Flambée des prix de l’énergie puis pénurie de carburant : la France a connu ces derniers mois d’importantes perturbations à la pompe, qui ont touché de plein fouet le porte-monnaie des ménages. Le dispositif du gouvernement pour les aider à faire face à la montée des prix de l’essence doit évoluer mercredi 15 novembre. Le Monde répond pour l’occasion aux questions que vous pouvez vous poser sur le sujet.
Pourquoi assiste-t-on à une telle ruée vers les stations-service en ce début de semaine ?
Depuis lundi 14 novembre, environ 13 % des stations-service métropolitaines sont en rupture de différents carburants et 21 % d’entre elles sont à cours d’au moins l’un d’eux. Cette ruée des automobilistes à la pompe s’explique par l’imminence de la baisse du montant des ristournes sur le prix du carburant.
La remise de 30 centimes d’euro par litre de carburant, mise en place par l’Etat depuis le 1er septembre, passera en effet à 10 centimes mercredi. Celle mise en place en parallèle par le groupe TotalEnergies dans les stations du groupe baissera, elle, de 20 à 10 centimes à la même date.
Prévue depuis le début du dispositif pour le mois de novembre, cette baisse de l’aide apportée aux ménages pour faire face à la flambée des prix a été décalée de quinze jours par le gouvernement à la suite de la pénurie de carburant qui a touché le pays le mois dernier.
Comment expliquer les écarts de prix qui peuvent exister entre stations-service ?
Parfois 5, 10, 20, 30 centimes par litre : l’écart de prix affiché d’une station-service à une autre peut être surprenant.
Cela s’explique d’abord par le fait que les gros distributeurs – tels que les stations des grandes surfaces ou des groupes pétroliers – achètent leur carburant en plus grande quantité et peuvent donc plus facilement négocier leurs marges. Cela leur permet d’afficher un prix plus compétitif à la pompe que les petites stations-service indépendantes. Ces dernières sont davantage mises en difficulté par l’envolée des prix des différents carburants, n’ayant souvent que peu de marge de manœuvre financière pour abaisser leurs coûts.
Se rajoutent à cela les conséquences de la grève dans les raffineries et les dépôts pétroliers qui a touché le territoire métropolitain au cours du mois d’octobre. Ce mouvement, qui a conduit à de grandes difficultés d’approvisionnement dans plusieurs régions, a favorisé une montée des prix des carburants en stations, du fait de leur rareté.
La situation n’est pas encore totalement revenue à la normale puisque les deux derniers sites en grève, les raffineries de Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritine) et de Feyzin (Rhône), ont mis fin à leur mouvement social les 2 et 8 novembre. Début novembre, environ 20 % des stations-service rencontraient toujours des difficultés d’approvisionnement. Mais la situation devrait revenir à la normale dans les quinze prochains jours.
Enfin, le fait que TotalEnergies ait consenti à une baisse générale des prix des différents carburants dans l’ensemble de ses 3 500 stations-service depuis début septembre est à prendre en compte pour expliquer les disparités observées entre stations.
Combien coûte à l’Etat le dispositif au total ?
Sur l’ensemble de l’année 2022, l’Etat aura dépensé plus de 7,5 milliards d’euros pour financer la remise sur le carburant, destinée à compenser l’inflation galopante à laquelle font face les ménages depuis janvier. Afin de maintenir l’équilibre des comptes publics, le ministère de l’économie cherche toutefois à réduire la facture depuis plusieurs mois.
Pour rappel, la première ristourne sur les prix du carburant financée par l’Etat a été mise en place le 1er avril dernier et s’est d’abord élevée à 18 centimes par litre. Avant de passer à 30 centimes le 1er septembre et de redescendre à 10 centimes dès le 16 novembre.
Quand prendront fin les ristournes et quel dispositif pour les remplacer ?
Les remises sur le prix du carburant mises en place par l’Etat et le groupe TotalEnergies sont en vigueur jusqu’au 31 décembre inclus. Pour réduire la voilure des dépenses publiques et mieux cibler les bénéficiaires, le gouvernement prévoit d’introduire dès janvier 2023 une aide pour les 12 millions de Français les plus modestes qui utilisent un véhicule pour aller travailler, baptisée « indemnité carburant travailleur ».
Le ministre délégué chargé des comptes publics, Gabriel Attal, a justifié lundi 14 novembre sur LCI le passage d’une aide générale à un dispositif plus ciblé en arguant qu’« on ne peut pas se payer une ristourne à vie », et en soulignant l’exception de cette aide de l’Etat français vis-à-vis de ses voisins européens.
Le dispositif ciblé a été porté dès cet été par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, à l’approche des débats sur le budget au Parlement. Si le gouvernement envisageait une entrée en vigueur dès la fin d’année, il a dû y renoncer sous la pression des oppositions, qui craignaient que les classes moyennes ne soient in fine les oubliées du dispositif. C’est pour cela que la ristourne avait été non seulement prolongée mais aussi augmentée à la rentrée.
Le nouveau dispositif d’aide pourrait entrer en vigueur à tout moment sans passer par la case Parlement, par voie de décret gouvernemental. Il devrait être détaillé « dans les prochaines semaines », a fait savoir M. Attal lundi.
Le ministre a précisé que la procédure pour en bénéficier serait « très simple » à suivre : « Il suffira de se rendre sur un site Internet, de rentrer son numéro de télédéclaration [des impôts] et son numéro de carte grise. (…) Ensuite, vous recevrez directement l’aide sur votre compte bancaire, au bout de quelques jours. » Selon le ministre, le coût de cette mesure devrait s’élever « autour d’1,5 ou 1,6 milliard d’euros ».
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