Le répit aura été de courte durée. Après quelques jours durant lesquels, grâce à un grand « reset » politique au Royaume-Uni, les investisseurs ont eu l’esprit plus apaisé pour se concentrer sur les publications trimestrielles d’entreprises, la Bourse de Paris est repartie à la baisse aujourd’hui, bien que le Cac 40 finisse loin de ses plus bas du jour, aidé en fin de séance par une légère détente sur les taux, qui ont inversé la vapeur à la suite d’un article du Wall Street Journal. Le Cac 40 clôture en repli de 0,85%, à 6.035,39 points, alors qu’il chutait de plus de 2% jusqu’à environ 16 heures. Sur la semaine, l’indice parisien progresse de 1,7%. Mardi, le Cac 40 faisait une poussée à quasiment 6.140 points, au plus haut depuis le 15 septembre, avant que la banque centrale américaine ne relève ses taux de référence de 75 points de base (pour les porter dans une fourchette de 3-3,25%) pour la troisième fois d’affilée et que le Royaume-Uni ne vienne raviver le spectre d’une crise systémique à la Lehman Brothers.
Le limogeage de l’ancien ministre britannique des Finances, son remplacement par Jeremy Hunt qui très vite a enterré les mesures fiscales non financées de son prédécesseur (celles-là même qui ont mis le feu à la poudrière et ont bien failli faire sauter la planète finance), puis, hier, la démission de Liz Truss du poste de Premier ministre laissent entrevoir un retour à une politique économique et budgétaire plus orthodoxe dans ce pays du G7. Les taux des emprunts de l’Etat britannique à 30 ans (parmi ceux qui portaient les stigmates du chaos récent, les fonds de pension ayant été contraints de vendre leurs obligations long terme pour honorer leurs appels de marge) étaient retombés à presque 3,8% hier à l’heure de la clôture des marchés européens, contre près de 5% en fin de semaine dernière et plus de 5% fin septembre, après l’annonce des « Trussonomics ». Ils remontent aujourd’hui à 4%. Sur les principaux marchés obligataires, les taux des obligations souveraines se tendent à nouveau. Ceux de la France à 10 ans, à plus de 3%, sont au plus haut depuis 2012. Aux Etats-Unis, les taux souverains de même échéance, à plus de 4,3%, reviennent aux niveaux qui étaient les leurs en 2008, pendant la crise des subprimes, avant l’effondrement de Lehman Brothers.
Des taux à plus de 5% aux Etats-Unis au printemps ?
A nouveau, l’inflation et les taux d’intérêt polarisent l’attention des investisseurs alors que les huit prochaines séances s’annoncent à haut risque. Pourquoi ? Les plus grandes centrales doivent rendre leur verdict sur leur politique monétaire au cours des deux prochaines semaines : jeudi prochain pour la Banque centrale européenne (BCE), vendredi pour la Banque du Japon (BoJ), mercredi 2 novembre pour la Réserve fédérale américaine (Fed) et jeudi 3 novembre pour la Banque d’Angleterre (BoE). Si ce n’est le cas très particulier de la BoJ, qui s’abstient toujours de relever ses taux malgré une inflation qui commence également à s’emballer au niveau local (ce qui est exceptionnel dans un pays qui a connu la déflation), toutes les autres grandes banques centrales vont à nouveau relever leurs taux directeurs. Reste à savoir de combien. Les derniers chiffres de l’inflation - que ce soit en zone euro (9,9% sur un an en septembre), au Royaume-Uni (à nouveau au-dessus de 10%) et aux Etats-Unis (à 8,2%, supérieur aux attentes, avec la mesure de la Fed d'Atlanta, qui fait le distinguo entre prix rigides qui changent lentement et prix flexibles, qui montrent la plus forte hausse depuis juin 1982) - ne laissent aucun doute sur le fait que les banques centrales vont devoir à nouveau frapper fort. Les investisseurs parient sur une nouvelle hausse des taux de 75 points de base par la BCE, la Fed et la BoE. Pour la dixième semaine d'affilée, le dollar monte face au yen, tombé au plus bas depuis 1990 face au billet vert.
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Hier, des banquiers centraux américains ont pris la parole pour la dernière fois avant le « blackout », période de silence jusqu’à la prochaine réunion de la Réserve fédérale. Et ce qu’ils ont dit n’a pas plu à la Bourse. La gouverneure Lisa Cook, pourtant réputée du camp des « colombes », a réitéré le message du patron de la Fed, Jerome Powell, selon lequel la banque centrale « poursuivra ses efforts jusqu'à ce que le travail soit terminé », et que cela « nécessitera probablement des hausses de taux continues, puis le maintien d'une politique restrictive pendant un certain temps. » De son côté, le président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, a déclaré s'attendre à ce que les taux soient « bien supérieurs » à 4% d'ici à la fin de l'année, ce qui a renforcé les attentes des investisseurs de voir les taux atteindre 4,5-4,75% en décembre (contre la tranche inférieure de 4,25-4,5% il y a encore deux semaines). Depuis hier soir, le marché de la dette est à nouveau en effervescence. Les contrats à terme sur Fed Funds ont franchi un nouveau seuil de douleur, prévoyant que les taux de référence aux Etats-Unis dépasseront 5% au printemps prochain.
Ces attentes se sont un peu détendues cet après-midi sur des informations du Wall Street Journal rapportant que certains banquiers centraux américains s’inquiètent des conséquences sur l’économie d’une remontée excessive des taux. La Fed pourrait envisager de relever ses taux de seulement 50 points de base en décembre mais souhaiterait éviter un nouvel emballement des marchés, comme en juillet, quand les investisseurs, qui n’attendent que ce moment-là, avaient cru comprendre que la fin de la hausse des taux était pour bientôt et que la Fed était même prête à pivoter sur les premiers mois de 2023.
L'inflation se fait sentir sur les ventes de L'Oréal
Sur cet article de presse, le Cac 40 s’est extirpé de ses plus bas du jour, quand bien même L’Oréal (-6% quasiment) a continué de peser fortement sur la tendance. Le géant des cosmétiques, qui a publié hier soir son chiffre d’affaires du troisième trimestre, a fait état, au total, d'une croissance supérieure aux attentes. Mais, comme tout le monde le sait, le diable est dans les détails. Les clients du groupe semblent reporter leurs achats sur les produits les moins chers en raison de l’inflation qui rogne leur pouvoir d’achat. Ce ne manquera pas d’affecter la rentabilité du groupe puisque, logiquement, les marques haut de gamme (Lancome Paris, Ralf Lauren) sont les mieux margées.
Ce sont également les inquiétudes sur la rentabilité qui ont fait décrocher Kering de plus de 3%. Là aussi, le groupe a publié un chiffre d’affaires trimestriel meilleur que prévu au global, mais les ventes de sa marque vedette, Kering, qui assure les deux tiers des bénéfices, ont augmenté moins que ce qu’anticipaient les analystes financiers.
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