
Que se passera-t-il lundi, à la réouverture des marchés financiers aux quatre coins du monde ? C’est la question qui se pose depuis la faillite vendredi de la Silicon Valley Bank (SVB), du nom de cette banque américaine, privilégiée jusque-là par les start-up, et dont la crise de liquidités a durement secoué jeudi puis vendredi les marchés boursiers et bancaires, avant même l’annonce de sa fermeture vendredi soir par les autorités.
Dans la nuit de vendredi à samedi, c’est le marché des cryptos, qui a été secoué par les soubresauts de la SVB. Quatrième crypto monnaie au monde, l’USDC, indexé sur dollar, a décroché de son ancrage, tombant jusqu’à 0,88 dollar le jeton, à cause de ventes massives. Quelques minutes plus tôt, sa maison mère, Circle, avait annoncé que 3 milliards de dollars - sur 40 milliards que constituent ses réserves - étaient bloqués au sein de la SVB. Le DAI, une autre crypto monnaie majeure, assurée en grande partie sur de l’USDC, a également décroché de sa parité avec le dollar.
Des « phénomènes de contagion »
Avant ça, la SVB avait déjà entraîné dans sa chute le secteur bancaire américain – dès jeudi, de JPMorgan Chase (-1,23 %) à Bank of America (-6,20 %), en passant par Wells Fargo (-6,18 %) et Citigroup (-4,10 %) – mais aussi asiatique et européen. À Paris, vendredi, Société Générale a perdu 4,49 %, BNP Paribas 3,82 % et Crédit agricole 2,48 %. La banque allemande Deutsche Bank a lâché 7,35 %, la britannique Barclays 4,09 % et la suisse UBS 4,53 %. « Des phénomènes de contagion classiques », relève toutefois auprès du Parisien Yamina Fourneyron, professeure de sciences économiques à l’Université de Lorraine, chercheuse a Beta, spécialiste de la régulation bancaire.
Le monde financier est maintenant dans l’expectative. Est-ce seulement une crise de liquidités ou, pire, une crise d’insolvabilité ? Dans le premier cas, la banque a l’argent de ses clients, mais il n’est pas disponible dans l’immédiat et nécessite de vendre des actifs (ce qui peut être compliqué dans le cas de retraits massifs, comme c’est le cas avec la SVB). Dans le deuxième cas, la banque n’a pas assez d’argent pour payer ses dettes et n’a pas non plus d’actifs pour en trouver. La première situation est évidemment plus enviable pour tout le monde, et notamment pour les clients, qui pourront toujours retrouver leur argent (bien que peut-être moins facilement et rapidement qu’attendu).
Des retraits limités à 250 000 dollars
Concernant la SVB, l’Agence américaine de garantie des dépôts a pris le contrôle de l’établissement et mis sur pied une garantie des dépôts permettant aux épargnants de retirer leur argent dès lundi, dans la limite de 250 000 dollars. Elle pourrait également annoncer un plan de sauvetage avant la réouverture des marchés lundi. « S’il s’agit uniquement d’une crise de liquidités, on peut imaginer une augmentation du capital afin de fournir des liquidités, observe Yamina Fourneyron. La question est qui rentrerait alors au capital ? D’autres acteurs, d’autres banques ou, en dernier ressort, le Trésor public américain. » SVB avait bien levé jeudi 2,25 milliards de dollars de fonds pour se renflouer, mais sans regagner la confiance de ses clients qui avaient continué de retirer massivement leur argent.
À court terme, les difficultés portent avant tout sur les clients de SVB qui voient leur argent bloqué. L’AFP a ainsi rencontré, devant les locaux de la banque, vendredi, le patron d’une start-up qui a ses comptes chez SVB pour payer ses salariés. Les clients de SVB, entreprises de la tech pour la plupart, ont d’autant plus besoin de leur argent que le relèvement des taux d’intérêt rend plus coûteux l’accès au crédit et donc le besoin de cash est d’autant plus nécessaire, relève également Yamina Fourneyron. Les entreprises de la tech, qui avaient d’ailleurs commencé à sortir leur argent, sont donc les premières à souffrir de la situation.
Quelles conséquences sur les autres banques ?
Si les banques ont tremblé en Bourse, les conséquences ne pourraient être que légères, si on se dirige effectivement vers un sauvetage de la banque. Preuve en est le léger mieux vendredi aux États-Unis du secteur bancaire : JPMorgan Chase a pris 2,54 % tandis que Bank of America et Citigroup ont perdu moins de 1 %. L’impact sur les banques de la situation « dépend de leur exposition sur SVB et les entreprises de la tech », explique Yamina Fourneyron. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a d’ailleurs estimé vendredi que le secteur bancaire restait « résilient ». L’ouverture des marchés financiers, lundi, donnera sans doute des indices sur la gravité de la crise.
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