Après une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,6 % en 2022, l’année 2023 devrait être marquée par un trou d’air. La hausse du PIB va fortement décélérer à 0,3 %, selon le scénario « le plus probable » retenu pour les projections macroéconomiques des trois prochaines années publié samedi 17 décembre par la Banque de France.
Confrontée à « un choc extérieur majeur » avec la guerre en Ukraine, l’économie française « manifeste une certaine résilience » et, une fois le trou d’air de 2023 passé, « s’adaptera ensuite à cette nouvelle donne », a fait valoir le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, dans un entretien au Journal du Dimanche.
Ce tassement sera suivi d’un rebond à 1,2 % en 2024 – moins que le +1,8 % anticipé précédemment, car « l’hiver 2023-24 pourrait encore être un peu compliqué dans le contexte de la crise énergétique », selon son directeur général, Olivier Garnier. La reprise se poursuivra en 2025 avec une croissance attendue à 1,8 %. A cet horizon, le chômage, qui connaîtrait une hausse « temporaire » à plus de 8 % sur la période, commencerait à refluer.
Récession limitée et temporaire
Ces prévisions restent toutefois sujettes à une forte incertitude en raison de la grande volatilité des prix de l’énergie, des tensions géopolitiques, surtout la guerre en Ukraine, et de l’évolution de la situation sanitaire en Chine avec le Covid-19, souligne la Banque de France.
C’est pourquoi elle publie pour l’an prochain une fourchette de l’évolution du PIB comprise entre - 0,3 % et +0,8 %. Dans tous les cas, l’institution se montre plus pessimiste que le gouvernement, qui prévoit 2,7 % de croissance pour cette année et 1 % en 2023. « On n’exclut pas une récession, mais s’il y a récession, elle sera limitée et temporaire », a estimé Olivier Garnier.
S’ils vont quelque peu s’assagir, les prix du pétrole et du gaz resteront élevés et continueront à nourrir l’inflation, comme les prix de l’alimentation qui se sont emballés aussi. La hausse des prix s’élèverait à 7,3 % fin 2022 et atteindrait un pic au premier semestre 2023 (6 % sur l’année comme en 2022 en moyenne annuelle) avant de refluer à 4 % en fin d’année prochaine et de revenir aux alentours de 2 % vers fin 2024-25.
Pour mesurer l’inflation, la Banque de France utilise l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet la comparaison entre pays européens et accorde une place plus importante aux prix de l’énergie que l’indice des prix à la consommation utilisé par l’Insee et le gouvernement français.
Pour tenter de dompter la flambée des prix et atteindre la cible des 2 %, garants d’une stabilité des prix selon la Banque centrale européenne (BCE), cette dernière a affiché jeudi sa détermination à poursuivre ses hausses de taux. Elle table sur une inflation à 6,3 % l’an prochain en zone euro, plus élevée que précédemment anticipé, et une croissance abaissée à 0,5 %.
Dans ces conditions, les ménages resteront frappés au portefeuille, avec une « baisse limitée » de leur pouvoir d’achat en 2022-2023, qui repartirait à la hausse ensuite.
Surtout, les finances publiques accuseront le coup : selon la Banque de France, le déficit public resterait ainsi « élevé », de l’ordre de 5 % du PIB en 2022-23 et de 4,5 % par la suite. Le taux d’endettement public resterait à 112 % du PIB jusqu’en 2025.
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