Cac 40 : Pas totalement rassurée sur les banques, la Bourse regagne quand même du terrain - BFM Bourse

(BFM Bourse) - Le CAC 40 évolue dans le vert au cours d'une séance volatile. Si le mariage arrangé entre UBS et Credit Suisse réduit le risque sur le système financier, certains détails de cette opération restent inquiétants.

La Bourse de Paris ne sait pas trop sur quel pied danser. Après avoir ouvert nettement dans le rouge, le CAC 40 évolue désormais en hausse à la mi-séance ce lundi, prenant 0,9% à 6.990,27 points, le marché décortiquant l'accord de rachat de Credit Suisse par UBS.

Ce mariage arrangé – pour ne pas dire forcé – par les autorités suisses rassure sur les risques qu'encourt l'ensemble du système financier. "Selon nous, l'acquisition de Credit Suisse par UBS élimine les risques sectoriels immédiats, mais elle soulève également des questions", souligne Jefferies.

UBS a accepté de racheter Credit Suisse, mais à prix cassé. Les 3 milliards de francs suisses consentis représentent une décote de 59% par rapport au cours de clôture de vendredi, d'où la chute de l'action Credit Suisse, ce lundi, de 60,5%. UBS, elle, perd 6,7%, car bien que l'opération se fasse à bon prix, les analystes pointent de nombreux risques (légaux, d'exécution), le fait que Credit Suisse soit en perte, et qu'UBS ait renoncé à son programme de rachats d'actions.

Les banques sous pression

De plus, cette opération se fait au détriment de certains créanciers, les porteurs d'obligations AT1, qui peuvent être converties en capital si la banque se retrouve en situation d'urgence forte. Les autorités suisses ont décidé que l'intervention du gouvernement, qui apporte des garanties à UBS dans cette opération, déclenchait une perte totale sur ces titres de dette, d'un total de 16 milliards de francs suisses. Ce qui remet en cause la hiérarchie des paiements, les actionnaires passant normalement après les créanciers dans l'ordre de remboursement.

"Cette décision est controversée étant donné que les fonds propres ordinaires - qui sont généralement considérés comme junior aux AT1 dans la structure du capital - n'ont pas été entièrement effacés", souligne Capital Economics.

"Cette décision pourrait entraîner une réévaluation du prix des AT1 et d'autres obligations de renflouement d'autres banques", poursuit Capital Economics. "Deuxièmement, l'accord pourrait faire l'objet de recours juridiques, ce qui prolongerait le processus et créerait une incertitude supplémentaire", ajoute le think tank.

Après avoir sombré dans un premier temps, les banques se sont reprises et limitent désormais leurs pertes. Société Générale abandonne 4,3% tandis que BNP Paribas perd 3,5%. A Francfort, Deutsche Bank recule de 3,6%.

Thales et le luxe se démarquent

Par ailleurs, les grandes banques centrales ont lancé dimanche soir une action concertée pour améliorer l'accès aux liquidités et tenter de rassurer les marchés. Les institutions ont décidé de renforcer les "lignes de swap", un dispositif qui facilite l'accès de banques centrales étrangères aux dollars.

"Les événements du week-end montrent que les gouvernements, les banques centrales et les régulateurs sont prêts à intervenir si nécessaire pour soutenir les banques d'importance systémique et fournir des liquidités. Nous continuons à considérer que le secteur bancaire européen est globalement sain, mais la confiance des investisseurs est difficile à prévoir", soulignent les stratégistes de marché d'UBS.

Sur les valeurs, en dehors des banques, Thales gagne 3% bénéficiant d'un relèvement de recommandation à "surpondérer" de la part de JPMorgan.

Le luxe tire encore le CAC 40, L'Oréal prenant plus de 2% tout comme Hermès et LVMH.

Sur les autres marchés, l'euro reprend 0,3% face au dollar à 1,0696 dollar. Les cours du pétrole évoluent en baisse. Le contrat sur le Brent de mer du Nord pour livraison en mai abandonne 1,8% à 71,64 dollars le baril tandis que celui d'avril sur le WTI coté à New York perd 1,9% à 65,48 dollars le baril.

Reste que l'or lui bénéficie de ce mouvement de défiance, et a dépassé ce matin la barre des 2.000 dollars l'once.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

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