
Après « mars rouge », voilà le « trimestre rouge ». Michel-Édouard Leclerc a été invité à réagir ce jeudi 23 février sur la perspective avancée par certains spécialistes d'une forte augmentation à venir sur les prix des produits vendus en grandes surfaces. Ce, en raison des négociations annuelles en cours entre les supermarchés et les industriels.
Ces négociations, qui doivent être conclues au plus tard le 1er mars, sont traditionnellement tendues (lire en fin d'article). Elles le sont d'autant plus dans le contexte inflationniste (énergie, transports ou matières premières) qui pèse cette année sur les marges de l'ensemble des acteurs.
Ce n'est pas mars qui sera « rouge », mais tout le deuxième trimestre
Pour le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, leader de la distribution alimentaire en France avec plus de 22% de part de marché, cela va déboucher sur des hausses de tarifs. Ces dernières vont « être répercutées jusqu'en juillet, parce qu'il faut quatre ou cinq mois » pour qu'elles redescendent dans les rayons des grandes surfaces, a expliqué Michel-Édouard Leclerc sur BFM/RMC.
Les prix ne vont donc pas grimper d'un coup en mars, mais s'étaleront sur les mois à venir. « Les consommateurs vont encore voir beaucoup de hausses », a convenu Michel-Edouard Leclerc.
« Les nouveaux tarifs s'appliquent aux nouvelles commandes. Quand il reste du stock disponible, il est à l'ancien prix », a-t-il par ailleurs précisé.
Des industriels « trop gourmands » selon les grands distributeurs
Michel-Édouard Leclerc a dénoncé, comme ses confrères de la grande distribution, les « augmentations énormes » réclamées par leurs fournisseurs agro-industriels. Il a donné comme exemple la hausse du prix du sucre qui a, selon lui, augmenté de 22% l'année précédente et pour lequel un fournisseur a demandé « 53,82% en plus de l'an dernier ».
Les industriels ont en moyenne réclamé aux supermarchés de leur acheter leur production pour 2023 de « 10% à 15% » plus cher que l'année précédente. Des hausses jugées « délirantes », à hauteur de 20%, fustigeait la semaine dernière le PDG de Carrefour. Ce mardi, c'était le président de Système U qui regrettait que « la transparence ne soit » selon lui « pas au rendez-vous des négociations du côté des industriels ».
Ces hausses demandées « sont tout sauf délirantes ! », rétorque l'Ania
« On peut être impressionné par le niveau des hausses demandées, mais chacune d'entre elles est avérée, et elles sont tout sauf délirantes ! », s'était ému la semaine dernière, Jean-Philippe André, le président de la principale organisation patronale de l'agroalimentaire français, l'Ania.
« Les matières premières sont plus chères que l'an dernier et nous avons acheté l'énergie aux tarifs actuels pour toute l'année. Nous sommes encore dans des cycles de hausses, qui n'ont pas été répercutées » dans les prix des produits vendus aux supermarchés, avait-il expliqué à l'AFP.
Mais la grande distribution assure ne pas pouvoir absorber seule ces hausses de tarifs et dit donc devoir les répercuter sur ses clients.
Environ 800 euros de plus en 2023 pour un ménage avec deux enfants
Justement, s'intéressant aux clients, le panéliste NielsenIQ, en partant de l'hypothèse d'une hausse des prix alimentaires de 15% en juin 2023 par rapport à 2021, a calculé que cette augmentation engendrerait, pour un ménage avec deux enfants, un surcoût annuel de l'ordre de 800 euros pour les mêmes achats qu'en 2021.
En 2022, ce surcoût était de 280 euros.
Réserves sur le panier anti-inflation
Michel-Édouard Leclerc s'est par ailleurs exprimé au sujet du panier anti-inflation. Pour rappel, le gouvernement planche depuis plus d'un mois sur ce dispositif qui devrait rassembler une cinquantaine de produits essentiels du quotidien « vendus au meilleur rapport qualité prix » afin de répondre à l'inflation dans les rayons des supermarchés. Le responsable d'E.Leclerc s'est dit « ouvert à tout », tout en émettant certaines réserves.
« C'est le gouvernement qui doit dire s'il veut faire un panier, si c'est crédible de faire de la pub sur 50 produits, et c'est à lui de dire s'il veut que ce soit moins cher ou juste bon », a-t-il déclaré.
Et d'ajouter :
« Mais dans la période qui est la nôtre, (...) on ne va pas faire les mariolles sur 50 articles quand 6.000 sont aujourd'hui tapés par l'inflation. »
Pour autant, la mise en place effective de ce dispositif, annoncé pour le mois de mars, n'est pas assurée. Ce lundi, Bruno Le Maire a d'ailleurs déclaré ne pas savoir si les discussions actuelles avec les distributeurs aboutiraient, ouvrant la porte à l'abandon de ce « panier ».
« J'ai fixé le 15 mars comme date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires et des prix de grande consommation de manière générale », a indiqué le ministre de l'Économie. Il a par ailleurs maintenu que « vers la mi-2023, l'inflation devrait refluer dans notre pays ». Elle était de +6% en un an en janvier en France.
Négociations 2023 sous très haute tension : seulement 54% de contrats conclus contre 80% habituellement à cette période
À une semaine de la clôture de ces négociations commerciales, seulement 54% des industriels ont signé tous leurs contrats avec leurs clients distributeurs, a indiqué ce mercredi l'Ania, principale organisation de l'industrie agroalimentaire, à l'AFP. Un taux inhabituellement bas car, d'ordinaire, à la même période, il est plutôt de 80%.
« En général, 80% des industriels ont signé à cette époque de l'année, et là, on en est encore très loin. (...) Nous sommes un peu inquiets chaque année, mais c'est rare que tant d'entreprises n'aient pas signé aussi tard », a souligné une porte-parole de l'Ania.
Pour l'Ania, « certains distributeurs vont attendre la dernière minute, jouer la montre et signer entre le 28 février et le 1er mars », date butoir de ces négociations, évoquant par ailleurs « beaucoup de menaces de déréférencement de produits » de la part des supermarchés s'ils n'obtiennent pas les prix souhaités.
Sur le sujet des négociations commerciales, « s'il y a une inquiétude à avoir cette année, c'est sur un certain nombre d'industries agroalimentaires », a de son côté estimé mercredi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Il a précisé que le gouvernement travaillait à un plan de soutien à l'industrie agroalimentaire, certaines entreprises ayant fortement puisé dans leur trésorerie en 2022 et n'étant, selon lui, pas capables de faire de même en 2023.
(avec AFP)
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