de maîtrise de l’énergie (Ademe) paru début octobre, un SUV avec une grosse batterie (100 kWh) devrait rouler 100 000 km (en France) avant de devenir moins émetteur de carbone qu’une voiture compacte roulant au diesel. « Avec le mix électrique moyen de l’Union européenne, encore carboné, il ne rattrape jamais le véhicule thermique, il reste plus polluant au total »​, détaille David Marchal, directeur exécutif adjoint des programmes.

Les véhicules électriques ont une dette carbone plus lourde au début de leur vie. (Photo : Ouest-France)

La voiture plus raisonnable à horizon 2040 ressemble donc à d’autres modèles exposés au Mondial : la « Bagnole ​ »​ de Kilow, la voiture urbaine solaire « Squad » ou celle de City Transformer. Ce sont des mini-voitures dites « L6e ​ »​, bridées à 45 km/h, largement suffisantes pour des usages urbains, où la vitesse maximale est de plus en plus souvent abaissée à 30 km/h.

Des véhicules au budget bien moins élevé que la Māchina d’Hopium (120 000 €) ou le SUV haut de gamme EQS de Mercedes (plus de 140 000 €). « Bonne nouvelle, les véhicules moins chers sont aussi plus pertinents d’un point de vue écologique »​, glisse Pierre Aubouin.

Une petite voiture urbaine de la marque Microlino. (Photo : Vincent MICHEL / Ouest-France)

Cette multitude de petits modèles marque Jean-Marie, un habitué du salon venu de Savoie. « On voit de très nombreux modèles de voiture urbaine, idéale pour la ville. Par rapport à la dernière édition en 2018, c’est très net. En revanche, je ne suis pas certain que le tout-électrique soit la solution. C’est trop complexe, trop polluant. »

Un avis que partagent plusieurs exposants, qui voient l’hydrogène largement concurrencer les batteries. Pour ce qui est des véhicules lourds, le match semble plié. « Un 38-tonnes électrique aurait besoin de plusieurs tonnes de batteries, souligne par exemple Pierre Aubouin. ​Plus un véhicule est lourd, plus l’hydrogène devient intéressant. »

Certains sont persuadés que l’hydrogène a toute sa place, même dans les petites voitures. « Les batteries sont polluantes, il y a le problème du temps de recharge… Ce n’est pas une solution miracle », admet Damien Clemencon, ingénieur au sein du cabinet de conseil Capgemini. Les voitures à hydrogène sont souvent rechargeables en quelques minutes, pour plusieurs centaines de kilomètres d’autonomie. « Mais pour l’instant, les piles à combustible [à hydrogène] sont très chères, et il n’y a pas de réseau de recharge » ​, reconnaît l’expert.

Réduire de 50 % le nombre de voitures

Pour limiter les émissions, une solution passe aussi par les matériaux utilisés. « La voiture du futur sera réparable, en matériaux recyclés et recyclables. Sinon, elle n’existera plus, les générations futures n’en voudront plus »​, prophétise Michel Forissier, chef de l’ingénierie et du marketing de Valeo. L’équipementier travaille aussi sur l’autonomie sans cesse accrue des véhicules. « Toutes les voitures seront autonomes de niveau 3, même sur route. » Aujourd’hui, le niveau 3 (sur 5) permet une semi-autonomie des voitures. En France, ce niveau est autorisé depuis le 1er septembre 2022 mais uniquement sur des voies sans piétons ni cyclistes, sur des voies dotées d’un séparateur central entre les sens de circulation, et à une vitesse n’excédant pas 60 km/h. « Je crois beaucoup aussi au taxi et au véhicule de livraison entièrement robotisés. » ​ Soit le niveau 5 d’autonomie.

Nos voitures dans vingt ou trente ans seront encore plus connectées à nos téléphones qu’aujourd’hui, pour « interagir avec la clim’, la localiser… Elles auront un système de mise à jour, comme un ordinateur. Par exemple, on pourra implémenter un mode de conduite économe qui n’était pas prévu »​, expose Michel Forissier.

Une petite voiture urbaine de la marque City Transformer. (Photo : Vincent MICHEL / Ouest-France)

Les changements ne seront pas que techniques, ils concerneront aussi les usages. « Aujourd’hui, nous avons un seul véhicule, qui répond mal à plusieurs usages : le trajet domicile-travail, le petit week-end à la campagne, le long trajet des vacances »​, analyse Guillaume Hauss, directeur de la R & D digitale du cabinet d’ingénierie Expleo. Son collègue Arnaud Lerond, responsable grand compte automobile, précise : « Une voiture roule 5 à 8 % de sa durée de vie. »​ En adaptant mieux nos usages, il sera possible de réduire « de 50 % le nombre de véhicules d’ici 2035, avec le même nombre de kilomètres parcourus »​.

La propriété ne sera plus forcément la norme. « La clé, ce sont les données. Elles permettent de savoir précisément où sont les besoins ​ », pointe Guillaume Hauss. Cela permet d’optimiser les systèmes de location et d’auto-partage. Une solution aussi au défi des coûts des véhicules électriques, qui ne cessent d’augmenter.

Ces données permettront aussi de choisir des options temporaires, réglées au préalable sur nos téléphones. « Votre profil dira par exemple que pendant un mois, vous souhaitez des sièges chauffants. Ce sera un service facturé, qui se désactive ensuite. »

Comment s’y retrouver entre tous ces modèles, leurs évolutions et leurs usages ? Jean-Marie se risque à une prédiction : « On nous imposera peut-être certains types de voiture. »

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